L’indice des régimes de retraite de WTW a terminé le premier trimestre de 2024 à 100,7. Après avoir commencé l’année à 95,6, l’indice connaît ainsi une augmentation de 5,4 %, selon Indicateurs financiers de la retraite – Premier trimestre de 2024, bulletin Web de WTW publié le 13 mai 2024.

Les indices qui confirment l’excellente situation financière des régimes se multiplient. Le 3 avril 2024, le Portail de l’assurance révélait que le ratio de solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées a terminé le premier trimestre de 2024 en force. L’indice d’Aon a affiché un ratio de financement des régimes de 105,1 % à la fin du premier trimestre, en hausse de 2,9 %. Celui de Mercer a affiché un ratio de solvabilité médian des régimes de 118 % à la fin de cette période, comparativement à 116 % trois mois plus tôt. 

Pour sa part, WTW attribue l’augmentation de son indice au premier trimestre à l’effet combiné d’une diminution des mesures du passif comptable et du rendement des placements. 

Retour à 2001 

À la fin de mars 2024, l’Indice des régimes de retraite de WTW a dépassé les 100 points pour une première fois en plus de 23 ans. Il n’avait pas réussi cet exploit depuis janvier 2001, grâce à une marque de 102,4. 

L’indice de WTW donne le ratio entre la valeur marchande de l’actif et les engagements comptables du régime de référence. WTW précise que son indice porte sur l’évolution relative de l’actif et du passif d’un régime de retraite canadien hypothétique de référence, selon une répartition de l’actif de 50 % en actions et 50 % en titres à revenu fixe. L’indice reflète aussi un régime au profil d’engagements typique. Les engagements sont calculés selon un taux d’actualisation fondé sur le taux de rendement des obligations de sociétés de qualité supérieure. 

En guise de note aux lecteurs, les auteurs du bulletin expliquent que l’indice vise à fournir un indicateur général de l’incidence que peuvent avoir les marchés financiers sur le provisionnement des régimes, plutôt que de présenter un taux de provisionnement moyen.

Trajectoire d’une baisse 

Les taux d’intérêt élevés ont aidé les promoteurs de régimes à prestations déterminées à s’offrir des stratégies de gestion des risques, telles que l’achat de rentes collectives. Dans son bulletin, WTW rappelle que la Banque du Canada a maintenu son taux directeur du financement à un jour à 5,0 % pendant tout le premier trimestre de 2024. Elle a de nouveau confirmé le maintien de son taux le 10 avril. « Elle demeure déterminée à poursuivre sa stratégie de resserrement quantitatif », écrivent les auteurs du bulletin de WTW.

Mesure privilégiée par la Banque, l’inflation fondamentale a toutefois ralenti pour s’établir à un peu plus de 3 %, note WTW. L’inflation fondamentale permet d’exclure la volatilité qu’entraînent les variations de prix extrêmes. Elle repose sur deux mesures : IPC-tronq, qui tronque les variations extrêmes de prix (variations de 20 % inférieures et de 20 % supérieures), et IPC-méd qui correspond à la variation de prix se situant au 50e centile de la distribution des variations de prix au cours d’un mois donné. 

« La Banque prévoit que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) avoisinera les 3 % au premier semestre de 2024, reculant ainsi à moins de 2,5 % au cours de la dernière partie de l’année, pour finalement atteindre sa cible de 2 % d’ici 2025 », peut-on lire dans le bulletin de WTW.

Dilemme pour la BdC 

Les baisses de taux n’en sont pas assurées pour autant. Les auteurs du bulletin constatent que la Banque du Canada fait face au défi de la hausse des coûts du logement. Ils précisent que ces coûts ont représenté plus de 60 % de l’inflation globale. « Cet enjeu persistant, alimenté par la croissance des loyers et du coût de l’intérêt hypothécaire, nuit à la capacité de la Banque d’abaisser les taux », soulèvent-ils.

WTW remarque que l’inflation se situe autour de 1,5 % lorsque l’on exclut les coûts liés au logement. Son bulletin souligne que la politique monétaire de la Banque a permis de réaliser des progrès, mais que la rareté de l’offre de logements soulève un dilemme. « Si les taux devaient être réduits, les nouveaux acheteurs (d’une propriété) pourraient faire augmenter encore davantage les prix, alors que le maintien des taux présenterait un risque d’inflation continue des loyers et des versements hypothécaires », écrivent les auteurs.

WTW affirme que le marché attend avec impatience la prochaine annonce du taux directeur de la Banque en juin, et table sur sa baisse. « Toutefois, la Banque a insisté sur la nécessité d’avoir des preuves soutenues de la tendance à la baisse de l’inflation avant d’envisager une telle mesure », ajoute le consultant dans son bulletin. 

Les 7 moins magnifiques 

Du côté des rendements boursiers, WTW souligne que les marchés mondiaux ont poursuivi leur lancée amorcée à la fin de 2023. « Les États-Unis ont mené la charge avec des rendements positifs impressionnants légèrement supérieurs à 10 %. Pendant tout le trimestre, les marchés boursiers ont maintenu une tendance à la hausse soutenue, affichant chaque mois des gains positifs », peut-on lire dans son bulletin.  

Contrairement à 2023 où ils ont dominé le mouvement du marché, les « sept magnifiques » ont été moins flamboyants au premier trimestre de 2024, selon l’analyse qu’en fait WTW. Il en ressort que des sept sociétés technologiques à mégacapitalisation, seules quatre ont vu leurs actions produire un rendement supérieur à celui de l’indice S&P 500 pendant le premier trimestre de l’année. Le groupe des sept magnifiques se compose d’Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla

WTW rapporte que les actions canadiennes ont affiché un rendement de 6,6 %. En devises locales, il s’agit d’un rendement inférieur à celui des actions américaines (10,6 %) et à celui des actions internationales (10,0 %), compare le consultant dans son bulletin. « Ce rendement inférieur peut être attribué à la répartition relativement faible des actions canadiennes dans les secteurs qui ont affiché un rendement élevé, notamment les soins de santé (18,0 %), et à sa répartition plus élevée dans les secteurs qui ont généré des rendements plus modestes, comme les services financiers et les matériaux », peut-on lire.