Selon l’Institut C.D. Howe, une inflation inattendue dévalue les engagements des gouvernements envers les obligations qu’ils émettent et pour lesquelles ils versent des taux d’intérêt nominaux, comme les obligations gouvernementales.
Dans un rapport publié le 9 août 2023, sous le titre Double the Pain : How Inflation Increases Tax Burdens, l’Institut C.D. Howe affirme que les gens souffrent déjà de l’inflation et que l’on ne devrait pas laisser les impôts aggraver leur situation. « Alors que l’argent fait déjà mal en perdant son pouvoir d’achat, les dispositions fiscales qui font fi de l’inflation peuvent multiplier la douleur pour les travailleurs, les épargnants et les bénéficiaires de programmes d’aide », peut-on lire dans le rapport du C.D. Howe.
Selon l’Institut, il est préférable d’augmenter les impôts selon l’indice des prix à la consommation (IPC) plutôt que ponctuellement sous la forme d’allégements fiscaux. Ce geste souvent politique ne laisse pas les contribuables dans une meilleure situation, expliquent les experts.
Inflation cible coûteuse
L’augmentation de l’IPC d’une année à l’autre (taux d’inflation) a dépassé la cible de 2 % en mars 2021. L’économie s’est constamment éloignée du taux cible fixée par la Banque du Canada depuis mars 2021 (2,2 %) pour battre un record vieux de quatre décennies en atteignant 8 % en juin 2022, relate le rapport du C.D. Howe. Le groupe d’experts prévoit que le retour à une cible de deux pour cent d’ici l’été 2025 se fera au prix d’une perte substantielle du pouvoir d’achat du dollar canadien. En cours de route vers cet objectif, cela pourrait signifier une perte du pouvoir de 15 %, depuis mars 2021, écrivent-ils.
L’inflation mesurée par l’IPC global a atteint 3,3 % en juillet 2023, a récemment annoncé la Banque du Canada. Il s’agit d’un rebond par rapport au taux d’inflation de 2,8 % mesuré en juin 2023. Entretemps, la banque centrale canadienne a porté son taux directeur de 4,75 % à 5,00 % le 12 juillet.
Plafonds immobiles
Le gouvernement fédéral indexe la plupart de ses crédits d’impôt et prestations à l’IPC, mais pas tous, précise le rapport. Le C.D. Howe fait entre autres valoir que le crédit d’impôt pour revenu de retraite et le plafond des crédits de frais de scolarité que les contribuables peuvent transférer à leur conjoint ou à leurs parents n’augmentent pas avec l’IPC. De même, malgré les augmentations ponctuelles, le crédit d’impôt pour les premiers acheteurs de maison ne monte pas non plus, ajoutent les auteurs du rapport de C.D. Howe.
Danger pour la retraite
Les particuliers qui investissent dans des véhicules d’épargne enregistrés, tels que les régimes de retraite à cotisations déterminées et les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), n’ont pas à craindre que l’inflation n’affecte les rendements à l’intérieur de leurs régimes, car le paiement de l’impôt est différé jusqu’au moment des retraits, rappellent les experts. « Mais lorsque l’impôt devient payable au moment du retrait, l’inflation peut aggraver le fardeau fiscal de manière plus importante », mentionnent-ils.
Dans son rapport, le C.D. Howe soutient que la rente indexée à l’inflation peut alléger ce fardeau. Il explique que l’inflation gonfle la valeur des retraits de rente ou de REER. Les retraités paient ainsi plus d’impôt dès les premières années de leur retraite, ce qui augmente le risque de s’appauvrir à un âge avancé. En revanche, la rente indexée à l’inflation procure une valeur cumulative égale tout au long de la retraite, selon les auteurs du rapport.