Le troisième trimestre 2021 a laissé le souvenir de bons rendements, notamment chez les caisses de retraite. Mais l’optimisme sera confronté à des craintes telles que l’inflation, la pénurie d’emploi et les ruptures de stock en 2022.

Le troisième trimestre a été solide, selon des données de CIBC Mellon. Basé sur une valeur d’investissement de 309,3 milliards de dollars (G$) en régimes d’investissement canadiens, l’univers BNY Mellon Canadian Master Trust Universe a connu une progression de 0,77 % au troisième trimestre de 2021. Au 30 septembre 2021, le rendement médian sur un an de cet indice des régimes s’est établi à 11,98 %, alors que le rendement médian annualisé sur 10 ans a été de 9,36 %. 

BNY Mellon a rappelé que le gain du troisième trimestre de 2021 en fait le sixième rendement trimestriel médian positif d’affilé depuis la réaction à la pandémie du premier trimestre de 2020.

Des résultats qui surviennent malgré les perturbations du marché, ajoute BNY Mellon. « Le rendement des promoteurs de régime canadien demeure solide malgré le ralentissement des marchés boursiers, en particulier des actions des marchés émergents, tandis que la hausse des taux de rendement a entraîné un rendement négatif sur les marchés obligataires », a déclaré Catherine Thrasher, chef de solutions stratégiques pour les clients et des solutions de risque mondial, CIBC Mellon et BNY Mellon. 

Signes encourageants… 

Des données encourageantes apparaissent aussi au quatrième trimestre. Le Canada a gagné 154 000 emplois en novembre 2021, selon un article publié sur le site du Conference Board of Canada. L’organisme de recherche indépendant signale que le taux de chômage a chuté pour un sixième mois consécutif en novembre, s’établissant à 6,0 %.

Les entreprises canadiennes sont confiantes, révèle pour sa part un sondage de la Banque de développement du Canada (BDC) publié le 8 décembre 2021. Selon le sondage de BDC, 84 % des entreprises prévoient investir au même niveau ou davantage au cours des 12 prochains mois. Cette proportion a augmenté d'un point de pourcentage depuis le printemps 2021 et de huit points depuis décembre 2020, précise BDC.

Le sondage de BDC révèle en outre que 74 % des entreprises s'attendent à ce que la situation économique canadienne s'améliore ou demeure la même. Il ajoute que 83 % des entreprises s’attendent à ce que leurs ventes augmentent ou demeurent inchangées. Les entreprises d'hébergement et de services de restauration se montrent les plus optimistes, dit BDC dans son communiqué. 

« Les résultats montrent que les propriétaires de petites et moyennes entreprises (PME) ont une grande confiance dans l'économie, que le niveau des intentions d'investissement est supérieur à ce qu'il était avant la crise et qu'une PME sur cinq prévoit augmenter ses investissements en 2022 », a indiqué Pierre Cléroux, vice-président, Recherche et économiste en chef de BDC. 

… Et vents contraires 

En revanche, le sondage de BDC révèle que 55 % des entreprises éprouvent des difficultés à embaucher du personnel qualifié. Il s’agit de la plus forte proportion depuis le début de ses sondages annuels de BDC en 2019. 

« Grâce à la vaccination, la peur de nouveaux confinements est moins significative et les entreprises sont assez optimistes pour 2022. Toutefois, la pénurie persistante de main-d'œuvre et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement liées à la réouverture limiteront les investissements », a ajouté M. Cléroux.

Dans son article sur l’emploi, le Conference Board du Canada signale de son côté que la croissance anémique des salaires alimente encore plus la pénurie de main-d’œuvre que ne le faisait la prestation canadienne de la relance économique (PCRE). Selon l’organisme de recherche, c’est particulièrement le cas dans le secteur des services à faible salaire. Le gouvernement fédéral a mis fin à la PCRE le 23 octobre 2021.

