Inflation encore élevée, taux d’intérêt à des niveaux jamais vus depuis 2007, le tout avec pour toile de fond des marchés financiers volatils : si bon nombre des participants à des régimes de capitalisation ont de quoi s’inquiéter et envisagent de réduire leur taux de cotisation, la Sun Life du Canada se veut rassurante et y va de ses conseils pour permettre à tout un chacun d’avoir une retraite à la hauteur de ses attentes.
Dans un récent dossier de réflexion intitulé Régimes de capitalisation : faire face à l’inflation, publié en mars 2023 à l’intention des promoteurs de régimes de retraite, la compagnie d’assurance vie Sun Life établit que les participants des régimes « maintiennent leur taux de cotisation » et qu’ils ont sensiblement conservé le même volume d’opérations dans leurs comptes. Ce sont les conclusions qu’elle tire d’une analyse des données de ses clients des régimes collectifs de retraite.
Elle juge donc que les « régimes de capitalisation semblent être en bonne position pour résister aux pressions inflationnistes. » L’expression « régimes de capitalisation » englobe les régimes de retraite à cotisations déterminées, les REER collectifs, les REEE ainsi que les régimes de participation différée aux bénéfices.
Du côté des marchés boursiers, « de nombreux participants ont profité de l’exposition de leur régime de capitalisation aux actions », fait valoir Sun Life. La croyance voulant que les hausses de taux nuisent au rendement des actions doit être nuancée, explique la société. L’augmentation des prix, rappelle-t-elle, est de nature à accroître les bénéfices dans certains secteurs de l’économie, la hausse des salaires ne suivant pas le même rythme que l’inflation.
« Même si les sociétés cotées paient plus cher leurs matières premières, le delta entre les revenus et les augmentations de salaire est souvent suffisant pour que les actionnaires en profitent », évalue-t-elle. La société note toutefois que « si les taux d’intérêt restent à leurs niveaux actuels longtemps, les participants très endettés (prêt hypothécaire et autres dettes) risquent de voir leur situation financière se détériorer. Et ils seront encore plus vulnérables si l’inflation reste aussi élevée. »
Par ailleurs, Statistique Canada établit que la moyenne des Canadiens vit au-dessus de ses moyens, comme en faisait état le Portail de l’assurance en début d’année.
« Les participants actifs des régimes auront plus de difficulté à épargner pour l’avenir, ce qui pourrait compromettre leurs plans de retraite », avance la Sun Life. Quant à ceux qui sont déjà à la retraite, elle estime que l’inflation encore élevée et des coûts d’emprunt supérieurs, au moment où ils auront à renouveler certains prêts, pourraient les obliger à ajuster à la hausse les retraits qu’ils effectuent pour conserver leur train de vie. Certains contribuables pourraient même avoir épuisé leurs économies de retraite plus tôt que prévu et devoir vivre alors selon un niveau de vie en deçà de celui escompté.
Nouvelles approches de gestion
Si l’inflation actuelle persiste, « certaines approches conventionnelles en matière d’accumulation et de décaissement sont appelées à évoluer », suggère la Sun Life. Son dossier de réflexion comporte plusieurs pistes que les promoteurs de régimes (employeurs, syndicats, associations professionnelles, etc.) peuvent suggérer aux participants pour permettre à ceux-ci de naviguer dans cette nouvelle réalité économique et pouvoir jouir d’une retraite conforme au plan financier.
Tout est dans la date
L’assureur est d’avis que les fonds axés sur une date d’échéance sont « avantageux pour les participants grâce à leurs actifs de croissance (actions) et à leurs actifs réels (immobiliers et infrastructures), qui peuvent fournir une protection naturelle contre l’inflation. »
« Les gens ont toujours besoin d’un endroit où habiter et travailler, et ils continuent d’utiliser les infrastructures, rappelle Sun Life. Certains de ces actifs performent bien quand l’inflation augmente parce que leurs revenus augmentent avec le coût de la vie. »
Mais attention : comme la composition de ces fonds varie en fonction de leur date d’échéance, il faut s’assurer de choisir le véhicule approprié. Un fonds venant à échéance en 2035 a une composition plus prudente (davantage de titres à revenu fixe, de liquidités et de titres du marché monétaire) qu’un « fonds 2060 » qui, par exemple, accorde une plus grande place aux actifs plus sujets aux fluctuations boursières (actions canadiennes et étrangères).
