Des dirigeants de Financière Foresters se sentent soulagés depuis que la société fraternelle a acheté une rente collective à Sun Life. Par cette transaction, Financière Foresters sécurise le passif de son régime de retraite à prestations déterminées. 

La rente achetée à Sun Life est de type buy-in, ce qui signifie « sans rachat des engagements ». Financière Foresters demeure ainsi l’administrateur de son régime et le payeur des prestations aux retraités. La société fraternelle aura toutefois la possibilité de convertir la rente en type buy-out, soit avec rachat des engagements. Financière Foresters transférerait alors à Sun Life la responsabilité d’administrer le régime et d’en payer les prestations.

« Embarquer dans ce processus nous a vraiment permis de nous libérer pour penser à l’avenir », a expliqué C.J. Heng, gestionnaire principal, placements d’assurance et de régimes de retraite chez Foresters Financial. Il indique que l’entreprise envisage maintenant de réinvestir dans ses activités, d’explorer des fusions et acquisitions, ou encore d’investir dans de nouvelles gammes d’affaires, maintenant que la transition de son régime de retraite à prestations déterminées est presque complétée. Cette transition se fait vers un régime à cotisations déterminées, accompagné d’un régime enregistré d’épargne retraite (REER) collectif et d’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), tous deux en option. 

M. Heng a livré ses commentaires lors d’une présentation organisée par l’équipe Solutions prestations déterminées de Sun Life, le 25 mars 2025. 

Enjeu côté passif 

« Ce n’est pas le côté de l’actif qui a motivé la décision. Nous étions en fait très satisfaits de la gestion des actifs du régime de retraite. C’est plutôt du côté du passif que se trouvait le principal enjeu », précise M. Heng.

Il ajoute que la décision de se tourner vers le marché est en partie venue du fait que les conseils actuariels disponibles ne reflétaient pas fidèlement les caractéristiques de la main-d’œuvre de Foresters. « Aller sur le marché (des rentes) nous a permis d’obtenir une juste valeur et de comprendre exactement le coût de nos obligations futures. »

Cette certitude quant aux coûts a été un attrait majeur pour Financière Foresters. L’aspect optionnel du produit a aussi facilité sa décision. « La valeur d’une option réside dans la possibilité de l’exercer, sans toutefois y être obligé », soulève M. Heng au sujet de la possibilité de transformer la rente de buy-in à buy-out. 

Il mentionne que l’appétit envers le risque des assureurs offrant des rentes collectives était aussi plus élevé. Selon un récent article du Portail de l’assurance, les ventes de rentes collectives dans le marché du transfert des risques de retraite ont atteint un record en 2024. « Plusieurs de ces éléments se sont alignés pour nous », affirme-t-il. 

Foresters : chronologie d’un transfert de risque 
  • Financière Foresters crée son régime de retraite à prestations déterminées en 1945.
  • Le régime devient fermé aux nouveaux adhérents en 2013.
  • L’accumulation des prestations est gelée en 2021. À ce moment, le régime compte 720 participants actifs et différés, ainsi que 550 retraités.
  • L’entreprise modernise son programme d’épargne retraite, en introduisant un régime à cotisations déterminées obligatoire, bonifié par un REER collectif et un CELI optionnels.
  • Financière Foresters annonce la liquidation du régime en 2022, avec une date cible de fermeture finale en février 2026. Les membres du régime commencent à faire leurs choix.
Transition invisible 

« L’achat de la rente buy-in était une étape cruciale pour assurer la prévisibilité des coûts, mais aussi pour maintenir une expérience stable pour les participants », explique Alison Harvey-Chuter, vice-présidente adjointe, mieux-être, retraite et avantages sociaux de Financière Foresters. La rente buy-in verse des paiements au régime de retraite, qui en conserve l’administration. « Pour les membres, la transition a été pratiquement invisible », dit Mme Harvey-Chuter. 

Elle souligne que toutes les décisions prises quant à la fermeture du régime à prestations déterminées et au lancement du régime à cotisations déterminées ont été mûrement réfléchies. « La conversion en rente buy-out ne fait pas exception. Un élément déterminant est toujours de se soucier de l’expérience vécue par les employés et les retraités », dit-elle. 

« Nos retraités représentent un groupe de clients important. Ce sont des gens avec qui nous avons travaillé, que nous connaissons et à qui nous parlons encore quotidiennement. C’est crucial pour nous qu’ils soient bien servis », ajoute la vice-présidente adjointe, mieux-être, retraite et avantages sociaux de Financière Foresters. 

Afin de faciliter la transition pour les participants qui prenaient des décisions pour la première fois quant à leurs cotisations, Financière Foresters a offert l’accès à des conseillers financiers et des contributions transitoires de la part de l’employeur. 

« L’attention de notre équipe s’est réellement portée vers la sensibilisation, les outils et les ressources pour aider les employés à prendre des décisions éclairées », indique Mme Harvey-Chuter. 

À quoi s’attendre 

Les dirigeants de Financière Foresters ont également partagé plusieurs leçons tirées de leur expérience. 

C.J. Heng précise que la première étape clé consiste à déterminer comment accéder au marché de la rente et avec qui. « Il existe plusieurs cabinets-conseils. Ils sont tous très expérimentés et compétents », note-t-il. 

Ensuite, il recommande aux participants du webinaire de Sun Life de bien planifier l’étape qui suit la décision d’acheter une rente. « Il faut réfléchir à la manière de financer la rente. De notre côté, nous avons travaillé étroitement avec notre gestionnaire d’actifs pour liquider et réorganiser notre portefeuille dès que la décision a été prise. Il est crucial d’éviter un manque de fonds au moment de verser la prime », explique M. Heng. 

La collecte de données est un autre aspect souvent sous-estimé. Alison Harvey-Chuter indique que Financière Foresters a fait appel à des firmes spécialisées, à l’Agence du revenu du Canada voire à des enquêteurs privés dans certains cas, pour obtenir des informations à jour. « Certaines données de notre régime remontent à plusieurs décennies. Il a fallu énormément de travail pour s’assurer que tout était complet et exact », affirme-t-elle. 

Des modèles fournis par les consultants ont permis d’orienter les recherches. L’administrateur tiers a d’abord rassemblé les données, puis l’équipe de Foresters a comblé les lacunes. « Nos consultants ont ensuite révisé l’ensemble et posé des questions, en effectuant des vérifications de cohérence », relate Mme Harvey-Chuter. 

Quant au jour de la transaction, il est bien souvent encerclé au calendrier plusieurs mois à l’avance. C.J. Heng conseille de réserver la journée pour répondre aux questions. « C’est une décision monumentale pour l’organisation. Il y a beaucoup de négociations et de discussions », souligne-t-il.