Seuls 65 % des Canadiens ont consulté un professionnel des soins dentaires au cours des 12 mois précédant 2022, révèle Statistique Canada dans son Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), réalisée de février à décembre 2022. Les résultats excluent les territoires canadiens. 

Les données de Statistique Canada révèlent également que plusieurs Canadiens se sont empêchés de recevoir des soins de santé dentaire pour des questions d’argent.

Les plus assidus 

Le groupe des répondants de 12 à 17 ans est le plus assidu au cabinet du dentiste : 79,3 % de ces jeunes Canadiens ont consulté un professionnel dentaire dans les 12 mois précédant l’enquête de Statistique Canada. Le groupe des Canadiens bénéficiaires d’une assurance dentaire privée arrive deuxième (76,1 %), et les ménages au revenu net familial de 90 000 $ et plus sont les troisièmes (75,1 %). 

Dans deux groupes, moins de 50 % des gens ont consulté un professionnel des soins dentaires dans les 12 mois qui ont précédé l’enquête de Statistique Canada. La proportion chute à 48,9 % dans le quintile inférieur du revenu net familial. Il s’agit de la plus faible proportion de tout l’échantillon. Les Canadiens qui ne savent pas s’ils détiennent une assurance soins dentaires affichent un taux de consultation de 49,4 %. Les gens qui n’ont aucune assurance affichent un taux de 50,6 %, pendant la période observée.

Disparités régionales et de sexe 

À 68,5 %, les résidents de la Colombie-Britannique font bonne figure, alors que ceux de Terre-Neuve affichent la plus faible proportion de Canadiens à avoir consulté un professionnel de la santé au cours de la période observée par Statistique Canada, soit 54,9 %. Le Québec se situe en milieu de peloton, alors que 61,8 % de sa population a fréquenté le cabinet du dentiste au moins une fois durant cette période.

Durant la période observée, les femmes ont consulté dans une plus grande proportion que les hommes, soit 68,2 % comparativement à 62,4 %.

Trop cher 

Le coût a représenté un obstacle de taille chez les 35 % qui ont évité de consulter au cours de la période de 12 mois observée par Statistique Canada. Son enquête révèle que 23,5 % des Canadiens ont évité de consulter un professionnel dentaire en raison du coût. 

Le revenu net familial a été un facteur d’évitement déterminant chez les personnes qui ont invoqué ce motif. Dans le quintile inférieur du revenu net familial, 35,5 % ont évité de consulter un professionnel dentaire en raison du coût. Chez ceux dont le revenu net familial est inférieur à 70 000 $, 32,6 % ont évité de consulter pour la même raison. Les 18 à 34 ans ont évité de consulter en raison du coût dans une proportion de 30,5 %.

Les femmes sont légèrement plus susceptibles d’avoir évité de consulter pour cette raison (24,8 %) que les hommes (22,3 %). 

L’équité mise à mal 

Statistique Canada précise qu’une proportion plus élevée de personnes asiatiques occidentales (38 %), arabes (34 %), latino-américaines (34 %), sud-asiatiques (29 %), noires (28 %), chinoises (27 %) et philippines (27 %) ont déclaré que le coût était un obstacle, comparativement aux personnes non racisées et non autochtones (22 %). 

Dans son tableau portant spécifiquement sur les différents groupes d’origine culturelle, Statistique Canada a annoté plusieurs données, soit parce qu’elles doivent être utilisées avec prudence, soit parce qu’elles sont trop peu fiables pour être publiées. Parmi les données non annotées, on constate que les Canadiens issus des peuples autochtones ont été 25,5 % à éviter de consulter un professionnel de la santé dentaire en raison du coût, en comparaison de 23,5 % chez les personnes non autochtones. 

Plus du tiers n’ont pas d’assurance 

L’évitement de consulter en raison du coût culmine chez les Canadiens qui disent n’avoir aucune assurance. À 39,6 %, ils représentent la proportion la plus élevée de l’échantillon. Statistique Canada révèle en outre que 35 % des répondants à son enquête ont déclaré ne pas voir d’assurance dentaire. 

Chez les 65 % de Canadiens qui possèdent un régime dentaire, l’assurance privée tient une place dominante. « Au moment de l’enquête, 55 % des personnes ont déclaré que leurs frais dentaires étaient couverts par un régime privé d’assurance soins dentaires, ce qui englobe un régime offert par un employeur, un régime privé ou un régime offert par un collège ou une université », explique Statistique Canada dans l’édition de son bulletin Le Quotidien diffusée le 6 novembre 2023.

De plus, 4 % des Canadiens ont indiqué avoir seulement un régime d’assurance public (c'est-à-dire un régime payé par le gouvernement, sans régime d’assurance privé). Un peu plus du tiers (35 %) des Canadiens ont déclaré qu’aucun de leurs coûts n’était couvert par un régime d’assurance soins dentaires privé ou public, et 6 % ne savaient pas s’ils avaient un régime d’assurance soins dentaires, ou en avaient un sans savoir de quel type. 

D’autres obstacles 

Un rapport de l’Institut C.D. Howe a récemment révélé que le Canada se classe parmi les derniers sur les soins offerts aux aînés, en termes d’équité, d’abordabilité et de rapidité, sur le plan international. Réduire les obstacles aux soins dentaires figurait parmi les moyens cités par le rapport pour permettre au Canada de se hisser dans le classement international. 

Du même coup, le déploiement de la prestation dentaire canadienne inquiète le secteur de l’assurance dentaire privée. Un groupe de l’industrie croit pour sa part qu’il faut y aller avec prudence dans l’offre d’assurance dentaire publique. Parmi ses quatre recommandations au gouvernement fédéral, la Conference for Advanced Life Underwriting (CALU) dit souhaiter que le gouvernement fédéral incite les entreprises à continuer d’offrir des régimes de soins dentaires à leurs employés, même après la mise en œuvre complète du Régime canadien de soins dentaires (RSD). 

L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) recommande pour sa part au gouvernement d’introduire un crédit d’impôt pour les employeurs afin qu’ils ne suppriment ou ne réduisent pas la couverture dentaire une fois que le régime de soins dentaires public sera déployé en vertu de la Loi sur la prestation dentaire.  

À l’heure actuelle, la prestation dentaire canadienne provisoire du gouvernement du Canada offre une protection aux familles admissibles qui gagnent moins de 90 000 $ par année. Les parents et les tuteurs pourraient être admissibles s’ils paient pour les soins dentaires d’un enfant de moins de 12 ans qui n’a pas accès à un régime privé d’assurance dentaire, explique le gouvernement fédéral.