Une nouvelle télésérie sous forme de docu-réalité, mettant en lumière le travail d’enquête des experts en sinistre et des intervenants du domaine de l'incendie sera présentée au printemps sur les ondes de Canal D. La série en 8 épisodes présentera les dessous d’une enquête post-incendie et toutes les étapes que les experts doivent accomplir avant d’en identifier formellement la cause.
Quand Alain Harvey, président du S.E.C.I - Enquête Incendie, s’est fait approcher par la production du docu-réalité, il tenait mordicus à utiliser cette tribune pour faire découvrir le travail de l’ensemble des intervenants qui gravitent autour de lui lors de ses enquêtes. Michel Richer, maitre-chien, Philippe Gascon, préventionniste, Guy Savoie, ingénieur, et Guy Bérubé, expert en sinistre et instructeur à la certification CFEI (Certified Fire and Explosion Investigators), feront partie de ces intervenants. L’équipe comptera aussi sur l’appui des services incendies et policiers des municipalités visitées, dans le cadre des enregistrements.
Lors des tournages, l’équipe de production s’est déplacée sur de vraies scènes post-incendie. Tous les aspects de l’enquête y sont présentés, de l’analyse criminalistique de la scène, aux entrevues, jusqu’à la reconstitution. Différents scénarios seront montrés au cours de cette première saison. Tant des incendies résidentiels, commerciaux, qu’automobiles.
« Il n’était pas courant de faire des enquêtes pour les incendies de véhicules, avant, mais avec la valeur des véhicules qui augmente et les couvertures d’assurance offrant une valeur à neuf, ça vaut la peine d’enquêter », dit Guy Bérubé. Selon lui, il n’est pas rare qu’une fraude à l’assurance y soit dissimulée.
Prévention et fraudes
Lors d’une entrevue accordée au Portail de l’assurance, Guy Bérubé et Alain Harvey ont tous deux mentionné à plusieurs reprises l’importance d’une telle série sur les écrans québécois pour prévenir le risque d’incendie et dissuader les fraudeurs
« On espère que la série fera prendre conscience aux gens de l’importance d’être vigilant quant à l’exposition aux risques et qu’elle aura un effet dissuasif quant aux tentatives de fraudes », dit M. Harvey. L’ex-policier révèle par ailleurs qu’au cours des derniers mois, notamment en raison des mesures sanitaires pour réduites la propagation de la COVID-19, les cas de fraudes à l’assurance se sont accrus. « Il y a une recrudescence des incendies de bâtiments commerciaux et de restaurants, depuis les mois de novembre et décembre. Les gens sont pris à la gorge et au bout du rouleau. Il arrive que les groupes criminalisés soient impliqués », ajoute-t-il.
En voyant les efforts qui sont déployés par les professionnels des enquêtes incendie, « on espère qu’il y aura un impact sur les gens qui pensent à cette solution pour résoudre leur problème », note M. Bérubé.
Les assureurs ont peu collaboré
Malgré la collaboration habituelle des experts en sinistre et des assureurs, dans le cadre des tournages du docu-réalité, les assureurs ont tous choisi de rester à l’écart de la production, explique M. Harvey en entrevue. « Sauf un assureur, qui s’est résigné et ceux qui ont donné leur accord de façon non officielle, à condition de ne pas nuire à leur enquête interne », dit-il.
Le consentement et la protection des renseignements des clients ont soulevé d’importantes préoccupations, de part et d’autre. Mais le souci de confidentialité des dossiers a été le point de bascule des assureurs. « On n’est pas là pour divulguer des informations sur les dossiers d’assurance des clients ou nuire au travail des assureurs. Le but est de montrer notre réalité et nos techniques d’enquêtes, mais malheureusement les assureurs ont peur qu’on en dévoile trop », dit M. Harvey.
« C’est dommage de ne pas pouvoir collaborer avec les assureurs parce qu’il pourrait être rentable pour eux de collaborer au projet avec nous, autant pour réduire la fraude que faire de la prévention auprès de leurs assurés », dit Guy Bérubé.
« Avec l’émission, on montre les conséquences et les dommages collatéraux d’un incendie. On espère que les téléspectateurs prennent conscience des risques qu’ils courent et qu’ils prennent des mesures conséquentes après avoir regardé la série. Dans les premiers épisodes, ont présenté notamment deux cas où les avertisseurs de fumée étaient absents ou défectueux. Avoir un avertisseur en ordre est une solution très simple, et pourtant, les conséquences de ne pas en avoir un peut être très importantes », ajoute M. Harvey.
Presque tous les cas qui seront présentés dans la série documentaire n’ont pas été attitrés l'équipe d'enquête par les assureurs. Ce sont les services incendies ou les propriétaires victimes qui ont fait appel à son service d’enquête. L’expert en service-conseil incendie souhaite collaborer davantage avec les assureurs et les experts en sinistre dans l'éventualité que la série soit reconduite pour une seconde saison.