Une étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) démontre que des obstacles à l’utilisation de la télémédecine persistent. Patrick Déry, analyste associé sénior à l’IEDM et auteur de l’étude intitulée Comment favoriser le déploiement de la télémédecine au Canada, rappelle d’emblée que la télémédecine améliore l’accès aux soins et réduit les couts.

Selon l’Institut, cela expliquerait notamment pourquoi seul 1 % de la population canadienne utilise les services de télémédecine. En revanche, l’étude recense que 4 % des médecins de famille canadiens et 9 % des médecins spécialistes offraient des services de consultation virtuelle en 2018.

« Nous communiquons avec des proches ou des étrangers à l’autre bout de la planète. Nous effectuons des transactions bancaires en ligne en quelques mouvements de doigts en toute sécurité. Mais consulter virtuellement un médecin ou une infirmière, ça n’existe pas pour la très grande majorité des Canadiens, explique Patrick Déry, analyste associé sénior à l’IEDM et auteur de l’étude. Pour la plupart d’entre nous, une visite médicale représente encore de longues heures d’attente et une journée de travail perdue. »

Des obstacles règlementaires

Parmi les obstacles cités par Patrick Déry, le plus important est celui règlementaire. Il explique qu’un médecin détenant un permis dans une province ne peut pas offrir de services à un patient à l’extérieur de celle-ci. S’il veut offrir des consultations à des patients dans toutes les provinces, il « devra posséder et renouveler six ou sept permis provinciaux ».

« L’anatomie des Canadiens n’est pas si différente d’une province à l’autre ! Si des médecins sont disponibles ailleurs pour nous donner un coup de main, ne serait-ce que temporairement, pourquoi ne pas les accueillir à bras ouverts ? On se prive en ce moment d’un apport additionnel qui soulagerait à la fois les patients et nos systèmes publics engorgés », soutient l’auteur.

L’étude relève que d’autres conditions imposées par les gouvernements provinciaux « restreignent l’accès à la télémédecine à l’intérieur des systèmes publics ». De plus, le mode de rémunération des médecins à l’acte « n’incite pas à accomplir des actes pour lesquels un paiement n’est pas prévu et ne favorise pas l’innovation dans la pratique médicale ».

Des solutions qui portent fruit

Les solutions en cybersanté mentale portent d’ailleurs leurs fruits, selon une analyse de la Commission de la santé mentale du Canada. Le programme canadien, le Modèle de soins par paliers 2.0, a contribué à réduire de 68 % le temps d’attente pour obtenir des services en santé mentale et en lutte contre les dépendances à Terre-Neuve-et-Labrador.