Emma et YouSet ont conclu un partenariat de distribution en assurance de personnes et en assurance de dommages le 24 septembre 2025. L’entente entre les deux partenaires prévoit que les quelque 350 000 utilisateurs de YouSet pourront ajouter des couvertures d’assurance vie à partir de la plateforme d’Emma.
Par leur partenariat, les deux plateformes numériques disent vouloir mieux protéger les familles canadiennes, en leur rendant accessibles des protections d’assurance simples, abordables et entièrement en ligne.
« On assiste à l’apparition de partenariats entre joueurs numériques, qui s’allient pour fournir une offre à 360 degrés, avec des approches complètement intégrées », a dit en entrevue exclusive avec le Portail de l’assurance, Félix Deschatelets, président-directeur général et cofondateur d’Emma, qui agit à titre de courtier d’assurance.
« Nous verrons de plus en plus de ce genre de partenariat », croit M. Deschâtelets. Il cite en exemple la plateforme de courtage en ligne Wealthsimple dans son partenariat avec le prêteur numérique Pine, pour offrir des prêts hypothécaires.
M. Deschâtelets ajoute que les clients d’Emma pouvaient déjà profiter des services de YouSet depuis deux ans, pour magasiner et gérer leur assurance auto et habitation en ligne. Il mentionne qu’à partir de maintenant, la plateforme d’Emma est intégrée au portail de YouSet et en reçoit des « leads » (indications de client).
Plutôt que d’adopter l’approche du partage des commissions, les partenaires ont opté pour celle d’une entente commerciale fondée sur le coût du lead.
Le PDG d’Emma confie que sa plateforme interagit avec un nombre d’utilisateurs comparable à celui de YouSet. La fréquentation du site d’Emma a déjà atteint le nombre de 500 000 visites, a toutefois révélé M. Deschatelets. Il est selon lui prématuré de s’avancer sur le taux de conversion, mais il s’attend à ce que plusieurs milliers de clients d’Emma « jouent dans les deux expériences simultanément ». M. Deschâtelets révèle par ailleurs que 80 % des transactions sur la plateforme d’Emma se concluent sur mobile (téléphone intelligent).
Sauter dans le train
Félix Deschâtelets observe que les partenariats entre joueurs plus traditionnels ont connu des moments difficiles au niveau de l'intégration. « Lorsque nous sommes des joueurs numériques, nous parlons le même langage et avons des cultures et des expériences similaires. Nous suivons la parade en termes d'innovation. Les joueurs traditionnels doivent s’adapter et passer à l’action, car le train passe en ce moment », soutient-il.
M. Deschâtelets conseille aux assureurs traditionnels de traiter avec des partenaires qui ont déjà intégré une expérience numérique, et qui en a déjà absorbé les coûts de développement. « Nous avons un grand pas d’avance. »
Selon M. Deschâtelets, les joueurs traditionnels gagneraient aussi à utiliser les plateformes numériques comme la sienne et celle de YouSet. « En tant que plateforme numérique, Emma n’est pas un disrupter (perturbateur). On est dans la collaboration », dit-il.
Très sélectif
Entre 20 et 25 conseillers travaillent pour Emma selon une rémunération à commission, sauf quelques salariés. Son PDG aimerait en recruter davantage, ce qui n’est pas facile, car Emma se montre très sélectif, explique-t-il. « On refuse plusieurs conseillers », reconnaît-il. M. Deschâtelets dit rechercher des candidats capables d’accompagner le client après la transaction, et de créer une relation d’aide. « Cela demande beaucoup plus de doigté. »
Il s’insurge contre la tendance de l’industrie à mettre l’accent sur la transaction. « Les conseillers d’exception se démarquent par une approche humaine très centrée sur la valeur qu’ils apportent au client plutôt que seulement sur le produit. C’est cet élément qui est le plus difficile à dénicher chez les conseillers », confie M. Deschâtelets.
Emma s’estime en mesure d’apporter à YouSet un volume plus grand que n’importe quel autre partenaire. « Ce n’est pas rare que nos conseillers fassent de 10 à 15 transactions par semaine. Nous avons une conseillère qui a vendu 142 polices en un mois », révèle-t-il.
