Après plusieurs années de disette, la croissance des affaires en assurance vie individuelle au Canada est repartie en flèche en 2006 par rapport à l’année précédente. Les nouvelles primes ont cru de façon marquée. Le nombre de polices vendues a lui aussi cru, bien que plus faiblement. Des assureurs disent également connaître un fort premier trimestre en 2007.Selon le rapport publié par LIMRA International quant aux ventes d’assurance vie individuelle réalisées au Canada en 2006, les nouvelles primes ont cru de 10% en 2006 par rapport à 2005.

LIMRA a recueilli les données de son rapport 2006 auprès de 18 compagnies. Celles-ci représentent 86% des montants d’assurance souscrits, et comptent notamment le trio dominant formé par Great-West (Great-West Life, Canada-Vie et London Life), la Financière Manuvie et la Financière Sun Life.

L’industrie a d’ailleurs terminé l’année en force. La hausse des nouvelles primes d’assurance vie a en effet atteint 18% lors du dernier trimestre de 2006, comparé à la même période en 2005.

Pour sa part, le nombre de polices vendues a cru de façon moins marquée, soit de 3% en 2006 par rapport à 2005. Les deux données prises ensemble, primes et unités de police, démontrent tout de même une nette progression du volume d’affaires en assurance vie individuelle au pays. Des résultats encourageants qui surviennent après plusieurs années de croissance mitigée, sinon de décroissance.

Des rapports précédents publiés par LIMRA permettent d’établir que la croissance des nouvelles primes d’assurance vie individuelle dans l’industrie canadienne atteignait seulement 5% entre 2005 et 2004.

Ce qui était déjà mieux qu’entre 2004 et 2003, alors que la croissance des primes avait à peine atteint 1%. Entre 2003 et 2002, l’industrie avait plutôt connu une décroissance de ses ventes de primes en vie individuelle. La dernière année positive remontait à 2001, alors que les nouvelles primes d’assurance vie individuelle au Canada avaient cru de 2%.

Du côté du nombre de polices vendues entre 2005 et 2004, c’est une décroissance de 4% qu’avait connu l’industrie canadienne.

En 2006, c’est le produit d’assurance vie universelle qui a mené cette croissance marquée. Ses nouvelles primes ont en effet cru de 15% entre 2005 et 2006. Durant la même période, les primes d’assurance temporaire autre que la T100 ont cru de 6%, et celles d’assurance vie entière, de 5%. Toujours pour la même période de comparaison, les nouvelles primes de T100 ont pour leur part battu en retraite de 8%, révèle le rapport de LIMRA.

Le nombre de polices vie universelle a aussi cru de façon importante en 2006 par rapport à 2005, soit de 8%. Durant la même période de comparaison, le nombre de polices temporaires vendues a été le seul à croître chez les autres produits, soit de 3%. Le nombre des polices vie entière vendues en 2006 s’est en effet replié de 3%, et celui des polices T100, de 5%.

Distribution

En termes de distribution au Canada, le rapport de LIMRA indique en outre que le réseau de carrière (agents captifs) a connu une excellente année. En 2006, il a réalisé une croissance de 8% des primes annuelles produites par rapport à l’année précédente. Pour le réseau des courtiers indépendants (courtage), cette croissance s’est limitée à 1%.

Les agents de carrière ont remporté ce succès grâce à une croissance exceptionnelle de leurs ventes d’assurance vie universelle. Les primes annuelles en provenance du réseau captif, pour ce produit, ont en effet cru de 25% entre 2005 et 2006.

Le réseau de courtage conserve toutefois sa suprématie en termes de ventes totales d’assurance vie universelle au Canada, rapporte LIMRA. Il a en effet accaparé 68% de celles-ci en 2006, contre 32% pour le réseau captif.

Les agences de carrière revendiquent de leur côté le contrôle de la vie entière avec une part de 39% de ses ventes totales en 2006, contre 9% pour le réseau de courtage.

Les forces sont mieux réparties en assurance temporaire individuelle, où le réseau captif a revendiqué 28% des ventes de ce produit au Canada en 2006, contre 20% pour le réseau de courtage, rapporte LIMRA.

Les gros mènent le bal

Dans l’ensemble, les cinq assureurs qui se sont montrés les meilleurs vendeurs de l’année 2006 ont réalisé une croissance de leurs nouvelles primes de 10%, à l’image du total de l’industrie canadienne révélé par LIMRA. Ils ont par ailleurs connu une croissance du nombre de polices vendues supérieure à celle du total de l’industrie, soit 5% contre 3%.

Aussi, ces cinq joueurs ont accaparé 60% des nouvelles primes annuelles d’assurance vie individuelle produites au Canada en 2006.

Toujours à l’image des données de LIMRA, la croissance des nouvelles primes d’assurance vie individuelle a culminé en fin d’année chez plusieurs joueurs. C’est le cas de Sun Life, qui révèle dans son rapport annuel que : « Les souscriptions de produits d’assurance vie individuelle de la Financière Sun Life Canada ont augmenté de 23% au quatrième trimestre de 2006 par rapport au quatrième trimestre de 2005, résultat qui est attribuable à la croissance de 10% des souscriptions obtenues par l’intermédiaire du réseau d’agences exclusives et à la progression de 83% des souscriptions dans le canal de distribution aux intermédiaires.»

Sun Life a en effet effectué récemment un retour à la distribution indépendante.

