Près de la moitié des conducteurs canadiens croient que les technologies conçues pour rendre la conduite plus sécuritaire posent, en fait, un risque pour la sécurité routière, selon les résultats d’une étude publiée par Desjardins Assurances.

Les résultats suggèrent qu’il faudrait sensibiliser davantage les conducteurs pour que ces derniers comprennent leur utilité et, surtout, leurs limites. À ce propos, la vice-présidente, gestion de marque et promesse client de Belron Canada, Sylvie Leduc, avait, d’ailleurs, déclaré au Portail de l’assurance que près « d’un conducteur canadien sur deux a peu ou pas de connaissances sur les systèmes avancés d’aide à la conduite ». Elle en fait également écho dans le Livre blanc de Belron Canada, publié cette année.

Selon les données de Desjardins, la grande majorité des répondants (80 %) estime qu’il faudrait plus d’éducation sur la façon d’utiliser les technologies de sécurité. Près de la moitié des personnes sondées croient que les conducteurs se fient trop aux technologies de sécurité des véhicules et 63 % jugent que les systèmes de sécurité avancés sont une source de distraction au volant.

Bien que 51 % des répondants conviennent que les nouvelles technologies sont nécessaires pour rendre nos routes plus sures, 48 % des conducteurs croient que les technologies de sécurité des véhicules posent un risque à la sécurité des conducteurs.

Les voitures intelligentes sont dotées de technologies de plus en plus sophistiquées avec détection d’angle mort, avertisseur de collisions ou de conditions dangereuses. Or, leurs systèmes reposent sur des composantes électroniques qui font exploser les couts de réparation d’un véhicule. Entre 2009 et 2016, la facture moyenne d’une collision (responsable et non responsable) a grimpé de 30 %.

« Les résultats du sondage font réfléchir. Ils nous rappellent que, quand vient le temps d’assurer la sécurité de ses passagers et des autres usagers de la route, rien ne remplace la vigilance du conducteur, pas même le système de sécurité le plus avant-gardiste », dit Alain Hade, vice-président, marketing et expérience membres clients, chez Desjardins Assurances.

La voiture tueuse

Par ailleurs, un véhicule autonome, dont la conduite était assurée par un programme d’essais d’un logiciel de conduite automatisée, a causé la mort d’une piétonne après être entré en collision avec elle, le 18 mars 2018, à Tempe, en Arizona. L’enquête a démontré que le système de conduite automatisée avait détecté la piétonne, mais n’avait pas été en mesure de la qualifier de la sorte et d’adapter son trajet en conséquence. Le système de conduite automatisée n’a donc pas activé le système de freinage d’urgence du véhicule, mais se fiait plutôt à l’intervention de la conductrice à bord. Des vidéos de l’intérieur du véhicule montrent que la conductrice n’était pas attentive à la route et regardait plutôt son téléphone cellulaire déposé sur la console. La conductrice inattentive n’a pas été en mesure de prendre le contrôle du véhicule à temps pour prévenir l’accident et mitiger les dommages.

Actuellement, des véhicules de même niveau d’autonomie que celui utilisé pour cet essai, soit le niveau 3, circulent sur les routes du Québec en toute légalité. Aucune disposition ne prévoit actuellement l’encadrement spécifique des logiciels de conduite automatisée ni ne régit les risques associés à l’inattention des conducteurs de véhicules autonomes de niveau 3.

« Il faut faire attention à la façon de promouvoir ces technologies et leurs avantages afin que les gens comprennent leurs fonctions et leurs limites et qu’ils ne soient pas tentés de s’y fier dans des situations pour lesquelles elles n’ont pas été conçues », dit Robyn Robertson, présidente et directrice générale de la Fondation de recherche sur les blessures de la route.

Même si la plupart des constructeurs automobiles devraient dévoiler des véhicules autonomes ou semi-autonomes dans un avenir rapproché, les Canadiens ne semblent pas à l’aise avec les technologies de sécurité à la lumière des résultats de l’étude de Desjardins.

« Les technologies de sécurité ont un rôle important à jouer dans la prévention des blessures et des décès, mais elles ont aussi leurs limites », conclut M. Hade.

« Pour votre famille et les autres usagers de la route, rangez votre téléphone et réduisez au minimum les distractions. L'instauration d'une culture de la sécurité routière passe par une personne et une décision à la fois, alors faisons le bon choix », met en garde Gareth Jones, président du Conseil canadien de la sécurité, alors que la semaine nationale de la sécurité routière aura lieu du 1er au 7 décembre.