« On change une industrie qui est un peu vieillotte. » 

Avocat de profession, Alexis Vertefeuille a fondé Sinistar en 2017 à Montréal, sans vouloir être un entrepreneur, juste pour aider quelqu’un. Celui qui ne connaissait pas le monde de l’assurance et du sinistre y dédie désormais son quotidien. 

Son entreprise de technologie en assurance a ainsi pour but de créer « la plus grande communauté d’hôtes » destinée exclusivement au relogement temporaire des victimes de sinistres. 

Ingénieurs, actuaires, avocats… ils sont une dizaine à travailler à temps plein à « démocratiser l’accès aux contrats d’assurance et diminuer la disparité des richesses en redistribuant les sommes d’argent aux petits propriétaires ». 

Contrer le manque de compétitivité 

En entrevue avec le Portail de l’assurance, Alexis Vertefeuille raconte que tout a commencé lorsque la mère d’une de ses amies a été victime d’un sinistre. Elle vivait depuis deux mois à l’hôtel lorsque M. Vertefeuille l’a appris. Il lui a proposé son logement afin qu’elle y passe les quatre mois restants avant la fin de la reconstruction de son domicile.

« À ce moment-là, je mets le pied dans le grand monde des assurances, parce qu’un expert en sinistre m’appelle pour me donner le feu vert pour prêter mon logement. C’est aussi là que je me dis qu’elle ne doit pas être la première personne à être victime d’un sinistre et que je ne dois pas être le seul petit propriétaire prêt à louer son logement à des compagnies d’assurance. » 

C’est ainsi que lui vient l’idée de créer un site « qui permet à Monsieur et Madame Tout-le-Monde de publier son logement entier et d’avoir accès aux contrats d’assurance pour bénéficier de la mutualité de l’assurance ». 

Son idée en tête, quelques recherches lui suffisent alors pour découvrir l’existence d’un manque de compétitivité dans le domaine. « Il n’y avait que quelques grands propriétaires qui avaient accès à tous ces contrats d’assurance », explique M. Vertefeuille.

« Je trouvais ça injuste. Je me suis dit que ce serait avantageux pour l’assureur d’avoir accès à plein de petits propriétaires qui ont des logements meublés et équipés à louer à moindre coût. Et pour le propriétaire, car il peut aider sa communauté, louer pour des durées plus longues et avoir des revenus similaires à une location sur Airbnb. »

Processus automatisés 

Pour amorcer sa démarche, Alexis Vertefeuille indique avoir été aidé par un expert en sinistre de chez Desjardins, qui lui a appris les rudiments de la relocalisation après sinistres et les documents nécessaires dans ce cadre.

Par la suite, son équipe s’est attelée à développer une plateforme technologique permettant l’automatisation du processus. Celle-ci permet, par le biais d’un moteur de recherche, de localiser des logements adéquats disponibles à proximité du lieu du sinistre. Elle simplifie la partie administrative également, selon M. Vertefeuille. 

« Quand une location se fait par le biais de Sinistar, on clique une fois et toute la documentation est envoyée aux parties impliquées. C’est un gros plus qui nous permet de traiter un gros volume sans tout faire à la main. » 

En plus de s’assurer qu’une relocalisation se fasse facilement et que le logement réponde à ses exigences, Sinistar veille à ce que l’hôte soit de qualité, assure son fondateur. Pour ce faire, l’assurtech a développé un programme informatique lui permettant de le noter.

« 95 % des hôtes qui publient sur notre site ont déjà un passé d’hôte. Ils peuvent avoir des touristes toutes les fins de semaine dans leur logement, mais accueillir des sinistrés, c’est moins fréquent, c’est donc plus difficile pour eux d’acquérir une cote Sinistar », dit Alexis Vertefeuille.

Pour y remédier, après autorisation de l’hôte, ce programme va chercher les notes qui lui ont été attribuées sur les autres plateformes telles que Airbnb, afin de lui donner une note globale. 

Pour l’hôte, il n’y a pas de coût pour proposer son logement sur la plateforme. Lorsque celui-ci est loué, Sinistar avance automatiquement les fonds. Ensuite, l’assureur du sinistré rembourse le montant de la location à Sinistar et lui paie une commission. « C’est bon pour l’assuré victime d’un sinistre, car il n’a rien à payer, mais c’est aussi bon pour l’assureur, car il n’a qu’une seule entité de paiement. » 

Bouche-à-oreille 

Dans la majorité des cas, ce sont les experts en sinistre, indépendants comme rattachés à un assureur, qui établissent le contact avec Sinistar. Pour eux, c’est comme s’ils avaient « au bout de leurs doigts accès à tous les gens qui ont des logements disponibles, qui sont éduqués aux enjeux entourant le monde du sinistre et qui veulent faire la différence », illustre M. Vertefeuille. 

Il indique que son entreprise fonctionne grâce au bouche-à-oreille. L’entreprise n’a pas de partenariat, mais elle a fait affaire avec plus de cent experts en sinistre au Québec et presque toutes les compagnies d’assurance présentes dans la province, dit-il. 

« La qualité du produit fait notre réputation. Tu ne fais pas cinq ans dans le monde des assurances si ton produit n’est pas bon. » 

Une assurtech ambitieuse 

Depuis sa création, Sinistar a permis l’hébergement de plus de 1 000 sinistrés au Québec. Actuellement, elle propose les logements de propriétaires partout dans la Belle Province ainsi qu’à Ottawa, Kingston, et Toronto, en Ontario. Elle vise une expansion dans le reste du Canada, voire aux États-Unis. 

Environ 1 200 logements entiers sont actuellement affichés sur le site de l’assurtech. « On devrait arriver autour de 5 000 logements au printemps 2023, à travers le Québec et l’Ontario », estime Alexis Vertefeuille. 

D’ici là, une toute première application destinée aux experts en sinistre devrait sortir d’ici la fin du mois de mars, révèle-t-il.