Consolidation accrue. Règlementation plus stricte. Changement des habitudes des consommateurs. Ce sont les défis auxquels font face les assureurs. Et ils ont intérêt à trouver rapidement des réponses à ces défis, ont affirmé des PDG réunis par S&P Global Ratings.

Plus tôt cet été, la firme de notation a tenu un panel à New York réunissant trois PDG d’assureurs de dommages américains. David Long, de Liberty Mutual Insurance Group, Robert Berkley, de W.R. Berkley Corp, et Scott Carmilani, d’Allied World Assurance, ont tenu le même discours : il y a urgence d’agir pour faire face aux changements fondamentaux qui se présentent.

Les trois hommes reconnaissent que l’industrie de l’assurance de dommages a bénéficié de conditions favorables au cours des dernières années, où les assureurs ont subi peu de catastrophes et où ils ont pu travailler à améliorer leur processus. Mais la modeste croissance économique limitera les bénéfices engendrés du côté de la souscription », préviennent-ils.

« Pour tous les assureurs, le défi est de savoir comment déployer ses capitaux. Ça n’a rien à voir avec la croissance du marché. Il faut se pencher sur nos capacités, mais aussi celles de notre personnel, à prendre les risques de ceux qui ne se seront pas adaptés », dit David Long, de Liberty Mutual.

Le phénomène des fusions et acquisitions se poursuivra donc au sein des assureurs de dommages, ajoute M. Long. Prenant le cas du marché américain, il dit pressentir que des intérêts étrangers pourraient s’intéresser au pays de l’Oncle Sam dans le but de diversifier leurs activités.

« La consolidation se poursuivra. Il y aura peut-être moins de mégatransactions par contre », ajoute M. Long.

« La taille n’est pas la réponse à tout »

Robert Berkley, de W.R. Berkley Corp, est d’accord pour dire qu’il y aura plus de transactions. Il prévient toutefois que gagner en taille ne résout pas tous les problèmes.

« La taille est importante, mais une fois que vous avez atteint une masse critique, la rentabilité tend souvent à diminuer rapidement », dit-il.

M. Berkley propose une solution à ce mal : un meilleur usage des données par les assureurs. Il ajoute d’ailleurs que ce seul élément transformera l’industrie de l’assurance de dommages.

« Les assureurs de dommages analysent des données depuis fort longtemps, comparativement à d’autres industries. Mais plusieurs assureurs trouvent de nouvelles façons d’en bénéficier. Ça a déjà un effet positif pour ceux qui le font », dit-il.

Il dit aussi en voir des impacts sur les cycles d’assurance. Il souligne que les sommets atteints par l’industrie ne sont plus aussi hauts qu’avant. Il en va de même pour les creux, qui ne descendent plus aux niveaux d’autrefois.

Périodes creuses plus espacées

Scott Carmilani, d’Allied World Assurance, ajoute que ces sommets et ces creux seront plus espacés qu’avant, et donc moins nombreux. « Au cours des cinq dernières années, on a vu à la fois des éléments démontrant moins la présence d’un marché dur, mais aussi d’autres démontrant moins celle d’un marché mou. La dynamique a changé. Idéalement, l’assureur doit pouvoir bouger dès qu’il voit une occasion. Pas seulement en termes de produits, mais aussi en termes de géographie », dit-il.

En ce qui a trait à l’offre de produits, M. Carmilani affirme que les gouts changeants du consommateur dictent ce que les assureurs offrent. Or, offrir une variété de choix vient avec ses effets.

« Il y a plus de transparence dans l’industrie. Et pas juste aux États-Unis. Les consommateurs sont soucieux des produits qui sont disponibles, mais aussi de leur cout par rapport à ce qu’ils peuvent offrir. Le consommateur en viendra à se demander comment le tout l’affecte, mais aussi pourquoi il paie pour cela. Il y a donc beaucoup de place pour innover de façon créative, tout en y alliant un markéting ingénieux », dit-il.

« Les intermédiaires devront regarder leur rémunération »

David Long, de Liberty Mutual, croit pour sa part que cette transparence aura un effet sur les intermédiaires en distribution, tels les courtiers d’assurance de dommages. « Comme les consommateurs ont accès à plus de transparence, mais aussi à des options d’achat gratuites, les intermédiaires en assurance devront se poser des questions fondamentales quant à leur rémunération, mais aussi à leur structure de couts », dit-il.

M. Berkley ajoute pour sa part que l’industrie de l’assurance de dommages traverse une période intéressante. « Les consommateurs veulent être servis d’une façon différente que par le passé. Ils ont aussi des priorités différentes. Que nous aimions cela ou pas, on ne peut y échapper. Il faudra s’adapter. Et comme industrie qui a toujours eu de la difficulté avec le changement, nous voilà obligés d’embrasser ce changement. »