Alors que certains des cours d’eau qui ont débordé ce printemps commencent à regagner leur lit, les réclamations entrent chez les assureurs et les restaurateurs après sinistre sont déjà à pied d’œuvre pour rétablir les résidences inondées.
La firme Aon, qui compile les statistiques sur les catastrophes de manière hebdomadaire et mensuelle, estime que les dommages causés par les inondations en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick dépasseront la centaine de millions de dollars. De ces couts, seule une partie est couverte, puisque le taux de pénétration de la couverture d’assurance contre la crue des eaux est peu élevé.
Le Canada à la traine par rapport au G7
Don Forgeron, président et chef de la direction du Bureau d’assurance du Canada (BAC), martèle depuis plusieurs années que le Canada est « à la traine par rapport aux autres pays du G7 » en ce qui a trait à la mise en place d’un programme national de lutte contre les inondations.
Si aujourd’hui plusieurs initiatives émanent des gouvernements, comme un symposium national portant sur les inondations au Canada, aucune solution concrète n’a été mise sur la table pour indemniser les sinistrés.
Or, un modèle à l’étranger s’est avéré un succès depuis son instauration. Le Québec devrait-il s’en inspirer ?
La coopération publique privée pour assurer le succès
En effet, la France s’est dotée, il y a déjà près de 40 ans, d’un système public-privé faisant en sorte que les sinistres causés par les catastrophes naturelles sont presque tous couverts.
Tous les assurés contribuent à proportion égale à une caisse administrée par la Caisse centrale de réassurance, un organisme public qui se veut un réassureur des assureurs privés.
Dans une entrevue accordée au Journal de l’assurance, Bertrand Labilloy, président de la Caisse centrale de réassurance, souligne que l’organisme, avec ses réserves accumulées, pourrait ainsi indemniser jusqu’à 4,5 milliards d’euros de sinistres sans avoir recourt aux fonds publics.
Cet exemple de la coopération entre les secteurs public et privé s’illustre dans un autre aspect important de la gestion des risques : la cartographie. Les assureurs et la Caisse centrale de réassurance ont réussi à constituer une base de données qui représente jusqu’à 90 % des parts de marché pour les risques assurés et jusqu’à près de 65 % pour les sinistres.
Au Québec, une telle coopération n’existe pas. Il incombe aux municipalités de faire la cartographie de leurs zones inondables. Résultat : peu ont les moyens de le faire, la cartographie est inégale d’une municipalité à l’autre ou n’est pas à jour. Certains estiment que le Québec accuse un retard de 25 ans sur la cartographie de la province.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a récemment affirmé qu’il a l’intention de mettre à jour la cartographie dans le but de mieux orienter les politiques publiques.
En profondeur : retrouvez une analyse de l’expérience française et une entrevue de Bertrand Labilloy, dans un dossier de huit pages, dans l’édition de mai du Journal de l’assurance disponible sous peu.