Le Conference Board croit aussi que le télétravail pourrait continuer de peser sur des secteurs tels que le personnel de soutien des édifices, l’hôtellerie et le commerce au détail dans les grands centres urbains. Il constate que malgré la levée des mesures de santé publique, environ 4,2 millions de Canadiens travaillaient encore à distance en novembre 2021. Il s’agit d’une baisse de seulement 400 000 par rapport à novembre 2020. 

L’inflation est plus qu’un spectre 

Dans un autre article qu’il a publié le 8 décembre, le Conference Board rappelle que la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 0,25 %. La Banque du Canada prévoit que l’inflation demeurera élevée en première moitié de 2022, avant de retomber à 2,0 % dans la seconde moitié de l’année, selon l’organisme de recherche.

« La Banque maintiendra le taux directeur à sa limite inférieure effective jusqu'à ce que le ralentissement économique se résorbe, et que l'objectif d'inflation de 2,0 % soit atteint de manière durable », rapporte le Conference Board dans son article. Il ajoute que selon les dernières projections de la Banque, la première hausse des taux d'intérêt ne devrait pas survenir avant les trimestres de milieu d'année 2022. 

D’après les statistiques publiées par la Banque du Canada sur son site, le taux d’inflation selon l’indice global des prix à la consommation s’est établi à 4,7 % au 1er octobre 2021, comparativement à 0,7 % un an plus tôt. On doit remonter au 1er février 2003 pour retrouver un tel sommet. 

Augmentation de la volatilité 

Michael Greenberg

Lors d’un webinaire diffusé le 9 décembre 2021, Placements Franklin Templeton a livré ses perspectives de placement mondiales pour 2022. Premier vice-président et gestionnaire de portefeuille, Franklin Templeton Investment SolutionsMichael Greenberg a de plus partagé sa perspective des marchés financiers des 10 prochaines années. Il s’est penché sur des tendances telles que l’inflation, les taux d’intérêt et la valorisation de différents actifs pour les établir sur une base annuelle. M. Goldberg dit observer les valorisations de 46 catégories d’actifs pour établir ces perspectives de rendement ajusté au risque. 

« Dans les sept à 10 prochaines années, nous nous attendons à une croissance économique et un taux d’inflation mondiale d’à peu près 3 %, cela représente une légère hausse par rapport au taux d’inflation que nous avions prévu l’an passé », révèle M. Goldberg. « C’est un assez bon environnement pour les actifs risqués, mais il y aura probablement une augmentation de la volatilité, liée aux taux d’intérêt qui augmenteront dans les trois prochaines années », ajoute-t-il.

Rendement plus élevé au Canada 

Michael Greenberg s’attend à des rendements un peu plus élevés des actions canadiennes par rapport aux actions américaines, mais aussi à une volatilité plus élevée. Alors que les actions canadiennes ont sous-performé ces dernières années, leur valorisation est plus intéressante aujourd’hui par rapport aux actions américaines, explique le gestionnaire. Il dit voir un environnement propice à une répartition d’actifs en actions canadiennes et étrangères, ainsi que dans les obligations d’entreprise.

L’inflation demeurera selon lui un important moteur de volatilité dans les prochaines années. Il rappelle que le taux d’inflation aux États-Unis a atteint un sommet en 30 ans en octobre 2021, soit 6,2 %. « L’effet de la COVID-19 sur l’offre et la demande de biens durables, les services et produits de base ainsi que les emplois a un très grand impact sur l’inflation », dit M. Greenberg. 

En ce qui touche l’offre, le gestionnaire rappelle que la COVID-19 a forcé la fermeture d’usines et perturbé les chaînes d’approvisionnement. En revanche, la demande des biens a rebondi très vite. « Cela a créé des déséquilibres dans le prix de biens tels que les puces semi-conductrices, les appareils ménagers, les automobiles et les matériaux de construction », dit-il.

Les fournisseurs s’attendent selon M. Greenberg à être plus lents à livrer leurs biens au marché. Il croit qu’il faudra quelques trimestres avant que cette situation ne se résorbe. Elle continuera ainsi de peser sur le taux d’inflation, croit-il.