Bon nombre de clients sont conscients de la valeur des conseils qu’ils reçoivent. Toutefois, les professionnels du métier estiment qu’il y a de fortes chances que, prochainement, ces conseils se donneront autrement.
Devant l’évolution constante de la technologie et à l’augmentation attendue de 68 % de la population canadienne de 65 ans ou plus, au cours des 20 années prochaines, les intervenants qui se sont exprimés à la Conférence annuelle de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) ont prédit que la façon dont se donnent les conseils financiers allait être modifiée.
Miser sur la technologie
Selon Susan Silma, chef, pratiques commerciales en matière de risques et de réglementation à Distribution Financière Sun Life (Canada) inc., on continuera de donner des conseils à court terme, mais la façon de faire sera beaucoup plus proactive. Elle estime que l’on misera davantage sur la technologie qu’actuellement pour anticiper les besoins et les attentes des clients aux différentes étapes de leur vie. Elle précise également que les personnes qui valorisent le plus l’accès aux conseils sont généralement celles qui sont plus avancées en âge et qui possèdent davantage d’actifs.
Tim Prescott, vice-président principal et chef de la gestion d’actifs de Patrimoine Aviso, croit lui aussi que l’expérience entre l’investisseur et le conseiller va délaisser le produit, pour miser sur la façon dont les conseils seront donnés tout au long de la vie du client.
« Le grand défi de notre industrie consistera à s’assurer de tenir compte également de toutes les autres considérations et de la réalité démographique, avertit Susan Silma. Par exemple, je ne crois pas que mes enfants aimeraient qu’on les conseille de la même façon que l’on conseillerait ma mère. »
Toutefois, si l’investisseur moyen vieillit, les conseillers font de même, signale Michael Walker, vice-président et chef, distribution de fonds communs de placement et planification financière à la Banque Royale du Canada (RBC).
Une combinaison d’humain et de numérique
« Il faudra voir comment cette cohabitation de l’humain et du numérique fonctionnera, mentionne-t-il. J’ai l’impression que la progression du numérique va nous permettre de conseiller davantage de Canadiens et de Canadiennes et que nous ne ferons probablement intervenir l’humain que lorsque cette composante changera la donne. »
La désaccumulation des actifs jouera également un rôle important lorsque les baby-boomers et les membres de la génération X passeront à la retraite et devront puiser dans leurs fonds pour payer leurs factures.
Il faudra créer de nouvelles stratégies, car les investisseurs s’intéressent de plus en plus à des questions concernant l’impôt et la meilleure façon de diriger leurs avoirs vers la génération qui les suit, fait remarquer Michael Walker.
Il croit également que l’industrie trouvera nécessaire de miser sur un plus grand professionnalisme, la barre étant placée encore plus haut en matière de certifications.
Par exemple, de nombreux conseillers s’intéressent aux investissements rendus possibles par les fonds ESG. Les détenteurs de ces fonds sont généralement des investisseurs individuels, des fonds de dotation, des fondations et des familles dont l’horizon de placement est à long terme, explique Kelly Gauthier, présidente de la firme torontoise Rally Assets.
Un environnement axé sur le rendement
Karrie Van Belle, chef du marketing et de l’innovation à Placements AGF, fait pour sa part remarquer que, même si les personnes préoccupées par les questions liées par exemple aux changements climatiques sont nombreuses, « nous continuons d’évaluer dans un environnement axé sur le rendement, et ce, à tort ou à raison ».
Selon le sondage annuel compilé par l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) et Pollara Strategic Insights, environ un quart des investisseurs détiennent actuellement des investissements responsables, et une majorité de ceux qui n’en ont pas se disent disposés à en intégrer à leur portefeuille.
Le sondage indique également que huit personnes sur dix qui investissent dans des fonds communs de placement disent que les conseils reçus valent les frais payés et qu’elles ne voudraient pas s’occuper elles-mêmes de leurs placements ; voilà qui représente une augmentation par rapport à l’an dernier. Du côté des fonds négociés en Bourse, sept investisseurs sur dix ne voudraient pas s’occuper eux-mêmes de leurs placements, ce qui constitue une augmentation de sept points.
En outre, 80 % des personnes qui investissent dans des fonds communs de placement et 73 % de celles qui investissent dans des FNB estiment obtenir un meilleur rendement de leurs placements grâce à leur conseiller financier.
De même, 84 % des investisseurs dans des fonds communs de placement et 78 % des investisseurs dans des FNB ont davantage l’impression qu’ils atteindront leurs objectifs de placement en faisant appel à un conseiller financier.
Du côté des investisseurs en fonds communs de placement, la confiance que le produit aidera à atteindre les objectifs financiers est de 88 %, et elle grimpe à 91 % du côté des investisseurs en FNB.
Les investisseurs en FNB et en fonds communs de placement affirment que l’inflation a eu des répercussions sur leurs placements, la moitié d’entre eux déclarant qu’ils investissent moins que d’habitude.