Pour un deuxième trimestre consécutif, la Société financière Manuvie déclare un résultat net attribuable aux actionnaires ordinaires d’un milliard de dollars (G$) au troisième trimestre clos le 30 septembre 2023.
Au même trimestre en 2022, Manuvie affichait un résultat net de 491 millions de dollars (M$). Le résultat le plus récent représente une augmentation de 106 % par rapport à celui enregistré en 2022, lequel a été ajusté en fonction des normes IFRS 17.
Selon les marchés
La ventilation de ce résultat net attribuable aux actionnaires ordinaires en fonction des différents marchés est la suivante :
- au Canada, le résultat net a été de 290 millions de dollars au troisième trimestre de 2023, comparativement à un résultat de 853 M$ au même trimestre de 2022, ce qui représente une baisse de 66 % ;
- aux États-Unis, le résultat net attribuable aux actionnaires a été de 72 M$ au troisième trimestre de 2023, comparativement à une perte de 447 M$ au même trimestre de 2022 ;
- en Asie, le résultat net a été de 84 M$ au troisième trimestre de 2023, comparativement à un résultat de 280 M$ au même trimestre de 2022, ce qui équivaut à une baisse de 70 % ;
- pour le segment « Gestion de patrimoine et d’actifs — monde », le résultat net a été de 318 M$ au troisième trimestre de 2023, comparativement à un résultat de 287 M$ au même trimestre de 2022, une amélioration de 11 % ;
- enfin, pour le segment « Services généraux et autres », le résultat net a été de 249 M$ au troisième trimestre de 2023, comparativement à une perte nette de 482 M$ au même trimestre de 2022.
Le résultat tiré des activités de base a atteint 1,7 G$ au troisième trimestre de 2023, une hausse de 404 M$ ou 30 % comparativement au même trimestre de 2022.
Souscriptions
Les souscriptions d’équivalents primes annualisées (EPA) ont été de 1,6 G$ au troisième trimestre de 2023, une hausse de 310 M$ ou de 23 % sur le même trimestre de 2022.
En comparaison avec les chiffres ajustés du troisième trimestre de 2022, les souscriptions ont grimpé de 23 % en Asie, le plus important marché de l’assureur, et de 51 % au Canada, mais elles ont baissé de 29 % aux États-Unis.
Les ventes d’assurance de Manuvie au troisième trimestre ont totalisé 1,5 G$ au troisième trimestre de 2023. Il s’agit d’une hausse de 303 M$ ou 26 % comparativement au même trimestre de 2022.
Les analystes et l’immobilier
La discussion entre les analystes financiers et l’équipe de direction a eu lieu le 9 novembre dernier. Le président et chef de la direction, Roy Gori, s’est réjoui de la hausse de 21 % des souscriptions d’équivalents primes annualisées.
Au Canada, la hausse de 51 % des EPA est expliquée par la souscription plus importante dans les marchés des groupes d’affinités, précise Colin Simpson, le vice-président principal aux finances.
Comme cela avait été le cas au trimestre précédent, plusieurs questions des analystes portaient sur les actifs alternatifs à long terme (ALDA). Dans son rapport aux actionnaires, Manuvie indique que la charge nette de 400 M$ liée aux résultats techniques du marché au troisième trimestre est principalement liée aux rendements des ALDA moins élevés que prévu dans les hypothèses à long terme en lien essentiellement avec les placements dans le secteur immobilier.
Colin Simpson précise que l’immobilier commercial a été l’élément le plus important de la sous-performance des ALDA « car les taux sans risque à long terme plus élevés exercent une pression sur les évaluations. Même si les taux de capitalisation plus élevés utilisés par les évaluateurs tiers ont réduit les évaluations actuelles, ces taux plus élevés indiquent également des rendements plus élevés à l’avenir, ce qui renforce davantage notre confiance dans la réalisation de nos hypothèses à long terme prospectivement au fil du temps », dit-il.
Il ajoute : « Il est important de souligner que nous continuons de considérer un portefeuille ALDA diversifié comme bien adapté aux passifs d’assurance offrant des rendements attractifs et une volatilité plus faible par rapport aux indices de crédit et d’actions sur un horizon temporel moyen à long terme », dit-il.
L’analyste Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale, demande si l’assureur a réfléchi à la possibilité de revoir à la baisse la fourchette de rendement à 8 %. La cible de 9-9,5 % a été atteinte durant la période où les taux d'intérêt étaient au plancher. Les taux plus élevés risquent de durer encore plusieurs trimestres.
Scott Hartz, le vice-président principal aux investissements, reconnaît la volatilité du rendement des actifs alternatifs à long terme. Il souligne que l’analyse historique du portefeuille montre que pour la moitié des trimestres, le rendement dépasse la performance cible. Le rendement annualisé de ces ALDA a été inférieur à la fourchette de rendement annualisé de 9 % à 9,5 % lors des cinq derniers trimestres, après avoir dépassé cette cible durant huit trimestres consécutifs.
L’immobilier commercial a représenté environ les deux tiers de cette sous-performance depuis 15 mois, ajoute M. Hartz. Une partie de ce résultat est justement attribuable aux coûts plus élevés de financement du capital. La discussion avec les analystes a ensuite porté sur l’évolution des taux d’intérêt à court et moyen terme.
De son côté, Roy Gori insiste sur l’aspect diversifié de ce portefeuille des ALDA. Ces actifs alternatifs comprennent les immeubles commerciaux, mais aussi les terrains forestiers exploitables, les terres agricoles, les infrastructures et les actions de sociétés fermées, dont certaines sont liées au secteur de l’énergie, précise-t-on dans le rapport aux actionnaires. M. Gori répète que les projections de rendement sont des hypothèses à long terme et qu’elles sont l’objet d’une attention constante.
Tom MacKinnon, analyste de BMO Marchés mondiaux, estime que la valeur des actifs en immobilier commercial n’est pas reliée seulement au taux d’intérêt, mais au contexte économique de manière générale. Scott Hartz affirme que l’assureur mène une veille constante à cet égard.
Les espaces de bureaux ne représentent qu’une petite partie des ALDA, ajoute M. Hartz. « Les espaces locatifs commerciaux aux États-Unis ne représentent que 5 % de notre portefeuille des ALDA en ce moment », indique-t-il. Le portefeuille immobilier comporte aussi des terrains industriels et des immeubles résidentiels, deux segments où la demande est très forte, selon lui.
Roy Gori souligne que les biens immobiliers de l’assureur sont répartis à 38 % aux États-Unis, à 33 % au Canada et à 29 % en Asie. Dans cette région, la valeur du portefeuille se maintient « plutôt bien », dit-il.