L’assureur a causé toute une surprise à ses trois distributeurs québécois en annonçant il y a quelques semaines son retrait immédiat du marché de l’assurance vie par courtage au Québec.Co-operators courtisait depuis peu le marché québécois avant son coup de théâtre qui a causé tout une surprise. Les trois agents généraux avec lesquels il avait des ententes de distribution au Québec, soit le Groupe CMA, Force Financière Excel, et le Groupe Cloutier, ont récemment appris la fermeture pure et simple des activités vie de Co-operators au Québec.
Le retrait de Co-operators survient en effet un peu plus d’un an après le lancement de ses activités d’assureur vie par courtage au Québec, le 1er mai 2006. L’assureur avait d’ailleurs ouvert son bureau au centre-ville de Montréal dans le même édifice que ceux de l’Union canadienne, une de ses filiales en assurance de dommages.
En prévision de son offensive québécoise l’an dernier, la société a embauché 11 personnes, dont Denis Tremblay, à titre de directeur marketing, assurance individuelle. M. Tremblay avait œuvré plusieurs années pour La Maritime avant que l’assureur ne soit acheté par Financière Manuvie.
M. Tremblay devait rester en poste jusqu’à la fermeture officielle des bureaux montréalais, le 31 mai dernier. Outre M. Tremblay lui-même, certains employés de la division Québec seront mis à pied, alors que d’autres resteront à l’emploi de la société, a-t-il indiqué. « Co-operators continuera de desservir ses clients du Québec tant qu’ils resteront dans les livres », a ajouté M. Tremblay. Il a refusé de commenter davantage la décision de son employeur.
De son côté, Garry Herback, vice-président en assurance individuelle chez Co-operators, affirme que l’assureur a investi considérablement dans son incursion en sol québécois en ressources financières, en ressources humaines et dans la tarification de ses produits. Il a néanmoins refusé d’en dévoiler le montant.
« Nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés dans le marché québécois, concède M. Herback, qui refuse toutefois de dévoiler le montant du volume des primes encaissées au Québec. Disons que nous avons atteint à peine 10% des objectifs que nous nous étions fixés. »
Retour?
M. Herback parle en fait d’un repli stratégique du Québec plutôt que d’un retrait définitif. Il dit attendre des conditions plus favorables à un retour dans la Belle province.
Garry Herback affirme que Co-operators avait pourtant bien fait ses devoirs avant de lancer ses activités québécoises. Mais une fois sur le terrain, les défis n’ont cessé d’affluer.
La stratégie québécoise de Co-operators consistait notamment à signer des ententes de distribution avec un nombre restreint d’agents généraux. En février dernier, Co-operators travaillait activement à conclure une entente avec un quatrième distributeur afin de percer dans le marché anglophone. Le plan est par la suite tombé à l’eau.
M. Herback a aussi invoqué la concurrence féroce dans le réseau indépendant au Québec.
Pour sa part, Normand Caty, président du Groupe CMA, révèle que son entreprise avait placé 50 000$ en volume de primes auprès de Co-operators, et un autre 20 000$ était en attente d’émission juste avant la fermeture. Il a dit avoir appris la nouvelle par un coup de fil de Denis Tremblay au cours du mois de mai.
De son côté, le président de Force Financière Excel, James MacMahon, s’est déclaré déçu de cette décision.
« Ce que j’en comprends, c’est que le marché du Québec s’est présenté comme étant plus concurrentiel que Co-operators l’avait prévu, avance M. MacMahon. L’assureur devait investir davantage d’argent pour améliorer les produits et la tarification. Le marché québécois est à la fine pointe: si vos produits sont plus chers que tout le marché, votre pénétration sera plus difficile. » Nous n’avions pu joindre le Groupe Cloutier à ce sujet au moment de fermer la présente édition.