L’assurance temporaire 10 ans est de moins en moins chère, au point de passer pour un produit de commodité. Une tournée de notre service d’information AssuranceINTEL démontre pourtant une effervescence de nouvelles caractéristiques dans ce marché habitué à bouger uniquement sur le prix.
L’assurance temporaire 10 ans (T10) coute moins cher aujourd’hui qu’il y a 14 ans. Selon un article publié dans le Journal de l’assurance de juin 1998, un homme de 40 ans non-fumeur pouvait obtenir au meilleur taux annuel de 510 $ (privilégié) un montant d’assurance temporaire 10 ans de 500 000 $ auprès de Transamerica Vie Canada.
Selon les mêmes conditions, cet assuré peut aujourd’hui obtenir une T10 pour 340 $. Ce meilleur prix du marché est offert ex-aequo par RBC Assurance et UV Mutuelle. Transamerica offre la même protection pour 365 $. BMO Assurance vie offrait la sienne pour 565 $ en 1998 sous le nom d’AIG Vie du Canada. L’assureur offre aujourd’hui la même chose pour 350 $. Pendant ces 14 ans, Financière Manuvie a pour sa part fait passer son meilleur prix de 590 $ à 391,92 $.
L’amélioration de l’espérance de vie est en cause. Il y a aussi l’hypothèse d’annulation des polices. Si plus d’assurés abandonnent leur police à terme, cela permet à l’assureur de couper le prix d’entrée, car il n’aura pas à supporter le risque à long terme. Or, des primes de renouvellement de plus en plus élevées donnent un gage d’abandon aux assureurs.
« Aujourd’hui, la prime de renouvellement est presque sept fois plus élevée que la prime initiale. Il y a dix ans, c’était seulement trois fois. Les seuls qui n’abandonnent pas leur police au renouvellement sont ceux qui ne sont plus assurables ou qui l’avaient transformée auparavant », dit Andrée Couture, directrice des services marketing chez Conseils PPI.
RBC et UV Mutuelle ont le meilleur prix d’entrée mais leur prime de renouvellement est respectivement de 1 836 $ et 1 936 $.
En attendant le renouvellement, le conseiller travaille pour une rémunération minime. « En fait, il paie pour vendre une T10 », ironise Mme Couture. Une commission de première année de 40 % sur une prime de 300 $ couvrira à peine les démarches du conseiller et ses frais d’administration. La T10 permet plutôt à celui-ci de mettre le pied dans la porte et solidifier la relation avec son client, dit-elle.
Nouveautés et saveur du mois
La tendance en assurance temporaire consiste pour les conseillers à suivre les taux de près, renchérit Christian Laroche, vice-président de Pro Vie assurances. « C’est la saveur du mois. Toutefois, on se rend compte qu’il n’y a plus une grande différence entre les assureurs. Ils se distinguent parfois de quelques sous », fait-il remarquer.
Avec si peu d’écart, le conseiller choisira un assureur qu’il préfère, croit M. Laroche. Au-delà du prix, ajoute-t-il, le conseiller choisira celui qui offre un excellent service. Service veut par exemple dire livrer la police au tarif prévu, sans surprime ni refus et dans des délais raisonnables.
« Un fournisseur avec une police qui se distingue chez les 40 ans et moins sera peut-être plus faible dans la clientèle âgée. Des fournisseurs seront plus souples que d’autres dans certains créneaux. Nous détectons leur niche. »
En outre, les assureurs se distinguent de plus en plus sur les caractéristiques. En février, BMO Assurance vie a élargi son offre d’assurances T10 et T20. Ces produits sont maintenant disponibles en avenant sur les contrats d’assurance vie universelle et d’assurance vie entière non participante. L’assureur rappelle qu’en mai dernier, il avait réduit ses taux à l’établissement pour les montants d’assurance de 250 000 $ et plus.
Populaire ces dernières années, l’avenant de maladies graves pour enfants a dernièrement migré sur toutes les polices temporaires de La Capitale.
De son côté, UV Mutuelle offre maintenant une valeur de rachat à partir de 75 ans sur sa temporaire 100 ans (T100).
Desjardins Sécurité financière (DSF) a augmenté l’âge maximum pour la transformation. L’assureur a aussi ajouté des options plus flexibles de transformation.
Fin 2011, DSF a d’ailleurs lancé sa première assurance temporaire 30 ans. Pour promouvoir son offre auprès des conseillers, l’assureur a majoré de 5 % la commission de première année pour toute vente de T30, jusqu’au 30 juin. La commission de première année totale atteindra donc 50 % jusqu’à cette date.
DSF vise des besoins de couverture de prêts et de remplacement de revenu, explique son vice-président développement et mise en marché assurance et épargne des particuliers, André Langlois. Le produit dit répondre à une tendance dans le secteur du crédit.
Refinancer les emprunts
« Avec les bas taux d’intérêt, les particuliers et les entreprises en profitent pour refinancer leurs emprunts. En allongeant la période d’amortissement, ils dégagent des liquidités. Les dettes se gèrent plus aisément avec la T30 que la T10 ou la T20 », dit-il. M. Langlois observe aussi une tendance lourde à l’allongement des prêts hypothécaires.
Autrement, la police peut remplir un besoin de remplacement de revenu pour la clientèle familiale. « Les jeunes familles n’ont pas toujours les liquidités pour renouveler une couverture dans dix ans ou la transformer durant cette période », dit M. Langlois.
Après son terme de 30 ans, la police se renouvelle au dix ans par la suite. DSF émet cette police de 18 à 50 ans, pour un capital assuré minimum de 50 000 $ et maximum de 10 M$. La protection prend fin à l’âge de 80 ans. L’assuré peut transformer sa police jusqu’à l’âge de 70 ans. Il peut accéder à des taux privilégiés à partir d’un montant d’assurance de 250 000 $. La protection n’est pas offerte en avenant sur la plateforme Sommum.
Le réseau hésite toutefois à parler de tendance vers l’assurance temporaire 30 ans. Pour sa part, le président de Independent Planning Group (IPG), Allan Bulloch, n’observe aucune tendance majeure en assurance temporaire, encore moins en T30.
« Peu de fournisseurs offrent la T30. Je peux comprendre qu’un conseiller sans contrat avec un tel fournisseur n’en vendra pas. Nous offrons la T30 par l’entremise de Transamerica uniquement. Nos conseillers n’en vendent pas un nombre significatif », dit M. Bulloch.