Selon des estimations de LIMRA qui portent sur les ventes d’assurance vie individuelle, le nombre de polices (contrats) d’assurance vie temporaire vendues en 2023 a crû de 11,8 % par rapport à 2022.
En comparaison, le nombre de contrats d’assurance vie entière vendus a augmenté de 3,6 % en 2023, par rapport à 2022.
Pendant cette période de comparaison, le nombre de contrats d’assurance vie universelle a reculé de 8,2 %.
Les données utilisées dans les graphiques qui suivent ont été préparées exclusivement pour le Journal de l’assurance par LIMRA, dans le cadre du dossier sur l’assurance vie temporaire de son édition de juin 2024.
Baisse inexorable
Malgré un sursaut des ventes en assurances temporaire et vie entière en 2023, le nombre de contrats vendus au Canada baisse inexorablement depuis 2010. Un récent article du Portail de l’assurance a révélé que l’écart se creuse sans cesse entre le nombre de Canadiens couverts par une assurance vie individuelle et l’ensemble de la population.
Le Portail de l’assurance a quantifié cet écart en croisant les données de LIMRA avec celles de Statistique Canada. De 2010 à 2023, le nombre de contrats vendus annuellement est tombé de 733 941 à 667 752. Dans le même intervalle, la population canadienne est passée de 33,8 millions à 39,5 millions de personnes. Il s’est vendu 21,7 contrats par 1 000 habitants en 2010 et seulement 16,9 en 2023. Si le taux de pénétration par habitant s’était maintenu depuis 2010, l’industrie aurait vendu 857 440 contrats en 2023, plutôt que 667 752.
Les primes en hausse
C’est tout le contraire dans le cas des primes d’assurance vie individuelle, qui n’ont cessé de croître depuis les 13 dernières années, hormis quelques creux. De 1,040 milliard de dollars (G$) en 2010, les ventes d’assurance vie individuelle en termes de primes sont passées à 1 895 G$ en 2023.
L’assurance vie entière a porté cette hausse à elle seule, suscitant des ventes de 1 271 G$ en 2023, en hausse de 10,2 % par rapport à ses ventes de 1 153 G$ en 2022.
Beaucoup plus modestes, les ventes d’assurance temporaire en termes de primes ont augmenté de 357,0 à 375,5 millions de dollars (M$) entre 2022 et 2023, soit une croissance de 5,2 %.
En termes de primes, les ventes d’assurance vie universelle ont reculé de 14,2 % durant cette période, passant de 289,3 M$ en 2022 à 248,3 M$ en 2023.
La vie entière plus chère
La prime moyenne annuelle payée par les assurés en vie individuelle est aussi à la hausse. De 1 417 $ en 2010, la prime moyenne par contrat d’assurance vie individuelle est passée à 2 838 $ en 2023.
À 6 966 $ en 2023, la prime moyenne annuelle de l’assurance vie entière surpasse la prime moyenne annuelle totale. La prime moyenne de l’assurance vie entière est en hausse de 6,3 % par rapport à celle de 6 544 $, enregistrée en 2022.
La prime moyenne annuelle de l’assurance vie universelle arrive deuxième, avec une prime moyenne de 2 295 $ en 2023. Un recul de 6,5 % par rapport à la prime moyenne de 2 455 $ enregistrée en 2022.
La prime moyenne annuelle de l’assurance temporaire a reculé de 5,9 %, passant de 1 058 $ en 2022 à 996 $ en 2023.
Besoins concurrents
La prime moyenne par police d’assurance a augmenté d’environ 22 % depuis 2013 – Matthew Rubino
Responsable des rapports de ventes d’assurance vie de LIMRA et du corpus de données préparé pour le Journal de l’assurance, Matthew Rubino explique qu’au cours des dix dernières années, « la prime moyenne par police d’assurance a augmenté d’environ 22 % depuis 2013, après inflation, dit-il. Une grande partie de cette hausse provient probablement de l’accent accru mis sur les ventes d’assurance vie entière au cours de cette période. » M. Rubino ajoute qu’en 2013, environ 47 % des primes provenaient des polices d’assurance vie entière, tandis qu’à la fin de 2023, cette part était de 68 %.
En ce qui touche la baisse du nombre de polices, Matthew Rubino observe aussi cette tendance aux États-Unis. Il l’attribue à plusieurs facteurs. « Les consommateurs ont des priorités financières concurrentes. Ils sont plus préoccupés d’épargner pour la retraite, couvrir leurs dépenses de base, les services de soins de longue durée et les imprévus financiers, ce qui les dissuade d’acheter une assurance vie », explique M. Rubino.
Dissuadés d’acheter de l’assurance
M. Rubino observe que les jeunes adultes retardent certains événements de vie, comme le mariage, l’adoption ou la naissance d’enfants et l’achat d’une maison. « Ils sont plus susceptibles d’avoir des prêts étudiants, de faire face à des taux hypothécaires élevés et de lutter contre l’inflation, ce qui réduit leur revenu disponible. Cela les dissuade probablement d’acheter une assurance vie », pense-t-il.
Le manque de connaissances joue également un rôle, d’après Matthew Rubino. Selon son analyse, les gens surestiment le coût de l’assurance vie.
Il remarque que les Canadiens ne connaissent pas leurs besoins, et ne savent pas où trouver des informations crédibles. « Seulement 4 Canadiens sur 10 déclarent travailler avec un conseiller financier. Nos recherches suggèrent que les personnes qui disent avoir besoin d’une couverture et qui travaillent avec un conseiller sont plus susceptibles de finaliser un achat », conclut M. Rubino.
Cet article est un Complément au magazine de l'édition de juin 2024 du Journal de l'assurance.