L’intelligence artificielle peut aider les conseillers avec leurs clients, mais les Canadiens doivent poser de nombreuses questions pour savoir où et comment sont utilisées les informations personnelles recueillies en plus de savoir si ces données sont utiles aux clients, ont récemment indiqué des experts lors d’un symposium d’Advocis.

« Je pense que du point de vue de la règlementation, vous devez toujours prendre un pas de recul en tant que conseiller et déterminer si ce que vous faites est vraiment dans l’intérêt de votre client », a déclaré James Leong, conseiller juridique principal à la British Columbia Securities Commission (BCSC).

« Du point de vue de la règlementation, nous devons également nous demander si certaines règles ont beaucoup de sens et si elles continuent de l’être [à l’avenir]. De nouvelles circonstances ou processus pourraient ne pas nécessairement répondre à ce que nous nous attendions et le faire de la façon que nous croyions qu’ils le feraient. »

Démocratiser les marchés mal desservis

M. Leong a indiqué au symposium que l’intelligence artificielle évolue constamment, en particulier dans le domaine des services financiers. Il a ajouté qu’il considérait que son rôle au sein de la BCSC en est un de chien de garde, permettant de voir comment l’intelligence artificielle se développait réellement et comment elle pouvait être utilisée au profit des investisseurs. Il a suggéré par exemple que l’intelligence artificielle pourrait aider à démocratiser les marchés mal desservis ou à rationaliser les modèles commerciaux des entreprises.

En février 2017, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont lancé un bac à sable règlementaire visant spécifiquement à aider les entreprises qui souhaitent utiliser des produits, des services et des applications innovants à travers le pays. Parallèlement, les ACVM ont dit vouloir s’assurer que les investisseurs soient protégés en instaurant le bac à sable.

Celui-ci est ouvert aux modèles commerciaux jugés novateurs d’un point de vue du marché canadien. Les ACVM évaluent les avantages de chaque modèle d’entreprise. Celles qui s’enregistrent ou bénéficient d’un allègement peuvent ensuite être autorisées à tester leurs produits et leurs services sur l’ensemble du marché canadien.

Se familiariser avec les bases

Selon Amel Chadi Habib, vice-président exécutif, technologies de l’information au Mouvement Desjardins, il incombe à chacune des entreprises de se familiariser au moins aux principes de base. L’intelligence artificielle est désormais l’une des tendances majeures du secteur des services financiers, a-t-il dit.

De plus en plus d’informations sont analysées pour aider les clients à prendre des décisions d’investissement, en utilisant des données aussi bien géopolitiques que scientifiques, a expliqué Habib. « Il n’est plus possible pour un seul être humain d’analyser tout cela et de faire une bonne recommandation à son client », a-t-il déclaré.

Cependant, il a ajouté que Desjardins ne croit pas en l’automatisation à 100 %, car toutes les générations, de la génération Y aux babyboumeurs, ont indiqué vouloir un type de contact humain leur permettant d’analyser toutes les informations avant de prendre une décision financière importante.

M. Leong a souligné que l’intelligence artificielle pourrait être utilisée pour aider les clients à comprendre des domaines comme la tolérance au risque, ce qui améliorera ensuite la qualité de la prise de décision du conseiller.

Problèmes de confidentialité

La confidentialité des données est une préoccupation majeure, en particulier pour les plus grandes entreprises utilisant cette technologique, telles que Facebook. « Il est temps pour nous de commencer à équilibrer la symétrie de valeur sur la façon dont les données sont visualisées et partagées au Canada », a dit M. Habib.

« La clé est de poser des questions. Qu’est-ce que nous abandonnons ? Et, surtout, y a-t-il une symétrie de valeur ajoutée qui se génère ? »

Habib a soutenu que les Canadiens ont la tête dans le sable en ce qui concerne la protection de la vie privée. « Pour nous, c’est très simple : les données personnelles vous appartiennent, pas à une autre entité que ce soit. Et si vous décidez de les donner à quelqu’un d’autre, il doit y avoir un partage symétrique de la valeur. »