Dans un nouveau rapport, L’évolution de la nature du travail au Canada : 1987 à 2024, Statistique Canada révèle que seulement 40 % des emplois ne sont pas hautement susceptibles d’être perturbés par l’intelligence artificielle (IA).

L’organisme confirme également les tendances observées dans les recherches antérieures sur l’emploi : les professions impliquant des tâches cognitives non routinières ont progressivement augmenté au fil du temps, tandis que celles reposant sur des tâches manuelles et routinières ont décliné. 

Depuis 2022, toutefois, l’IA est devenue largement accessible. « Contrairement à l’automatisation et aux formes de technologie plus anciennes, l’IA a le potentiel de modifier les emplois occupés par des travailleurs hautement qualifiés », écrivent les auteurs du rapport. Ils précisent également que les emplois dans les secteurs des affaires et des finances sont moins susceptibles d’être complémentaires à l’IA et pourraient donc se retrouver en concurrence avec elle.

À l’inverse, certaines professions sont identifiées comme étant hautement complémentaires à l’IA et pourraient en bénéficier, notamment les médecins, les infirmières et infirmiers, les enseignants ainsi que les ingénieurs électriciens. 

Un taux d’adoption de l’IA encore faible au Canada 

Jusqu’à présent, cependant, l’adoption et la mise en œuvre de l’IA restent faibles au Canada. Selon une étude menée au deuxième trimestre de 2024, seulement 6,1 % des entreprises canadiennes déclarent utiliser l’IA pour la production de biens ou la prestation de services. 

La nature du travail a évolué graduellement au fil des décennies. Ainsi, la proportion d’hommes occupant des postes de gestion, de profession libérale ou de nature technique est passée de 23,5 % en 1987 à 29,6 % en 2019. Du côté des femmes, cette proportion est passée de 23,7 % à 33,3 % durant la même période. 

Accélération vers des emplois spécialisés 

Entre 2019 et 2022, la transition vers des emplois en gestion, en professions libérales et en techniques s’est accélérée de 3,3 % chez les hommes et de 3,4 % chez les femmes. « La tendance à la baisse des professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution s’est également accélérée pendant cette période », soulignent les auteurs.

De 2022 à 2024, la part des emplois en gestion, en professions libérales et en techniques a encore progressé, avec une augmentation de 1,4 point de pourcentage chez les hommes et de 2,6 points de pourcentage chez les femmes. À l’inverse, les métiers liés à la production, à l’artisanat, à la réparation et au travail manuel ont poursuivi leur déclin. 

Les tendances récentes confirment la transition à long terme vers des emplois moins routiniers et plus axés sur les tâches cognitives. « Bien qu’on puisse s’attendre à ce que l’IA ralentisse la croissance de l’emploi dans certaines professions comportant des tâches cognitives non routinières, il n’y a à ce jour aucune preuve d’un ralentissement de la croissance de cette vaste catégorie de professions, possiblement en raison de l’adoption relativement faible de l’IA par les entreprises canadiennes », notent les chercheurs.