Malgré l’ampleur de la crise découlant de la pandémie de la COVID-19, le Québec s’en tire plutôt bien, juge le comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois.

Le regroupement d’économistes a réagi à la mise à jour financière du ministre des Finances Éric Girard, le 19 juin. L’Association a d’ailleurs salué la transparence du ministre à cet égard, qui anticipe un déficit de près de 15 milliards de dollars (G$).

Selon ces économistes, cette transparence est nécessaire pour permettre aux Québécois d’aborder l’avenir avec confiance. « Il est primordial pour les experts et la population de bien saisir la situation actuelle pour mieux attaquer la pente qu’il faudra remonter au cours des prochains mois et années, et ce, même si tous sont conscients qu’une grande incertitude règne quant à l’évolution future de la pandémie », peut-on lire dans sa note destinée aux médias, et dont le Portail de l’assurance a obtenu copie.

Le comité des politiques publiques ajoute que l’information partagée est d’autant plus rassurante considérant que le retour à l’équilibre budgétaire se fera sur cinq ans, sans hausse du fardeau fiscal ou au détriment des services publics. « En somme, le gouvernement profite aujourd’hui de l’excellente position financière dont bénéficiait le Québec avant la pandémie. L’information transmise aujourd’hui établit une nouvelle base de planification qui servira à évaluer l'évolution de la situation dans les prochains mois et les actions futures à mettre en place », indique l’Association.

Une baisse du PIB jugée réaliste avec une croissance ambitieuse

Pour l’Association, la baisse prévue du PIB réel de 6,5 % (-4 % en nominal) semble réaliste, compte tenu des circonstances. Une croissance de 6 % du PIB réel en 2021 fait croire au ministre qu’il pourrait revenir au PIB de décembre 2019, à la fin de 2021. Par la suite, la croissance économique devrait atteindre 2 % par année, permettant de revenir à l’équilibre budgétaire dans cinq ans.

« Cette cible nous paraît très ambitieuse, affirme l’Association. Il faudra voir les actions qui seront mises en place pour atteindre ces objectifs et les effets de facteurs exogènes liés à la pandémie avant de porter un jugement plus éclairé sur ces hypothèses. »

L’Association fait remarquer que le ministre Girard présente un budget équilibré pour 2020-2021, après versement au Fonds des générations. Ce qui lui fait dire que le Québec s’en tire bien compte tenu de la situation.

« Le gouvernement utilise l’ensemble de la réserve de stabilisation, mais il se garde une provision pour risques économiques et autres mesures de soutien et de relance de l’ordre de 4 milliards de dollars, décortique l’Association. On sait toutefois que le plus difficile reste à venir et l’objectif d’une croissance économique réelle de 2 % à moyen terme reste un grand défi. »

Un questionnement

L’Association mentionne aussi que le gouvernement a investi 6,3 G$ pour gérer la crise sanitaire et soutenir l’économie, provoquant une hausse des dépenses de portefeuille de 11,4 %. « Toutefois, le gouvernement profite largement d’éléments positifs pour l’aider à traverser la crise. Par exemple, les transferts fédéraux seront 4,1 G$ de plus que ceux prévus pour 2020-2021. Le portrait financier de l’exercice 2019-2020 a aussi été meilleur qu’anticipé, ce qui a permis au gouvernement d’ajouter plus de 1 G$ supplémentaire à la réserve de stabilisation », analyse le groupe d’économistes.

Quant au ratio dette brute/PIB, il devrait atteindre 50,4 % au 31 mars 2021. « On se questionne sur l’atteinte des cibles prévues par la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations pour le 31 mars 2026. Toutefois, le CPP est heureux de voir que le ministre ne remet pas nécessairement en cause l’atteinte de ces cibles. Il faudra toutefois attendre le Point sur la situation économique du Québec de l’automne prochain pour connaitre le plan quinquennal du ministre pour respecter ces cibles », conclut l’Association.