Isabelle Girard

Devant le Cercle canadien de Montréal, le 28 octobre dernier, Isabelle Girard, vice-présidente principale et cheffe du numérique et des données d’Intact Corporation financière, a fait part des efforts de l’entreprise en matière d’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) générative. 

Mme Girard, actuaire de formation, était l’une des trois personnes invitées à ce panel de discussion axé sur l’intelligence artificielle. Depuis janvier 2024, elle est à la tête d’Intact Lab, qui emploie environ 500 personnes, précise-t-elle. Depuis 2017, ce laboratoire comporte un volet sur les sciences des données, lequel aide l’assureur à tirer le maximum du grand volume de données qui sont collectées sur les assurés, les risques et les réclamations. 

« On voit l’intelligence artificielle comme outil pour nous donner des nouvelles approches pour mieux exploiter toutes les données dont on a besoin au sein de notre entreprise », dit-elle. 

Selon Mme Girard, l’approche se veut très pratique. « Notre objectif, c’est vraiment d’utiliser l’intelligence artificielle pour déployer des solutions au sein des différentes unités. Depuis la création d’Intact Lab, on a déployé environ 370 modèles dans les différents secteurs de l’entreprise. Donc ce qui fonctionne pour nous, c’est notre approche centralisée, développer de l’expertise à l’interne puis travailler de près avec les unités d’affaires pour comprendre comment appliquer des solutions d’intelligence artificielle dans leur réalité. » 

La tarification 

Les premières applications de l’IA ont été utilisées « pour mieux segmenter nos primes et dans notre tarification d’assurance. On utilise aussi l’intelligence artificielle pour gérer une grande quantité de données dans notre programme de télématique », indique Isabelle Girard. Les données de conduite des clients en assurance automobile sont ainsi traitées.

« On utilise aussi des solutions d’intelligence artificielle pour accélérer la saisie de données dans le cadre de notre segment en assurance des entreprises. Le système récupère l’information dans différents types de documents, que ce soit des courriels, des fichiers Excel ou PDF, puis on utilise l’intelligence artificielle pour saisir ces données dans nos systèmes pour pouvoir générer des soumissions plus rapidement pour nos clients », explique-t-elle. 

Un système centralisé 

La vice-présidente d’Intact recommande aux entreprises qui veulent tirer profit de l’IA générative d’adopter une approche centralisée « pour s’assurer de développer l’expertise, mais aussi d’apprendre de nos erreurs au fur et à mesure qu’on déploie des modèles ». 

L’assureur a appris à développer ses modèles en les appliquant à un domaine où il a de l’expertise, soit la segmentation du risque. Après quelques années, le déploiement s’est poursuivi dans d’autres activités.

« Selon notre expérience, il faut s’assurer que votre équipe de direction est un bon partenaire des projets d’intelligence artificielle. Elle doit également comprendre ce que l’intelligence artificielle permet de faire, mais aussi ses limites, c’est tout aussi important », dit-elle. 

Mme Girard ajoute qu’il faut éviter de sous-estimer le temps requis pour préparer adéquatement les données qui seront confiées à la plateforme d’IA. « Un modèle d’IA sans données, ça ne donne pas beaucoup de choses. On n’avait pas nécessairement évalué tout le temps et l’énergie que ça prend à préparer les données, à rendre les données accessibles pour ensuite déployer l’intelligence artificielle et faire des modèles. » 

Elle précise qu’il n’est pas nécessaire de développer tous les modèles à l’interne. L’assureur utilise aussi certains de ces outils qui existent en mode « open source ». Selon elle, l’important est de les rendre disponibles aux employés dans un environnement sécurisé. 

Les outils développés à l’aide de l’IA visent à améliorer la productivité des employés afin qu’ils puissent se consacrer à des tâches « qui apportent de la valeur ».

« On utilise l’intelligence artificielle pour accélérer la saisie de données, ce qui fait en sorte que notre souscripteur va vraiment plus passer du temps pour analyser son risque, au lieu de saisir de l’information d’un système à l’autre », indique Mme Girard. 

La plateforme de souscription améliorée permet de cibler les éléments et d’attirer l’attention du souscripteur sur un aspect du risque qu’il analyse. « C’est vraiment important que l’humain fasse partie du processus », dit-elle. 

La formation du personnel est requise, notamment pour remettre en question la précision des réponses fournies par l’IA générative. « Ce n’est pas parfait », souligne Isabelle Girard. La région métropolitaine profite d’un écosystème très développé en matière de formation liée à l’IA et les entreprises ont tout intérêt à en profiter, selon elle.

Elle encourage les participants à se lancer dans l’utilisation de l’IA générative. « Vous allez trouver votre façon d’amener une valeur additionnelle dans votre entreprise avec l’IA », conclut-elle.