L’annonce du Programme d’aide temporaire aux travailleurs (PATT) faite par le gouvernement Legault, ce lundi 16 mars, a suscité des réactions positives dans les milieux d’affaires.

Le premier ministre François Legault a rappelé la raison principale de cette annonce, soit d’éviter que des gens infectés par la COVID-19 se présentent malgré tout au travail parce qu’ils n’ont pas les moyens de se priver de leurs revenus.

L’aide annoncée vise à soutenir financièrement ces travailleurs qui doivent s’isoler pour contrer la propagation du virus et qui n’ont pas accès à un programme de remplacement du revenu, dont l’assurance emploi. Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, doit annoncer d’autres mesures fiscales en matinée, ce mardi 17 mars.

À la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), on reconnait la nécessité des mesures annoncées lundi par M. Legault et son ministre du Travail, Jean Boulet. « Ces mesures rassureront également les employeurs quant à la santé économique de leurs travailleurs en situation précaire et leur permettront de mieux cibler les programmes de soutien envers les personnes touchées. Nous devons tous être solidaires et protéger les personnes les plus vulnérables », affirme Charles Milliard, PDG de la FCCQ.

Dans le contexte d’incertitude économique, le ralentissement des investissements est à prévoir, souligne la FCCQ. « Pour pallier ce frein et stimuler l’écosystème entrepreneurial, le gouvernement devrait accélérer les incitatifs fiscaux pour le développement et l’innovation », propose M. Milliard. Selon lui, il existe déjà plusieurs types de subventions et de crédits d’impôt encourageant l’innovation qui pourraient être temporairement bonifiés.

La FCCQ souhaite aussi que le gouvernement fasse preuve de flexibilité quant aux avances de liquidités qui seront faites. Il faudra aussi réduire les délais de paiement qui sont parfois très longs dans plusieurs d’activités. Enfin, la Fédération se préoccupe également de l’évolution de la situation à l’égard des travailleurs étrangers temporaires, lesquels arriveront sous peu pour aider les entreprises, notamment celles du milieu agricole et agroalimentaire.

À la FCEI

À la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) , on se réjouit aussi de la création du PAT. « Les petites entreprises fonctionnent comme des petites familles. Lorsqu’un employé doit malheureusement s’isoler pour respecter les directives de santé publique, c’est difficile pour toute l’équipe qui l’entoure quotidiennement au travail. L’annonce faite lundi va soulager plusieurs personnes et va mettre du baume au cœur en ces temps difficiles », souligne François Vincent, vice-président au Québec de la FCEI.

La FCEI a publié mardi matin les résultats préliminaires d’un sondage national concernant les impacts économiques de la COVID-19 et des mesures préventives adoptées par les gouvernements. Quelque 48 % des propriétaires de PME canadiennes signalent une baisse de leurs ventes, dont 26 % disent que la baisse est significative.

Quarante pour cent des répondants rapportent un déclin de leurs revenus supérieurs à 25 %. « Les premiers impacts économiques de l’épidémie sur les PME du Canada sont très lourds », indique Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.

Autre donnée plus inquiétante tirée du sondage, 25 % des chefs d’entreprise pensent ne pas pouvoir survivre plus d’un mois si leurs revenus diminuent de plus de 50 %.

Au Canada et au Québec, 44 % des PME ont réduit les heures de travail de leurs employés et environ 20 % d’entre elles ont commencé à faire des mises à pied temporaires. Quelque 42 % des répondants disent qu’ils n’auront plus de revenus s’il ne leur est plus possible de faire des ventes en personne.

Tout en reconnaissant que les mesures de santé publique sont nécessaires pour préserver la santé du public et des travailleurs, la FCEI souligne que « l’exigence d’auto-isolement a des impacts économiques significatifs sur de nombreuses petites entreprises au pays », souligne François Vincent.

Des mesures d’aide financière destinées aux PME les plus vulnérables sont attendues. « Les gouvernements doivent intervenir afin d’octroyer une aide financière directe aux employés et aux travailleurs autonomes contraints de s’isoler », comme cela a été fait en Grande-Bretagne, en Irlande, en Norvège, en Suède et au Danemark, ajoute Vincent Guénette.

Grandes entreprises

De son côté, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) a rappelé en fin de journée lundi, par voie de communiqué, que les activités de production ou de livraison de services des entreprises comptant plus de 250 employés dans la même installation ne sont pas visées par l’interdiction des rassemblements publics dans les espaces intérieurs et confinés, comme les salles de spectacle ou les arénas.

Le gouvernement réitère aux dirigeants d’entreprise de favoriser le télétravail là où c’est possible, de reporter les réunions non essentielles et d’utiliser les outils requis afin de limiter les contacts physiques. Le respect des mesures d’hygiène est d’une grande importance, ajoute le MEI.

Institutions financières

En soirée lundi, le Mouvement Desjardins a adopté diverses mesures d’allègement pour ses membres et clients, tant du côté des particuliers que des entreprises. Pour ces dernières, l’institution financière offrira au besoin des conditions de crédit facilitantes et des allègements comme un moratoire de capital ou un report de paiement pour les produits de carte de crédit et de financement Accord D. « Nous espérons que ces mesures d’allègement permettront à nos membres et clients d’avoir un répit financier s’ils venaient à se trouver dans une situation délicate reliée à la COVID-19 », déclare Guy Cormier, président et chef de la direction de Desjardins.

Tôt mardi par voie de communiqué, la Banque CIBC a annoncé des mesures similaires. On a doublé les effectifs pour traiter les demandes des clients, tant les particuliers que les entreprises, qui ont besoin d’aide parce qu’ils ont perdu leur emploi ou que leurs revenus ont chuté.

Par ailleurs, les membres de l’Association des banques du Canada ont coordonné l’adoption de leurs mesures de distanciation sociale imposées par les gouvernements pour limiter la propagation du virus. Les heures d’ouverture sont temporairement plus limitées. Les services bancaires restent accessibles par l’entremise des applications mobiles, des sites web et des services téléphoniques, précise-t-on.

Trois mesures fiscales

De son côté, l’Institut économique de Montréal (IEDM) suggère diverses mesures fiscales qui pourraient avoir des effets plus rapides que les dépenses dans les  grands projets d’infrastructure. Parmi les quelque 119 000 restaurants et commerces du pays, dont 98 % sont des petites entreprises, plusieurs n’ont pas les moyens de faire face à la baisse des ventes si celle-ci s’éternise, indiquent Luc Vallée et Peter St-Onge, auteurs de la publication « Trois mesures fiscales pour contrer le coronavirus », lancée par l’IEDM ce mardi 17 mars.

Premièrement, ils proposent un congé fiscal sur les charges sociales (régime de pension, assurance emploi, etc.), qui représentent environ 15 % du salaire d’un employé, dont la moitié est généralement payée par l’employeur.

Deuxièmement, ils demandent une exemption de la taxe foncière pour les petites entreprises, ce qui permettrait de diminuer les couts fixes et de pallier au manque de liquidités.

Troisièmement, l’IEDM suggère un congé des taxes de vente fédérale et provinciale, afin de stimuler la consommation, ce qui serait particulièrement bénéfique pour les commerces de proximité. Contrairement aux paiements directs aux contribuables, qui tendent à être convertis en épargne, cette mesure encouragerait à dépenser en produits et services, estiment les auteurs.