Les assureurs ont déjà reçu des milliers de demandes de règlement à cause des inondations en Colombie-Britannique, mais il faudra attendre encore un mois avant que les chiffres se précisent.
En effet, Rob de Pruis, directeur des relations avec les clients et l’industrie du Bureau d’assurance du Canada (BAC) en Alberta, indique que c’est environ un mois après une catastrophe du genre que le BAC est en mesure dresser un portrait réaliste des dommages. Il fait remarquer que l’ordre d’évacuation est toujours en vigueur à plusieurs endroits, si bien que ni les résidents ni les experts en sinistre ne peuvent se rendre sur place pour quantifier les dommages. Toutefois, des milliers de demandes de règlement ont déjà été présentées aux assureurs, dont les services de règlement sont ouverts en tout temps.
« On sait qu’on a affaire à un sinistre d’ampleur catastrophique. Les dommages vont s’élever à des millions et des millions de dollars. Combien, exactement ? On ne le sait pas encore. »
Protection contre les eaux de surface
La première chose que les résidents doivent faire, c’est de s’assurer que leur famille est hors de danger, précise Rob de Pruis. Ensuite, ils devraient communiquer avec leur représentant en assurance pour savoir s’ils ont souscrit la protection facultative contre les eaux de surface. C’est un produit relativement nouveau qui couvre les dommages causés par l’eau de même que certains frais, par exemple un séjour à l’hôtel à la suite d’un ordre d’évacuation.
M. de Pruis indique que cette protection est offerte à la plupart des résidents de la Colombie-Britannique. Environ 5 % d’entre eux ne peuvent pas se la procurer parce qu’ils vivent dans une zone où le risque d’inondation est élevé. Or, seulement la moitié des résidents la souscrivent. Les autres doivent compter sur l’aide financière du gouvernement en cas de catastrophe.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique a déclaré l’état d’urgence dans le sud-ouest, le centre et le sud-est de la province et dans l’île de Vancouver. Tous ceux qui n’ont pas de protection contre les eaux de surface peuvent demander l’aide financière en cas de catastrophe. Il s’agit des propriétaires et locataires résidentiels, des propriétaires d’entreprises, des administrations municipales, des communautés autochtones, des exploitants agricoles ainsi que des organismes de bienfaisance.
Malgré les dommages causés par ces inondations, M. de Pruis souligne qu’aucun événement en particulier ne fait automatiquement augmenter les primes. « L’industrie a les fonds nécessaires pour ce genre d’événement. C’est quelque chose qu’on prévoit. »
L’an dernier, dit-il, l’industrie a versé plus de 42 milliards de dollars (G$) en indemnités au Canada pour l’ensemble des branches d’assurance : auto, habitation et entreprises. Cette année, les feux de forêt en Colombie-Britannique lui ont coûté environ 155 millions de dollars (M$). « Contrairement à ce que les gens pensent, l’effet sur les primes n’est pas si grand que ça, compte tenu du montant global de 42 G$. »
Il ne fait aucun doute que les phénomènes météorologiques violents sont de plus en plus graves et fréquents, affirme M. de Pruis.
De 1983 à 2008, les assureurs canadiens ont enregistré chaque année quelque 422 M$ de sinistres liés à la météo, en moyenne. Dans les dix dernières années, la moyenne annuelle a été de 2,1 G$.
Mais l’an dernier seulement, le total s’est élevé à 2,4 G$. Avant les inondations en Colombie-Britannique, l’industrie en était déjà à plus de 1,3 G$ de sinistres causés par des phénomènes météorologiques violents. Cette somme comprend les feux de forêt mentionnés plus tôt ; une tempête de grêle en Alberta ; une tornade à Barrie, en Ontario ; une tempête de vent en Colombie-Britannique, en janvier ; et l’ouragan Larry qui a balayé les provinces de l’Atlantique.
« Alors, encore une fois, les sinistres assurés découlant du temps violent vont largement dépasser 1 milliard de dollars. »
Puisque ces phénomènes météorologiques augmentent en fréquence et en gravité, les assureurs veulent travailler de concert avec l’ensemble des gouvernements et des parties prenantes pour aider les collectivités à être plus résilientes. « Il faut prendre en compte les conditions actuelles, et aussi la situation météorologique que l’on pourrait connaître dans l’avenir », souligne M. de Pruis.