Félix Deschâtelets s’attend à ce que le trafic en provenance de YouSet lui permette éventuellement d’alimenter de 150 à 200 conseillers à travers le Canada. « Nous sommes en train d’améliorer notre offre pour que les conseillers qui ne nous sont pas rattachés à 100 % puissent aussi vendre nos produits. Nous voulons permettre à d’autres gens de l’industrie de bénéficier de la même efficacité technologique que nous utilisons à l’interne. »
Pour l’instant, Emma concentre l’essentiel de son énergie sur le Québec et l’Ontario, mais s’étendra à d’autres provinces au cours des prochains mois. Des démarches pour obtenir un permis d’exercer dans quelques-unes sont en cours, dont au Manitoba. Sont à venir la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan.
Le PDG d’Emma ajoute que l’offre de produits d’assurance de personnes courants, qui sont souscrits par Humania Assurance, représente une bonne part de ses affaires et que le reste se divise entre quelque 5 autres assureurs pour des besoins plus complexes.
Assurance de dommages : le numérique est un moteur de croissance
L’arme numérique sera déterminante dans le combat que se livrent les courtiers d’assurance de dommages pour accroître leurs parts de marché, croit le président-directeur général de YouSet, Xavier Freeman. Il a cofondé le courtier numérique en 2017 avec Fellipe Monteiro, qui en est le chef des technologies et l’ingénieur logiciel.


En entrevue exclusive avec le Portail de l’assurance, M. Freeman a expliqué que le modèle de distribution numérique facilite l’acquisition de clients, comparativement au mode traditionnel de courtage. L’entrevue a été menée dans la foulé de l’accord avec un autre cabinet numérique, Emma, celui-là en assurance de personnes. « L’avantage tient à un délai de réponse plus court. Dans un cabinet traditionnel, le référencement se fait souvent au téléphone », fait-il remarquer. Les clients doivent appeler pour entamer le processus de soumission d’assurance auto ou habitation. Cela peut résulter en des délais d’attente plus longs que prévu… ou souhaité. »
Les cabinets traditionnels ont aussi des heures d'ouverture plus limitées, poursuit M. Freeman. « Notre technologie est disponible 24 heures sur 24, sept jours semaine. Les gens peuvent compléter une soumission sur notre site en tout temps. C'est le plus gros différenciateur des courtiers numériques avec le modèle traditionnel ». Il précise que YouSet répondra à un client le jour-même s’il a soumis une demande pendant les heures ouvrables. Il répondra dans un délai de 24 heures ou moins aux demandes logées en dehors de ces heures.
YouSet propose un modèle hybride qui permet aussi au client d’établir la relation avec un conseiller. L’entreprise compte aujourd’hui 30 employés.
Les clients veulent de l’assurance vie
M. Freeman a qualifié son alliance avec Emma de première étape de YouSet vers un autre niveau, celui de la distribution dans les deux directions. « Nous nous sommes dit qu'il était temps pour YouSet de commencer à faire une certaine réciprocité. »
Le cabinet compte actuellement des accords avec 70 partenaires de distribution. Chacun traite avec de multiples clients qui sont autant de futurs assurés. C’est le cas ainsi de plusieurs propriétaires du secteur immobilier locatif. Il compte un partenariat avec Bloc Solutions, une plateforme de gestion de la clientèle destinée aux gestionnaires immobiliers, et avec Borowell, entreprise de Toronto qui se spécialise dans l’amélioration du dossier de crédit.
Avec ces partenaires, YouSet a une relation unidirectionnelle : c’est le client qui choisit YouSet. Les fondateurs envisagent de tenter une approche bidirectionnelle : offrir des solutions aux clients en collaboration avec un autre partenaire.
Un sondage auprès des clients de YouSet a convaincu ses cofondateurs que le fruit était mûr. Le courtier numérique leur a demandé quel autre type de produits que l’assurance de dommages les clients aimeraient obtenir. « Le produit le plus populaire a été l'assurance vie », révèle-t-il. Xavier Freeman estime que l'alliance avec Emma a permis à YouSet de développer en quelques semaines un partenariat qui aurait autrement mis des années à aboutir.
YouSet envisage d’autres partenariats bidirectionnels, par exemple en assurance voyage.
Par Alain Thériault et Serge Therrien