Outre les bas taux d’intérêt à long terme, deux autres risques pèsent sur le bilan des assureurs à travers leur portefeuille de placements, estime Gabriel Dechaine, directeur général, analyste des banques et des assureurs canadiens, à la Financière Banque Nationale.

Selon l’analyste, ces risques sont les deux plus importants après celui des bas taux d’intérêt. Il s’agit de la qualité des obligations d’entreprise que détiennent les assureurs dans leur portefeuille de placements et l’exposition de leurs placements au secteur immobilier.

En ce qui touche les obligations d’entreprise, l’analyste signale que la période de vache grasse d’après crise 2008-2009 est terminée. « Dans la dernière décennie, les assureurs ont engrangé des profits, car il y avait moins de décotes ou de défaut de paiement dans les portefeuilles d’obligations d’entreprise. »

M. Dechaine rappelle que les actuaires considèrent aussi le risque d’une baisse de la cote de crédit de leur portefeuille d’investissement dans leurs hypothèses. « Si le nombre de décotes et de faillites est plus bas qu’attendu, les assureurs font plus de profits. C’était vrai depuis la fin de la crise de 2009. Or, nous sommes dans le cycle inverse présentement », prévient-il.

Il estime toutefois que ce risque demeure minime pour l’instant. « La situation pourrait toujours se détériorer, alors que le portefeuille d’obligations d’entreprises des assureurs est exposé à des secteurs comme l’énergie, les hôtels et le tourisme. » Cette exposition demeure marginale, mais l’analyste dit l’observer de près.

M. Dechaine a aussi à l’œil l’exposition du portefeuille d’investissement des assureurs à des actifs liés au risque immobilier. « Les compagnies détiennent des propriétés et en louent les loyers. Ils détiennent aussi des hypothèques commerciales. La combinaison des deux représente de 10 à 15 % du portefeuille d’investissement des assureurs. Quand un bâtiment gagne en valeur, les assureurs réalisent des gains. Toutefois, tous avaient en tête entre mai et juin que 80 % de la main-d’œuvre resterait à la maison et que les bureaux seraient vides. Les assureurs perdraient alors de l’argent sur les loyers. Si la situation semble moins grave aujourd’hui, la crainte demeure », explique-t-il.

Cet article est un Complément au magazine de l’édition d’octobre 2020 du Journal de l’assurance, lié au dossier sur l’assurance vie entière intitulé Des produits plus populaires… mais aussi plus couteux.