Les rentes : à envisager de nouveau
Les faibles taux d’intérêt des dernières décennies rendaient peu attrayant l’achat d’une rente comme outil dans le cadre d’une stratégie de décaissement. La donne a changé depuis les tours de vis de la Banque du Canada.
« Plus les taux d’intérêt augmentent, plus le rendement des rentes […] s’améliore », écrit Sun Life dans son dossier de réflexion. Elle suggère aux conseillers d’inclure cette option dans l’éventail des stratégies proposées aux participants qui sont à l’aube du grand jour de la retraite.
Une rente indexée sur l’inflation ? C’est envisageable, même si une telle avenue constitue une « protection relativement coûteuse contre la hausse des prix », aux dires de Sun Life, qui s’attend à ce que les rentes indexées fassent « plus souvent partie des discussions. »
En 2022, l’augmentation des ventes de rentes individuelles a été de 13 % par rapport à la moyenne annuelle observée entre 2018 et 2020, selon une analyse interne de la Sun Life réalisée en février 2023.
Souplesse et diversité pour gérer le risque
Si les régimes de retraite à prestations déterminées forment souvent la principale source de revenus pour les personnes qui en bénéficient, il reste que ces prestations sont rarement pleinement indexées en fonction de l’inflation qui prévaut. Sun Life estime qu’en revanche, les régimes de capitalisation peuvent protéger les participants contre les morsures de l’inflation « en leur donnant accès à des options de placement qui performent bien quand le coût de la vie augmente. » Les participants qui sont à la retraite, ou qui le seront bientôt, pourraient toutefois envisager de changer de stratégie de décaissement.
« Les rendements négatifs accompagnés d’une forte inflation, s’ils surviennent peu avant ou au début de la phase de décaissement, peuvent avoir une incidence considérable sur la période durant laquelle un participant tirera un revenu de retraite de ses placements », écrit Sun Life.
Pour gérer le risque lié à la séquence des rendements, Sun Life juge essentiel que les participants aient un plan financier souple et diversifié qui leur permettra de tirer le meilleur, au moment le plus opportun, de leurs différentes sources de revenus. Cela leur assurera ainsi des rentrées d’argent non amputées par une chute des marchés ou une montée subite de l’inflation.
Ne rien laisser sur la table
La hausse du coût de la vie subie depuis mars 2021, qualifiée de « relativement forte » par Sun Life, ne plonge pas les participants dans une situation dramatique, selon les plus récentes données colligées par la compagnie d’assurance vie.
Celles et ceux qui ont connu la période inflationniste du début des années 1980 (au pays, en août 1981, inflation à 12 % et taux directeur de la Banque du Canada à 21 %) sont en mesure de placer l’actuelle inflation dans un contexte historique, mais il n’en demeure pas moins qu’elle est une source de stress pour les participants aux régimes de capitalisation, constate l’assureur.
Sun Life rappelle qu’en matière de régimes de capitalisation, la modification des sommes épargnées en vue de la retraite peut se répercuter de manière notable sur les revenus ultérieurs. Il faut savoir tirer le maximum de ce que l’employeur est prêt à mettre dans le régime « pour ne pas laisser d’argent sur la table », suggère-t-elle aux participants qui envisageraient au contraire de réduire leur taux de cotisation.
Inflation : une descente bien entamée
En mars dernier, l’inflation s’établissait à 4,3 % sur une base annuelle, a calculé Statistique Canada. Il s’agit de la plus faible progression de l’indice des prix à la consommation depuis août 2021 (+4,1 %). L’inflation avait commencé son ascension en avril 2021. Atteint en juin 2022, le sommet de 8,1 % a été suivi de plusieurs baisses mensuelles consécutives, résultat des hausses répétées du taux directeur de la Banque du Canada. Selon le gouverneur de l’institution, Tiff Macklem, l’inflation devrait afficher un taux annuel de 3 % dès l’été prochain.
La Banque du Canada a procédé à des hausses de son taux directeur dans le but de ramener l’inflation dans une fourchette allant de 1 % à 3 %, avec pour cible 2 %. Son gouverneur n’a toutefois laissé entrevoir aucune baisse de son taux directeur à court terme, qui s’établit maintenant à 4,5 %.
Statistique Canada dévoilera le 16 mai 2023 la progression établie en avril pour l’indice des prix à la consommation. La prochaine annonce de la Banque du Canada quant à son taux directeur sera faite le 7 juin.