Voyant une opportunité dans le marché des moyennes et grandes entreprises (mid-market), trois grands cabinets de courtage du Québec ont décidé d’unir leurs forces pour desservir ce marché. Le nouveau cabinet EGR débutera ses activités avec un volume de 150 millions de dollars (M$) et 150 employés, le tout réparti dans neuf succursales.Les trois cabinets au cœur de la transaction sont Essor Assurances, établi à Montréal, Pratte Morissette, à Québec, et Assuraction, à Drummondville. Les activités d’assurance des particuliers et des PME d’Essor sont exclues de la transaction. L’équipe d’EGR comprendra notamment des courtiers spécialisés et affectés à la commercialisation de risques, des préventionnistes, des juristes et des experts en sinistres.

Nouvelle structure


Louis Bélanger, actuellement PDG de Pratte Morrissette, présidera la nouvelle compagnie. Il sera appuyé par Richard Drouin, à titre de vice-président exécutif, et par Simon Marchand Fortier, comme vice-président aux opérations. Ces derniers sont respectivement président d’Assuraction et vice-président de Pratte Morrissette. Michel Duval, PDG d’Essor, sera quant à lui le président du conseil d’administration de la future entité. Ces quatre dirigeants seront les actionnaires de contrôle d’EGR. Un groupe d’employés-clés fait aussi partie de l’actionnariat. Le Journal de l’assurance s’est entretenu avec eux pour connaitre les raisons derrière ce geste stratégique.

 

Trois ans de discussions


Louis Bélanger souligne que leur décision a été murement réfléchie. Il a d’ailleurs révélé que les discussions avec Michel Duval ont débuté il y a trois ans.

 

 

« On vit dans un monde où il y a beaucoup de consolidation, tant du côté des assureurs que de celui des courtiers. Les assureurs sont devenus de très grosses organisations. On vit la même chose dans le courtage, où il y a eu une multitude d’acquisitions, surtout relatives à l’assurance des particuliers et des PME. Nous visons toutefois un créneau un peu différent », dit M. Bélanger.

M. Bélanger dit avoir amorcé cette réflexion à Québec, en constatant qu’il était à la tête de l’un des plus gros cabinets de l’endroit. « Si on veut demeurer un marché robuste pour les assureurs, il faut être plus présent géographiquement à travers tout le Québec. C’est pourquoi nous avons visé à avoir une taille plus respectable », dit-il.

La réflexion fut similaire chez Assuraction, confie Richard Drouin. « En faisant l’analyse de notre marché et de la consolidation, nous en sommes venus à la conclusion que c’était la meilleure façon d’être bien outillés pour être à l’avant-plan. De plus, les trois cabinets ont des façons de faire qui se ressemblent. Nous avons rapidement développé une chimie, ce qui a mis la table pour la transaction », dit-il.

Transactionnel versus relationnel


Quant à Michel Duval, il souligne que c’est la différence des marchés dans lesquels Essor opère qui l’a amené à avoir cette discussion. « Nous sommes présents dans trois créneaux. L’assurance des moyennes et grandes entreprises est différente de l’assurance des particuliers et des PME. Le rapport y est plus relationnel, comparativement à un rapport transactionnel pour les deux autres. En assurance des particuliers et des PME, on a de gros volumes, ce qui permet d’établir des procédures et de standardiser des transactions. Dans le mid-market, il faut beaucoup travailler la relation avec le client », dit-il.

 

Outre son rôle de président du conseil d’administration d’EGR, M. Duval continuera de diriger les activités de courtage en assurance de dommages et des PME d’Essor Assurances. Le cabinet poursuivra ses activités avec un volume de primes de 140 M$ et 230 personnes à l’emploi, le tout réparti dans 16 bureaux.

EGR se spécialisera dans cinq créneaux : la construction, le secteur manufacturier, le transport, l’assurance erreurs et omissions (E&O), ainsi que l’assurance des administrateurs et dirigeants (D&O). L’entreprise traitera avec plus d’une cinquantaine d’assureurs. Dans le créneau du mid-market, EGR viendra concurrencer GPL Assurance, Hub, AON et BFL Canada.

« Le marché des multinationales est très bien desservi au Québec. C’est moins le cas pour les moyennes et grandes entreprises. « Quand on arrive dans le mid-market, ce ne sont pas toujours les meilleures ressources qui sont déployées pour ces comptes. On croit qu’on a les atouts pour y tirer notre épingle du jeu, d’autant plus que le nombre de courtiers a chuté de façon importante au cours des dernières années », dit Louis Bélanger.

Croissance organique et croissance par acquisitions


EGR misera tant sur la croissance organique que sur la croissance par acquisitions pour croitre. M. Bélanger ne cache toutefois pas que si EGR veut atteindre 300 M$ de primes rapidement, il devra le faire par l’entremise d’acquisitions.

 

« Nos trois entreprises ont une situation financière très saine. Nous sommes prêts pour la prochaine étape et nous avons un beau trousseau de guerre », dit-il.

Richard Drouin ajoute que, pour lui, la beauté d’EGR réside dans le fait qu’en regroupant ses forces, l’entreprise a atteint un bel équilibre entre l’expérience et la jeunesse, en plus d’avoir des spécialistes pour profiter des occasions qui vont se présenter.

« Nous investissons beaucoup dans notre personnel. Le nerf de la guerre, c’est le talent et le recrutement. « Tous les trois, nous avons axé sur le recrutement de jeunes talents en fonction des profils dont nous aurons besoin dans le futur », ajoute M. Bélanger.

Les succursales d’EGR sont situées tout au long du pôle Montréal-Québec. Outre les bureaux se trouvant dans ces deux villes, EGR a des succursales à Laval, à Drummondville, à Sherbrooke, à Victoriaville, à Trois-Rivières et à Laurier-Station.