Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) forme la lésion psychologique au travail la plus fréquente et la plus coûteuse, selon un rapport récent de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Ce type de trouble est beaucoup plus répandu que l’état dépressif, qui arrive au troisième rang.
L’étude intitulée Le coût des lésions psychologiques liées au travail au Québec forme la toute première analyse de l’IRSST qui porte spécifiquement sur ces lésions mentales dans le secteur de l’emploi. Les données étudiées proviennent de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). L’étude montre une croissance marquée de ces affections, tant en quantité qu’en impact financier.
Les lésions psychologiques peuvent prendre un grand nombre de formes : anxiété, stress, choc nerveux, dépression, épuisement professionnel, syndrome mental, décompensation psychologique, trouble d’adaptation, troubles névrotiques. Selon Santé Canada, environ 8 % des adultes canadiens présentent des symptômes modérés ou graves de TSPT.
Des chiffres en croissance
Durant la période ciblée par l’étude, 8 325 lésions psychologiques liées au travail ont été acceptées à la CNESST. Elles ont augmenté de 108 % entre 2014 et 2019.
Leur coût annuel, ont calculé les trois chercheurs, a augmenté de 195 % entre 2014 et 2019 et les indemnités versées par l’organisme d’État ont dépassé le milliard de dollars, soit en moyenne 169 millions de dollars (M$) par année.
Le coût moyen par lésion s’élevait à 121 590 dollars, en hausse de 42 % entre 2014 et 2019. Leurs impacts se traduisent principalement en productivité perdue (59 %) et en coûts humains (31 %).
Le tableau montre la progression annuelle du nombre de dossiers approuvés par la CNESST et les coûts croissants qu’ils entraînent au total et par lésion.
Les femmes entraînent le plus de coûts
Les chiffres montrent que ce sont les femmes âgées entre 24 et 44 ans qui entraînent le plus de coûts liés à ces lésions. Ce sont toutefois les femmes de 55 ans et plus qui génèrent le coût moyen le plus élevé, soit 171 740 dollars.
Dans l’ensemble, ces légions entraînent des coûts significativement plus élevés chez les femmes que chez les hommes. En cinq ans, le montant total des indemnités versées aux femmes s’est élevé à 578 555 700 dollars, contre 433 641 700 dollars chez les hommes.
« Peu importe le sexe, précisent les chercheurs, le coût moyen par lésion tend à augmenter avec l’âge. »
Même s’il ne vient qu’au troisième rang, c’est toutefois l’état dépressif qui engendre le coût moyen d’indemnité le plus élevé, soit 217 390 dollars.
Les trois genres d’événements qui provoquent les coûts moyens les plus élevés sont le harcèlement psychologique (203 150 dollars), les relations de travail conflictuelles (182 660 dollars) et les agressions sexuelles (179 820 dollars).
Environ 22 % de l’ensemble des lésions surviennent dans le secteur des soins de santé et l’assistance sociale (224,2 M$). Suivent l’industrie du transport (107,8 M$) et les administrations publiques (94,8 M$).
Les entreprises de grande taille (500 employés et plus) arrivent au premier rang pour le nombre de lésions psychologiques et qui engendrent le plus de coûts, mais le coût moyen le plus élevé est observé dans les entreprises de petite taille.
Chez les femmes, les cinq professions générant le plus de coûts seraient celles de caissières, aides-infirmières, éducatrices de personnes inadaptées, infirmières et conductrices d’autobus.
Chez les hommes, ce sont les camionneurs, les chauffeurs-livreurs, les gardiens et agents de sécurité, les conducteurs d’autobus, les agents de police et le personnel spécialisé et auxiliaire en soins infirmiers qui entraînent le plus de coûts.