Selon un bulletin publié le 24 avril 2025 par l’agence de notation Morningstar DBRS, la politique commerciale américaine se répercute de deux façons sur les assureurs : par la pression inflationniste sur le coût des réclamations, induite par les tarifs douaniers, et par la volatilité des marchés financiers.
L’agence de notation estime que l’imposition de tarifs douaniers par les États-Unis sur de nombreux produits importés aura un impact défavorable sur l’environnement d’affaires et les activités des assureurs à l’échelle mondiale. Elle ajoute que l’effet sera direct et se manifestera par les pressions inflationnistes induites par les tarifs.
« Nous estimons que l’impact le plus important se fera sentir chez les assureurs américains et canadiens en assurance automobile et habitation », peut-on lire dans le bulletin de Morningstar DBRS. L’agence de notation estime que ces assureurs sont les plus exposés directement, en raison de la pression à la hausse sur les coûts de réclamation liée aux prix des véhicules, aux frais de réparation et aux coûts des matériaux de reconstruction.
Hausse des primes
« Nous prévoyons une augmentation du coût des sinistres et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement en raison des droits de douane élevés imposés par les États-Unis sur les importations de voitures, de pièces détachées, d’acier et d’aluminium », énumère Morningstar DBRS.
L’agence rappelle que si les produits conformes à l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) sont exemptés des tarifs, la plupart des autres produits non conformes sont soumis à un droit de douane de 25 %. Elle croit d’ailleurs que les importations de bois d’œuvre pourraient être soumises à de nouveaux droits de douane.
Selon l’agence, les assureurs compenseront la hausse des coûts de réclamation en augmentant leurs primes. Elle prévoit aussi que les assureurs ajusteront leurs chaînes d’approvisionnement, en réduisant leur dépendance envers les produits importés. Ils contrôleront plus strictement leurs dépenses, et les investissements en technologie et en intelligence artificielle pourraient en souffrir, d’après l’agence de notation.
Assureurs vie à la merci des marchés
Selon Morningstar DBRS, les compagnies d’assurance de personnes ne sont pas directement touchées par les tarifs douaniers. « Toutefois, elles subissent des effets indirects liés au climat d’investissement et à la performance des marchés financiers, nuance l’agence de notation. Comme l’économie nord-américaine devrait connaître un net ralentissement par rapport à l’an dernier, l’impact y sera vraisemblablement plus marqué qu’en Europe. »
Elle rappelle que les revenus que tirent les assureurs de personnes de la gestion de patrimoine et d’actifs fluctuent selon la valeur des portefeuilles et les décisions de placement des assurés.
La rentabilité des assureurs pourrait aussi être fortement influencée par la performance de leurs portefeuilles de placement, estime l’agence de notation. « Nous suivrons de près l’évolution des conditions de marché, en particulier en ce qui concerne les titres à revenu fixe ainsi que les actifs privés et alternatifs, qui sont largement détenus par les compagnies d’assurance vie », expose-t-elle.
Morningstar DBRS observe que la valorisation des actifs alternatifs s’annonce particulièrement complexe dans un contexte économique marqué par l’incertitude. L’agence explique que ces actifs sont également exposés à un risque de liquidité plus élevé.
Inflation des médicaments
Morningstar DBRS a aussi à l’œil le prix des médicaments. « Un développement majeur qui nous amènerait à revoir notre évaluation actuelle serait l’imposition de tarifs douaniers sur les produits pharmaceutiques. » L’agence croit que ce scénario se répercuterait de façon beaucoup plus importante sur les assureurs de personnes nord-américains. « Si de tels tarifs étaient instaurés, la hausse du coût des médicaments entraînerait une augmentation significative des réclamations en assurance collective », écrit-elle dans son bulletin.