Dans son rapport annuel, la Financière Manuvie fait aussi mention d’une fin d’année en lion quant à ses ventes d’assurance vie individuelle. « En assurance individuelle, les souscriptions ont remonté au quatrième trimestre, l’amélioration du temps de réponse aux Nouvelles affaires et à la Tarification ayant permis d’enregistrer un résultat record, en hausse de 16% par rapport au quatrième trimestre de 2005. Les souscriptions devraient continuer sur leur lancée grâce à l’attention constante accordée au service conjuguée à l’amélioration prévue des produits », peut-on lire dans l’annonce des résultats 2006 de Financière Manuvie.

Pour sa part, le rapport annuel de Great-West n’établit pas aussi clairement la croissance des nouvelles primes de la compagnie. On y indique seulement un résultat combiné des primes d’assurance vie individuelle et des produits d’investissement. Ce secteur de l’entreprise a connu une croissance de 28%, alors que le total des souscriptions quant à ces produits est passé de 6,172 milliards$ à 7,904 milliards$.

Great-West donne par ailleurs des détails sur ses parts de marché. L’assureur détient au Canada 25% des primes en vigueur en assurance vie individuelle et 31% des primes en prestation du vivant.

Chez Sun Life, Mark DeTora a révélé que sa compagnie a connu des résultats similaires à ceux rapportés par LIMRA pour 2006. Le vice-président principal, assurance vie et investissements individuels chez Sun Life, a ajouté que le réseau de carrière (anciennement Clarica) a maintenu de fortes ventes en 2006 en termes de nouvelles primes, et que le réseau indépendant a connu une très bonne croissance de celles-ci. « Une large part de la croissance de nos ventes totales en vie individuelle est venue du réseau des agents généraux en 2006 », a précisé M. DeTora. Le retour de Sun Life à la distribution indépendante remonte à un peu plus de deux ans.

Sun Life a par ailleurs connu une croissance de 20% de ses nouvelles primes au quatrième trimestre de 2006, et M. DeTora observe la continuité de ce momentum au premier trimestre de cette année. La vie universelle a mené les ventes d’assurance individuelle en 2006, a-t-il ajouté, suivi de près par l’assurance temporaire. Le fait que Sun Life n’ait pas eu à hausser son coût nivelé d’assurance vie universelle, comme ont dû le faire plusieurs concurrents en 2006, a aidé les ventes de ce produit, explique M. DeTora. Sun Life ne prévoit pas non plus hausser ce coût dans le futur, a ajouté M. DeTora.

Conscient que les trois grands assureurs deviennent de plus en plus des joueurs internationaux, Mark DeTora croit néanmoins que le Canada recèle encore un grand potentiel de croissance. « Un nombre important de Canadiens sont sous-assurés », a-t-il déclaré.

Pour sa part, L’Industrielle Alliance a indiqué dans son rapport avoir atteint un nouveau sommet de ses ventes d’assurance vie individuelle en 2006, soit 153,6M$ de primes. Il s’agit d’une croissance de ses primes annuelles de 9 %, malgré des ajustements tarifaires apportés aux produits.

Or, ces ajustements ont contribué à faire connaître un premier trimestre 2007 mitigé à l’assureur. Ses primes d’assurance vie individuelle ont reculé de 6%, comparé au même trimestre en 2006. Un recul que l’Industrielle Alliance impute aussi, dans son rapport de gestion du premier trimestre 2007, à ses ventes solides de 2006.

En entrevue au Journal de l’assurance, le président et chef de la direction de l’Industrielle Alliance, Yvon Charest, a expliqué la nature des ajustements tarifaires en question. « Nous avons corrigé nos prix d’assurance vie universelle en haussant notre coût nivelé et en baissant notre coût temporaire renouvelable annuellement (TRA). Ces ajustements ont entraîné une baisse de 6% des ventes d’assurance vie individuelle au premier trimestre 2007. »

Le rapport de l’assureur québécois donne également des détails sur ses parts de marché : il est quatrième au Canada pour les ventes d’assurance vie individuelle, avec une part de marché de 12,7%, et il est premier au Canada pour les ventes de polices universelles, avec une part de marché de 16,1 %.

Une niche payante

Des joueurs de plus petite taille peuvent aussi connaître des résultats exceptionnels, surtout lorsqu’ils sont actifs dans des créneaux particuliers.

C’est le cas d’AIG Vie du Canada, qui dit avoir connu une année excellente en 2006. Cela se poursuit en 2007, alors que l’assureur rapporte une hausse de 61% du montant des primes placées (les dossiers qui se sont traduits en ventes fermes) lors du premier trimestre de 2007 par rapport au premier trimestre de l’an passé. L’assureur est reconnu pour sa présence dans le marché corporatif et à valeur nette élevée.
Selon le vice-président des ventes d’AIG, Daniel Dessureault, ce bond impressionnant s’explique par la conclusion de plus de « gros dossiers » qu’à pareille date l’an passé.

M. Dessureault reconnaît que le créneau de prédilection d’AIG apporte parfois des ventes d’une ampleur exceptionnelle, mais non récurrentes. « C’est un créneau plus volatil, plus cyclique. C’est une des raisons pour lesquelles nous tentons d’élargir nos réseaux de distribution et de toucher davantage de conseillers », précise M. Dessureault.

L’assureur lançait d’ailleurs en mai dernier, la gamme d’assurance vie universelle La Prévoyance, un produit qui s’adresse à une clientèle beaucoup plus large que celle à laquelle on associe habituellement les jeunes familles et les travailleurs autonomes.

Avec cette diversification de la clientèle, Daniel Dessureault est confiant que la compagnie continuera de bien faire en termes de croissance des ventes d’assurance vie individuelle, tout en produisant des résultats plus stables.