L’économie comportementale peut-elle venir à la rescousse des assureurs pour réduire les cas de fraude ? Sans l’ombre d’un doute, affirme le réassureur Swiss Re dans la plus récente mouture de sa publication Economic Insights.
Ses spécialistes en la matière rappellent que l’économie comportementale incorpore les apprentissages de la psychologie pour expliquer la prise de décision humaine. Elle porte ainsi une attention particulière aux irrationalités qu’il y a dans ce comportement.
Les assureurs ont fait appel à l’économie comportementale pour améliorer leurs processus de vente et réduire les taux de déchéance de leurs contrats. Celle-ci pourrait toutefois leur permettre d’aller un cran plus loin pour détecter la fraude à l’assurance, estiment les analystes de Swiss Re.
80 G$ par année… aux États-Unis
Ceux-ci indiquent que les assureurs se sont surtout concentrés à détecter les cas de fraude en faisant appel à l’analytique avancée. Il pourrait être tout aussi important qu’il s’attaque à comprendre les comportements des fraudeurs à l’assurance, disent les analystes de Swiss Re. Ils citent aussi la Coalition Against Insurance Fraud, qui estime que le cout de la fraude à l’assurance dépasse chaque année les 80 milliards de dollars aux États-Unis.
En plus, la perception des gens qui fraudent leur assurance pourrait être aisément changée, estiment-ils. Ils en dégagent trois grands comportements.
Il y a tout d’abord ceux qui font ce que les autres font. Si un voisin ou un ami fraude l’assurance, pourquoi pas eux ?
Il y a ensuite ceux qui gonflent le cout de leur réclamation, se disant que leurs biens valent plus que ce qu’ils en coutent réellement. Puis viennent ceux qui s’estiment lésés dans le traitement de leurs réclamations et qui estiment qu’il devrait aller chercher un montant précis.
Être honnête dès le début
Swiss Re conseille ainsi aux assureurs de prendre la déclaration quant à la valeur de ce qu’ils assurent des gens avant la réclamation. Si les gens s’identifient comme étant honnêtes dès le départ, il y a de bonnes chances qu’ils maintiennent cette image d’eux tout au long du processus.
Offrir un choix de réponse aux assurés est une autre avenue, estiment-ils. Ils donnent en exemple le cas d’une étude réalisée en 2008 auprès d’assureurs. Ceux qui avaient demandé à leurs clients s’ils fumaient quotidiennement, hebdomadairement ou mensuellement avaient observé une hausse de la divulgation de 3 % du nombre de fumeurs. Au contraire de ceux qui avaient simplement demandé s’ils étaient fumeurs ou pas.
« Les assureurs peuvent influencer le comportement des clients et les éloigner de la tentation de frauder. Expliquer aux gens que la réclamation qui leur est payée provient d’un grand groupe de titulaire de polices d’assurance peut les dissuader de tenter de réclamer frauduleusement. Ils réalisent ainsi que leurs actions ont un impact sur d’autres gens, notamment le fait de payer plus cher leurs couvertures d’assurance », expliquent les spécialistes de Swiss Re.