Même si la pandémie de la COVID-19 a enlevé de la pression sur les besoins de main-d’œuvre des entreprises dans plusieurs secteurs d’activité, la reprise qui s’amorce laisse présager un retour en force de ce problème chez les PME.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) vient de rendre public un nouveau rapport intitulé « Pénurie de main-d’œuvre : défi de l’heure pour les petites et les moyennes entreprises au Québec ». On y confirme que les offres d’emploi proposées par les employeurs sont toujours supérieures au nombre de travailleurs disponibles. Les données sont tirées des sondages menés par la FCEI auprès des dirigeants et propriétaires d’entreprises membres.
Impact certain
Dans son plus récent tableau de suivi de la santé des PME en date du 9 mars 2021, la FCEI constatait que 70 % des entreprises québécoises sont complètement ouvertes, 48 % fonctionnent avec un personnel égal ou supérieur à la normale et seulement 38 % obtiennent des revenus égaux ou supérieurs à la normale.
« Plus les PME fonctionneront à plein régime, plus les enjeux de main-d’œuvre s’amplifieront », indique-t-on dans le rapport.
En février 2020, juste avant la pandémie, le taux de chômage au Québec atteignait un creux mensuel de 4,5 %, notait le ministre des Finances du Québec dans son budget 2021-2022 déposé le 25 mars dernier.
Le taux de chômage atteignait 6,4 % en février 2021. Éric Girard prévoit que l’emploi pourrait retrouver son niveau du quatrième trimestre de 2019 d’ici la fin du deuxième trimestre de l’année.
« Le taux de chômage devrait être inférieur à 6 % d’ici la fin de 2022, un niveau compatible avec une économie qui tourne à plein régime », écrivait M. Girard dans son plus récent budget.
Selon François Vincent, vice-président Québec à la FCEI, le gouvernement a jeté de bonnes bases dans son budget pour aider les PME à relever le défi du manque de main-d’œuvre. La FCEI entend collaborer avec Québec pour faire connaitre les mesures en place et pour trouver d’autres pistes d’actions efficaces.
Essoufflés
Seulement un tiers des propriétaires de PME sur trois affirment ne pas être confrontés à un problème de pénurie de main-d’œuvre. Plus de la moitié des répondants (51 %) disent avoir dû travailler plus d’heures pour pallier le manque d’effectifs.
Deux entrepreneurs sur cinq affirment avoir eu à travailler significativement plus d’heures qu’avant en raison de la pandémie. Dans le secteur de la construction, 62 % des répondants fournissent la même réponse quant au surplus de travail.
Quelque 17 % des propriétaires de PME affirment avoir annulé ou reporté des projets d’affaires, et 26 % disent avoir refusé des ventes ou des contrats en raison du manque de personnel.
La pénurie de main-d’œuvre que vivent les PME est un frein au développement économique. « Ces opportunités d’affaires non réalisées, annulées ou reportées parce que les propriétaires d’entreprise ne trouvent pas les talents recherchés, sont des opportunités économiques perdues qui auraient pu bénéficier à la relance économique du Québec, souligne M. Vincent.
Embauches
Le besoin est toujours apparent pour les emplois qualifiés ou non qualifiés. L’enjeu est toujours présent et la pénurie observée retrouve les mêmes niveaux qu’avant la pandémie, souligne la FCEI.
Les plans d’embauche à long terme (12 mois) ont atteint le même niveau qu’en 2016, tandis que les plans d’embauche à court terme (3 mois) affichent un rebond important, ce qui coïncide avec la réouverture partielle de l’économie.
Parmi les actions que le gouvernement du Québec pourrait prendre pour combler les besoins de main-d’œuvre des PME, 57 % demandent de diminuer les taxes et impôts des PME et 49 % veulent que l’on bonifie les crédits d’impôt pour entreprises pour leur permettre d’offrir de meilleures conditions de travail.
Quelque 33 % des propriétaires veulent qu’on les aide à trouver des candidats dans leur région en facilitant l’arrimage entre les chercheurs d’emplois et les employeurs.
« Pour les entreprises qui seront les dernières à ouvrir, non seulement elles auront été davantage affectées négativement par la longueur des restrictions économiques, mais elles seront celles qui ouvriront au moment où l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre sera encore plus criant », conclut la FCEI en réclamant que le gouvernement du Québec priorise cet enjeu.