Vous avez sûrement déjà une certaine formule qui vous permet de répondre à ceux qui vous interrogent sur la volatilité des marchés. Les conseils que nous proposons ici n’ont peut-être rien de renversant pour quelqu’un qui s’y connaît déjà bien en planification, mais nous espérons que, à force de le répéter, nous vous permettrons de renforcer vos convictions, voire de bonifier la réponse que vous donnerez à vos clients.

En fait, la volatilité n’a rien de nouveau. Nous avons toutefois connu des années relativement stables, si bien que de nombreux investisseurs, surtout ceux qui font leurs premières armes en investissement, ne comprennent pas tous les tenants et aboutissants de la volatilité — du moins jusqu’à récemment.

Le comportement du client 

« L’une des choses les plus difficiles à gérer en tant que conseillers, ce n’est pas nécessairement le marché, mais plutôt le comportement de la clientèle. Nous savons ce qu’il faut faire, mais il est parfois difficile d’amener le client à partager notre façon de penser », explique Christopher Dewdney, planificateur financier agréé (CFP) et directeur du cabinet ontarien Dewdney & Co. « Il faut aborder chaque client un par un », ajoute-t-il.

La volatilité, dit-il, est une bonne chose ; c’est un élément qui va de soi sur les marchés boursiers, et il faut savoir l’accueillir, surtout si le client a des revenus disponibles ou un capital à investir. « Il est tout à fait naturel qu’elle se pointe sur un marché : c’est sain, et il y en aura toujours. »

Jason Heath, planificateur financier certifié au cabinet Objective Financial Partners situé à Markham (Ontario), rappelle que, lorsqu’on investit dans des actions ou des obligations, les résultats ne forment pas une ligne droite, comme ce serait le cas si on plaçait ses fonds dans un CPG. « La volatilité fait incontestablement partie d’une stratégie d’investissement. » 

Être sur le marché au bon moment 

« Elle existe. Elle est toujours là », convient Justine Zavitz, vice-présidente et conseillère chez Zavitz Insurance and Wealth, qui ajoute que la nécessité d’agir au moment opportun est un autre élément important à garder en tête dans des périodes comme maintenant. « Nul ne sait à quel moment exact un marché bougera, dit-elle. On ne sait pas quel est le meilleur moment pour vendre ou acheter ; il faut donc s’en tenir à son plan (financier), en se disant que la volatilité fait partie du paysage. »

Pour ce qui est d’être sur le marché au bon moment, Jason Heath explique que les chances d’y parvenir sont à peu près les mêmes que lorsqu’on joue à pile ou face. « Essayer de choisir le bon moment pour vendre, puis le bon moment pour racheter, c’est devoir faire le bon choix non seulement une, mais deux fois. C’est assez très difficile à faire. En règle générale, quand on observe ce qu’il se passe à long terme, ceux qui gardent leurs placements sont ceux qui s’en sortent le mieux. » 

Risque de volatilité 

Il est intéressant de noter que, depuis 2008, la plupart des clients de Justine Zavitz sont davantage conscients du risque de volatilité et du fait que la façon dont on gère un portefeuille peut modifier les résultats qu’un investisseur obtient au bout du compte. « Je constate que les clients — du moins, les miens — sont très, très conscients de l’importance de ne pas vendre dans de telles circonstances. Évidemment qu’on a peur quand on voit son portefeuille perdre de sa valeur ; tout le monde ressent la même chose. Mais la meilleure chose à faire, c’est de le garder. J’ai l’impression que mes clients sont pas mal tous au fait de cette réalité. Je ne sais pas si c’est parce que nous en avons parlé avant qu’elle se pointe ou si c’est parce qu’ils lisent tous les mêmes articles, mais les gens commencent à beaucoup mieux comprendre comment le comportement agit sur le marché, tout comme les indicateurs économiques. » 

Selon Jason Heath, les personnes à qui l’on a expliqué le principe de la volatilité seront peut-être mal à l’aise de voir que leurs placements perdent de la valeur, mais elles seront aussi en principe prêtes à accepter que cela fasse partie d’une démarche de placements à long terme. « Les personnes les plus à risque dans un cycle de volatilité comme celui que nous vivons sont celles qui n’ont pas été préparées par leur conseiller à vivre un marché haussier ou baissier », ou celles qui investissent sans conseiller. 

M. Heath ajoute que les investisseurs autonomes ont, de façon générale, connu un assez bon parcours au cours des 10 dernières années. Beaucoup, en particulier ceux qui investissent dans des actifs plus risqués — petites entreprises, titres technologiques, actions mèmes et cryptomonnaies — sont pris par surprise par cette volatilité qu’ils n’ont encore jamais vue. « C’est en quelque sorte une leçon. Il faut se diversifier », assure-t-il.

« Nous espérons que les gens sont prêts à voir ce qui s’en vient, mais nous savons que ce ne sera pas le cas de tout le monde, ajoute-t-il. Nous ne disons pas qu’il faut se réjouir de ce qui se passe actuellement, mais il faut se rappeler que cela fait partie d’un processus de placement. » 

Horizon de placement 

En fait, les planificateurs interrogés affirment qu’il est peu probable que des placements associés à un horizon à long terme, de cinq ans ou plus, perdent de la valeur si on permet au portefeuille de se redresser après les périodes de volatilité. Pour ceux qui ont commencé à puiser dans leurs placements, même un retrait annuel de 5 % leur laissera encore 95 % ou plus du portefeuille bien en selle pour profiter d’une reprise. « Quelle que soit votre situation, assurez-vous simplement de ne pas agir sur un coup de tête », prévient M. Heath, en évoquant ces clients qui peuvent réagir de façon impulsive en décidant d’investir ou de désinvestir.

Mme Zavitz fait remarquer qu’il est utile de ressortir le plan financier du client et de souligner ce qu’il doit réaliser comme gains chaque année pour le concrétiser : généralement, quand un client obtient un excellent rendement une certaine année, ce gain compense les années moins rentables. « Lorsque le marché remonte, il peut être approprié de demander au client de reprendre le “questionnaire de détermination du profil d’investisseur”, pour voir si la démarche prévue reste pertinente. » 

Une question de discipline  

M. Heath est d’accord et ajoute que les clients doivent également avoir une excellente discipline relativement à la répartition de leurs actifs. Si certains clients investissent actuellement dans des actions parce que leur portefeuille à revenu fixe ne leur a pas procuré le rendement souhaité par le passé, il est peut-être temps de revoir cette hypothèse et de rééquilibrer leur portefeuille. « Les CPG sont beaucoup plus concurrentiels en ce moment — plus que jamais en 15 ans », dit-il.

Pour ce qui est de la guerre, de l’augmentation des taux d’intérêt et de la très forte inflation, M. Dewdney souligne que les investisseurs ont déjà traversé de telles périodes. « Dans le fond, rien n’a changé, dit-il, à l’instar de ses collègues : l’important, c’est de garder son calme et s’en tenir au plan. »