Si aucune mesure d’adaptation n’est mise en place, des milliers de bâtiments et des centaines de kilomètres de routes pourraient être exposés et subir des dommages causés par l’érosion et les submersions côtières d’ici 2065. 

Le 26 avril, la Commissaire au développement durable, Janique Lambert, a dévoilé son rapport 2023. Elle y trace un portrait de ces deux menaces pour les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. Ses constats sont similaires à ceux rapportés dans le Portail de l’assurance il y a quelques semaines. 

Son rapport révèle que 65 % du littoral est sensible à l’érosion côtière. Les coûts potentiels de ces sinistres pourraient s’élever à près de 1,5 milliard de dollars pour cette période. Ce montant ne tient pas compte des coûts liés à la submersion, qui peuvent être beaucoup plus importants, ni des coûts indirects, comme la perte d’activité économique. 

La Commissaire se montre très sévère envers le gouvernement, qui n’a pas de gestion intégrée des risques, et envers les ministères concernés. Elle constate qu’ils travaillent majoritairement de façon sectorielle sans considérer l’ensemble des risques liés à l’érosion et la submersion côtière. 

Mme Lambert leur adresse une série de reproches : 

  • le ministère de la Sécurité publique n’a pas de planification à long terme et de projets d’adaptation nécessaires afin d’atténuer les risques à un niveau acceptable. La priorisation qu’il a établie présente des lacunes parce qu’elle est déterminée annuellement en fonction du budget disponible dans le Cadre pour la prévention des sinistres. Ce ministère profite peu des sommes disponibles à Ottawa en matière d’adaptation aux risques liés aux changements climatiques ;
  • les dépenses du ministère des Transports sont principalement réalisées à la suite des dommages, sans planification, et peu en prévention ;
  • le ministère de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques n’a pas identifié les activités nécessaires à la conservation des systèmes côtiers d’intérêt affectés par les changements climatiques. 

Mme Lambert observe aussi que les connaissances acquises sont éparpillées sur plusieurs sites et plateformes web et ne sont pas pleinement accessibles. Par ailleurs, trop peu de municipalités bénéficient d’un accompagnement et d’un soutien technique et financier de la part de ces ministères, conclut-elle. 

Programme d’aide 

Le 3 mars dernier, le premier ministre François Legault avait annoncé un financement de 67 millions de dollars (M$) pour lutter contre l’érosion et la submersion côtière dans les régions de l’Est du Québec.

Une première tranche de près de 10 M$ avait été allouée au secteur de la municipalité de Notre-Dame-du-Portage.

Un deuxième montant de 39,3 M$ a été confirmé le 28 avril. Cette somme sera consacrée à la protection des berges dans les secteurs de Sainte-Luce, Matane-sur-Mer et Petit-Matane. 

À Sainte-Luce, près de 11 M$ seront dépensés dans une recharge de la plage et la protection de 180 résidences. Matane-sur-Mer et Petit-Matane bénéficieront respectivement de 13,5 M$ et de 15,3 M$ pour sauvegarder des infrastructures et des biens menacés par les changements climatiques et les grandes marées. 

Une cinquième municipalité devrait profiter du reste de l’enveloppe de 67 millions, soit environ 18 M$, qui sera tirée du Cadre pour la prévention de sinistres, mais son nom n’a pas encore été dévoilé.