En entretien avec l’analyste Mario Mendonca, de Valeur Mobilières TD, lors du sommet TD Financial Services & Fintech Summit) le 6 juin 2024, Denis Ricard a dû de nouveau s’expliquer sur la baisse du bénéfice net de 14 % qu’a essuyée iA Groupe financier au premier trimestre de 2024. Le président et chef de la direction de l’assureur de Québec s’est dit satisfait du premier trimestre, « en général ».
Des indicateurs clés de la compagnie ont été favorables selon lui, dont la valeur comptable qui s’est accrue de 8,3 %, d’année en année au premier trimestre. Le PDG d’iA est aussi revenu sur le bénéfice net par action ordinaire (BPA) dilué tiré des activités de base, qui a augmenté de 17 % au terme de la même période.
Or, M. Ricard a surtout insisté sur la capacité qu’a iA Groupe financier de générer du capital par voie organique. Le PDG d’iA estime que c’est la clé, et a rappelé les 130 M$ de capital organique généré au premier trimestre, ce qui augure bien pour la cible de 600 M$ qu’il s’est fixée en 2024. Le capital en excédent de la compagnie se situe actuellement est passé d’environ 300 millions de dollars à 1,5 milliard de dollars en raison la mise en œuvre de la norme comptable des contrats d’assurance IFRS 17.
« Dans nos réserves, il y avait certaines marges qui n’étaient pas reconnues sous l’ancien régime, explique Denis Ricard. Nous avions une marge supplémentaire dans nos réserves qui n’était jamais reconnue dans le capital. Tout d’un coup, avec IFRS 17, nous ne pouvions plus garder cette marge supplémentaire, elle devait être libérée. » En plus des acquisitions complémentaires, la compagnie a également augmenté son dividende de plus de 20 % au cours de la dernière année, a-t-il ajouté.
Nous sommes une entreprise de distribution
« La croissance est très, très importante », a lancé Denis Ricard, lors de son entretien avec M. Mendonca. « Nous avons observé un fort momentum des ventes », a-t-il dit en mentionnant une augmentation de 11 % de son capital sous administration et sous gestion, ainsi qu’une augmentation de 8 % des primes et des dépôts au premier trimestre de 2024, comparativement au premier trimestre de 2023.
M. Ricard dit que l’accent mis par la compagnie sur l’assurance individuelle demeure essentiel pour iA. « Cela a toujours été notre moteur de rentabilité », dit-il à propos des ventes de la division canadienne en assurance individuelle. « L’assurance individuelle est vraiment au cœur de notre métier. Nous sommes numéro un en nombre de polices », dit-il. Le PDG d’iA attribue sa part de 27 % du marché canadien à sa concentration dans le marché de masse des petites polices d’assurance, au développement d’outils numériques et à l’attention particulière que porte l’assureur à la distribution.
« Nous sommes une entreprise de distribution. Nous avons des relations avec tout le spectre des distributeurs », dit-il, incluant les agents captifs et les agents indépendants, dont l’agent général PPI que possède iA. « Vous n’avez pas besoin d’être numéro un dans les prix lorsque vous vendez de plus petites polices, car c’est vraiment la relation avec les distributeurs qui est clé », ajoute-t-il.
Les taux ne troublent pas son sommeil
Mario Mendonca a demandé à Denis Ricard ce que signifiera pour iA la baisse du taux directeur de 0,25 % annoncé par la Banque du Canada le 5 juin. Le taux est alors passé de 5 % à 4,75 %, une première baisse en quatre ans. Des économistes s’attendent à ce qu’il y en ait quatre autres d’ici la fin de l’année, dont une en juillet.
« Je dors très bien lorsque je regarde le mouvement des taux d’intérêt. Ce sont les taux à long terme qui sont importants pour moi. Le changement du taux directeur ne signifie pas grand-chose. C’est un petit changement dans les taux d’intérêt à court terme. »
Le PDG d’iA reconnaît que la baisse des taux peut exercer une certaine pression sur la rentabilité des produits d’investissements, mais ajoute qu’une baisse de 0,25 % ne fera pas une grande différence.
En revanche, M. Ricard estime que la baisse des taux à court terme pourrait donner un coup de pouce à ses activités de services aux concessionnaires, dont l’assurance crédit.
Un beau problème
« Nous avons un beau problème ; nous avons trop de capital. Répartir ce capital est ma priorité », a affirmé son PDG à propos des capitaux de 1,5 G$, dont iA Groupe financier dispose pour racheter des actions ou procéder à des acquisitions. Encore là, il dit qu’il sera guidé par la croissance organique de toutes ses lignes d’affaires.
Cette priorité de répartition inclut le capital alloué régulièrement à des investissements en technologies, ajoute M. Ricard, parce qu’éventuellement, ils produisent des synergies et des revenus additionnels.
En second lieu viendront les acquisitions. À ce jour, les acquisitions réalisées par iA Groupe Financier ont été loin d’accaparer les 600 M$ qu’il génère annuellement. Denis Ricard rappelle celle de Vericity, réalisée par sa filiale iA American Holdings. Annoncée le 3 octobre 2023, la transaction a coûté 170 millions de dollars américains (soit 234 M$ canadiens en dollars d’aujourd’hui). Vericity dessert le marché intermédiaire de l’assurance vie et exploite aussi une agence numérique.
Denis Ricard dit que des discussions sont en cours sur d’éventuelles cibles d’acquisitions. « Nous recherchons des acquisitions de plus grande taille. Nous en regardons plusieurs », mentionne le PDG d’iA Groupe financier.
Article écrit avec la collaboration de Kate McCaffery.