Un nouveau rapport sur les tendances de l’industrie, publié par Earnix et Market Research Group, révèle que les assureurs luttent encore contre des systèmes technologiques cloisonnés et dépassés, qui freinent la collaboration, l’innovation et la croissance des affaires. Ces systèmes compliquent le travail collaboratif entre les départements et ralentissent la prise de décisions.
L’étude, menée en 2024 auprès de 431 dirigeants en tarification, actuariat, souscription, cadres supérieurs et experts en technologie du monde entier, montre un secteur cherchant à s’adapter à la modernisation. Les résultats indiquent que les deux tiers des répondants prévoient de déployer des modèles d’intelligence artificielle (IA) au cours des deux prochaines années.
Toutefois, moins d’un tiers utilisent actuellement de tels modèles. Par ailleurs, 58 % des répondants déclarent qu’un changement de règles prend plus de cinq mois à être implémenté, et pour 21 % d’entre eux, ce processus dépasse sept mois.
Systèmes patrimoniaux
« Aujourd’hui, la majorité des assureurs utilisent les analyses pour valider des décisions opérationnelles, plutôt que pour générer des décisions optimales », souligne-t-on dans le rapport, intitulé An industry at a crossroads: What insurers can do to get a valuable head start—and gain a new competitive advantage.
Selon les données issues de l’enquête, 52 % des assureurs utilisent actuellement les analyses pour valider des décisions opérationnelles. Les auteurs ajoutent que « pour de nombreux assureurs, leurs technologies héritées actuelles entravent la collaboration, l’innovation et la croissance ». De manière révélatrice, moins de 25 % des dirigeants interrogés estiment que leurs équipes collaborent régulièrement.
Le rapport met en évidence un grand nombre de transferts nécessaires entre des domaines clés de l’activité des assureurs, tels que le développement de modèles, la simulation, les moteurs de règles, les rapports internes, la documentation et la disponibilité des données externes.
« Ces transferts introduisent inévitablement des erreurs et ralentissent la capacité de l’organisation à déployer de nouveaux modèles de tarification et de tarification sur le marché. Non seulement ce problème persiste, mais il semble s’aggraver. En 2022, 27 % des répondants déclaraient qu’il fallait de cinq à six mois pour mettre en œuvre un changement tarifaire significatif. En 2024, ce chiffre a grimpé à 34 %. »
Difficile à gérer
La complexité des systèmes de règles de souscription automatisée typiques, qui comptent parfois des milliers de règles, rend leur gestion, la mise à jour et le dépannage difficiles, indique-t-on dans le rapport. « Cela peut également entraîner des prises de décision incohérentes, où de légers changements dans les entrées peuvent aboutir à des résultats très différents, compromettant ainsi la précision de la gestion des risques. »
De plus, seulement 7 % des assureurs ont mis en place une surveillance continue, automatisée et intelligente pour évaluer l’impact des modifications de leurs règles de souscription. Quelque 13 % des dirigeants disent effectuer une surveillance ponctuelle, et uniquement lorsque des changements affectent la rentabilité. « La recherche souligne que la majorité des assureurs manquent l’occasion de s’adapter rapidement aux risques émergents et aux tendances changeantes du marché. »
Enjeux de conformité
Le changement pourrait toutefois être motivé par autre chose qu’un simple désir d’efficacité opérationnelle : la conformité. La majorité des répondants indiquent que la conformité réglementaire sera une priorité dans l’année à venir, prolongeant une tendance de deux ans. Les chercheurs attribuent cela au grand nombre d’assureurs ayant dû payer des amendes réglementaires.
Selon l’étude, 70 % des répondants prévoient d’accorder plus ou beaucoup plus de temps à la conformité réglementaire cette année. Près de la moitié des assureurs ont dû payer des amendes réglementaires au cours des 12 derniers mois. Au Canada, ce chiffre tombe à 38 %.
« Il est temps de dépasser les technologies héritées — bien que cela reste une tâche ardue », affirment les chercheurs. Le sondage révèle que 19 % des répondants considèrent cela comme leur principal défi pour l’année à venir. Le seul autre domaine jugé plus difficile est le recrutement de talents, considéré comme un défi prioritaire par 10 % des répondants.
À propos de l’intelligence artificielle
« Bien que l’IA ne soit pas une nouveauté dans le domaine de l’assurance, l’ensemble de l’industrie intensifie manifestement l’adoption de nouvelles capacités révolutionnaires basées sur l’IA dans de nombreux domaines », indique le rapport.
Les assureurs prévoient que l’impact de l’IA doublera presque d’une année sur l’autre et triplera l’année suivante. Au total, cela représente une augmentation presque six fois supérieure de la perception de l’impact de l’IA en seulement trois ans.
Les auteurs suggèrent que l’IA pourrait permettre de passer d’un état où les analyses servent à valider les décisions, à un état où elles sont intégrées à presque tous les processus pour générer des décisions optimales. « Pour atteindre cet objectif, les assureurs continueront d’augmenter leurs investissements dans les données tierces au cours des trois prochaines années, certains augmentant leurs niveaux actuels de plus de 20 %. »
« L’architecture rigide de ces systèmes hérités étouffe l’innovation en limitant la capacité à mettre en œuvre des solutions modernes. L’incapacité à moderniser leurs infrastructures technologiques affecte non seulement l’efficacité opérationnelle, mais aussi le développement de nouveaux produits et services capables de répondre aux demandes changeantes des clients et de stimuler la croissance », ajoutent les auteurs du rapport.