Pour Denis Dubois, chef de la direction de Desjardins Assurance, les assureurs ne pourront se permettre d’avoir chacun leur façon d’indemniser les inondations. Qu’un assuré ne soit pas traité de la même façon qu’un autre passerait mal dans la population, croit-il.

Plusieurs assureurs, comme Desjardins Assurance, ont lancé leur protection contre les inondations plus tôt cette année, juste avant que plusieurs régions du Québec soient frappées par d’historiques crues des eaux. M. Dubois voit le tous positivement. Il dit préférer que le tout soit arrivé maintenant. Cela aura permis de roder le produit tout de suite, plutôt que lors d’un nouvel épisode qui n’aurait lieu que dans dix ans.

Il ne cache pas que la coordination des bénéfices à verser avec le gouvernement a été une tâche ardue à négocier. « Les solutions que nous avons mises en place sont temporaires. Il faudra trouver quelque chose de plus permanent. Comment fait-on cette coordination ? Si on trouve la réponse, ça favorisera l’adhésion au produit. Il faut structurer le tout »

M. Dubois voit un autre problème poindre : que fait-on avec le 5 % de gens qui ne sont pas assurables en vertu des règles actuelles, puisque leur résidence est trop près du bord de l’eau ? « Il faut adresser cela quelque part. Doit-on les indemniser ? C’est clair que non. Il n’y a toutefois pas de mécanique pour prévenir le tout. Il ne faut pas non plus oublier que le gouvernement a décidé que quelques centaines de propriétés ne pourraient être reconstruites sur leur emplacement actuel. »

Pour M. Dubois, l’industrie a une responsabilité collective de trouver une solution. « Pour les endroits qui sont très à risque, que ce soit face à une inondation ou à un feu de forêt, on ne doit pas permettre la reconstruction. Ce n’est pas à la population de payer pour eux ni au gouvernement », dit-il.

Valérie Lamarre, porte-parole de Desjardins présente lors de l’entrevue, souligne aussi qu’il y a une incompréhension de la population face au taux de récurrence de crue des eaux. « Une inondation aux 100 ans ne veut pas dire qu’il y aura un évènement par 100 ans, mais plutôt qu’il y a 1 % de chances qu’une inondation survienne. »

Ce à quoi M. Dubois ajoute que les cartes d’inondation sont désuètes. « En plus, les gens ne les connaissent pas. On a cette responsabilité de les éduquer. »

La réflexion de l’industrie se doit d’aller plus loin encore, dit-il. « Lors d’un sinistre, chaque assureur indemnise à sa façon. Pour un péril comme l’inondation, est-ce une bonne chose que chaque assureur ait sa marque distinctive ? Chez Desjardins, on ne le croit pas », dit-il.