À peine le tiers des incendies qui surviennent au Québec sont signalés aux assureurs. En 2018, plus récentes données disponibles au ministère de la Sécurité publique (MSP), à peine 6 414 rapports d’incendies ont été transmis aux compagnies d’assurance alors que les pompiers ont dû éteindre 17 172 feux. Les proportions étaient sensiblement les mêmes en 2016 et 2017. 

Cet écart de déclarations s’explique de plusieurs façons. Les assureurs ne rapportent que les incendies qui ont engendré des pertes matérielles et financières (feux de véhicules, de bâtiments, etc.), souligne le MSP dans son rapport : La sécurité incendie au Québec 2021. Les feux extérieurs sans perte où les dégâts ne sont pas significatifs au point de faire une déclaration ou une réclamation à son assureur, ne sont pas déclarés par les compagnies d’assurance. Autre facteur important, un certain nombre de citoyens ne sont pas assurés. Selon un sondage SOM publié en 2016, 37 % des locataires au Québec n’avaient pas de couverture d’assurance habitation.

À l’inverse, des centaines d’incendies rapportés par les assureurs n’ont pas été déclarés par les services de sécurité et incendie (SII). Il peut s’agir de feux de bâtiments, véhicules, cheminées, pour lesquels les pompiers n’ont pas été appelés. Le MSP en a comptabilisé 1 674 en 2016, 1 602 en 2017 et 1 519 en 2018 pour un total de 4 795 durant ces trois années.

Le nombre de rapports reçus par les compagnies d’assurance pour des feux est bien supérieur au nombre d’incendies. En 2016, elles disent avoir reçu 6 259 rapports pour 3 052 incendies correspondant à ces sinistres, 5 891 rapports pour 2 979 feux en 2017 et 6 414 rapports pour 3 160 foyers en 2018. Cette différence tient au fait que le même incendie peut nécessiter plusieurs rapports de la part de différents assureurs, par exemple, pour des logements multiples. 

Le nombre d’incendies en hausse 

De 2014 à 2018, une augmentation du nombre d’incendies a été enregistrée chaque année au Québec, sauf pour l’année 2017, comme le montre le graphique suivant : 

La baisse enregistrée en 2014 et 2017 était notamment attribuable à une pluviométrie plus importante que la normale, précise le MSP. Sur une période de cinq ans, ajoute le même rapport, le Québec a connu en moyenne un taux d’incendies de 2 incendies par 1 000 habitants. 

En 2018, 4 885 résidences ont été endommagées par des incendies dans la province ainsi que 516 bâtiments commerciaux. En moyenne, les pompiers interviennent sur 45 à 50 incendies par jour. Toujours en 2018, les articles de fumeur ou objets à flamme nue (chandelles, bougies et autres) ont été la source des incendies survenus dans 1 190 bâtiments résidentiels ou commerciaux. 

Décès et blessés lors des incendies 

Les feux entraînent des dizaines de pertes de vie par année. Entre 2014 et 2018, la province a enregistré en moyenne par année plus de 50 décès causés par les flammes. Le sommet durant cette période s’était produit en 2014 avec 76 décès, mais il s’agit de l’année dramatique où un feu avait causé la mort d’une trentaine de résidents d’une maison pour aînés à l’Isle-Verte. 

Les statistiques démontrent que les victimes d’incendies se retrouvent en plus grand nombre chez les hommes que chez les femmes. C’est chez les 40 ans et plus que le taux de mortalité est le plus élevé. Toutefois, le nombre de blessés a légèrement baissé entre 2014 et 2018 ; c’est dans le groupe dès 20 à 39 ans qu’ils ont été les plus nombreux. En 2018, les incendies ont provoqué 37 décès et des blessures chez 388 personnes, 336 civils et 52 pompiers. 

Hausse des incendies de véhicules 

Les incendies de véhicules (automobile, camion, bateau, roulotte, motocyclette) sont en augmentation, relève le MSP. En 2014, les services de pompiers en ont maîtrisé 2 333 et 2 375 en 2018. Ces feux ont représenté́ en moyenne chaque année près de 14 % des incendies déclarés par les services d’incendies. En moyenne, de 2016 à 2018, les incendies de véhicules ont engendré annuellement près de 33 millions de dollars en pertes, selon les estimations des systèmes de sécurité incendie (SSI) qui ont combattu ces feux.

Entre 2016 et 2018, la source de chaleur principale des incendies de véhicules a été le véhicule lui-même à plus de 64 %. Entre 2016 et 2018, à 54,4 %, la cause probable a été une défaillance ou une défectuosité́ mécanique ou électrique. Dans près de 22 % des cas, la cause est restée indéterminée. Le défaut de conception, de construction ou d’installation n’aurait été à la source que de 0,9 % des incendies de véhicules. 

Avertisseurs de fumée 

Sur les 19 327 bâtiments endommagés sur la période 2016 à 2018, indique encore le même rapport, 11 557 (60 %) des bâtiments avaient au moins un avertisseur de fumée, mais il a fonctionné dans seulement 7 530 (65 %) de ces installations. Donc, écrit le MSP sur la totalité́ des bâtiments endommagés, uniquement 39 % avaient un avertisseur de fumée qui était en place et qui a fonctionné́.

Enfin, 23 % des bâtiments endommagés n’avaient aucun détecteur, mais ils étaient peut-être pourvus d’un autre système d’alarme-incendie. Dans l’ensemble, 77 % des bâtiments endommagés n’avaient aucun système fixe d’extinction dans les incendies survenus de 2016 à 2018 ; 11 % des bâtiments endommagés avaient tout de même au moins un système complet ou partiel ou un appareil ponctuel d’extinction automatique.

Incendies par 100 000 habitants par régions 

En 2018, les cinq régions administratives du Québec où les incendies déclarés par 100 000 habitants ont été les plus nombreux ont été :