La nécessité de faire évoluer le modèle d’affaires en assurance est le premier moteur de l’innovation, affirme Louis Régimbal, vice-président stratégies et innovation chez SSQ Assurance. Les entreprises technologiques proposent des solutions et peuvent devenir des partenaires potentiels, a-t-il souligné lors d’un débat réunissant des représentants de l’Autorité des marchés financiers, d’un assureur et d’une startup, tenu à l’occasion de l’évènement InsurTech Québec.

Dans l’écosystème formé par l’industrie de l’assurance et les entreprises en démarrage qui développent des applications et des plateformes, les partenaires doivent trouver un équilibre dans leurs relations pour rendre l’innovation pertinente pour les assureurs. Ultimement, la pertinence de l’outil sera déterminée par les clients.

Faire évoluer le modèle d’affaires

Avocate et analyste aux pratiques de distribution au sein de l’Autorité, Mélissa Perreault suit de près l’évolution des modèles d’affaires qui s’appuient sur les nouvelles technologies dans le secteur financier. Elle est impliquée dans la réflexion touchant l’encadrement de la distribution par Internet ou par les applications mobiles.

Soulignant l’effervescence des entreprises technologiques, Mme Perreault souhaite contribuer à rendre la plus étroite possible la collaboration entre les jeunes entrepreneurs plus agiles avec les technologies et les assureurs traditionnels qui ont su établir une relation de confiance avec la clientèle.

Créer de la valeur est l’essence des startups

De son côté, Scott Loong, avocat, fondateur et PDG de Covera, une plateforme entièrement numérique de courtage en assurance au Québec, estime que la nécessité de créer plus de valeur pour le consommateur est le fondement de toutes les startups en assurance. « Graduellement, on essaie d’implanter dans les services financiers les mêmes technologies qui nous rendent la vie plus facile dans les autres aspects de notre quotidien », dit-il.

En matière d’innovation, l’approche de l’Autorité est bien reçue par les entrepreneurs, selon Mélissa Perreault. Ceux-ci estiment que le régulateur québécois montre plus d’ouverture et favorise la culture de l’innovation. Profitant de son statut de régulateur intégré, l’Autorité reçoit les propositions issues du milieu. Une soixantaine d’experts, qui proviennent de toutes les directions au sein de l’Autorité, collaborent aux travaux d’analyse des fintech au sein de divers groupes de travail.

« On nous dit que le soutien que nous offrons est apprécié. Nous avons une approche axée sur la compréhension des enjeux et la recherche de solutions », dit-elle.

Mme Perreault souligne aussi l’existence du comité consultatif sur l’innovation technologique, auquel participent une douzaine d’experts externes. Ceux-ci conseillent le régulateur sur des enjeux particuliers.

Investissements en distribution

Mélissa Perreault constate que la majeure partie des investissements dans les technologies en assurance sont consacrés à la distribution de produits. Les entrepreneurs, de même que leurs clients chez les assureurs, sont déjà prêts à automatiser tout le processus d’affaires dès que l’encadrement législatif et règlementaire le leur permettra.

Tout le développement est axé sur l’expérience client, ajoute-t-elle, et même si le secteur de l’assurance de dommages est déjà bouleversé par l’émergence des nouvelles plateformes entièrement automatisées, Mélissa Perreault note une percée similaire du côté de l’assurance de personnes.

Processus plus efficaces

Les processus de souscription et de réclamation sont aussi rendus plus efficaces et rapides grâce aux nouvelles technologies de transmission de documents. « Dans tous les cas, c’est l’amélioration de l’expérience client qui est au cœur de l’innovation », note-t-elle.

Scott Loong raconte qu’en 2016, il a pu obtenir du financement en capital de risque pour embaucher le personnel dont il avait besoin chez Covera. Conclure des contrats de distribution avec des assureurs a été un exercice bien plus ardu. Il lui a fallu six mois d’intenses discussions avec des assureurs de Toronto, Montréal et Québec. « Même si tu distribues par Internet, si tu n’as rien sur les tablettes, tu n’es pas très avancé », dit-il.

Le marché est difficile d’accès, mais les consommateurs sont réceptifs aux messages et aux approches nouvelles. « On a l’avantage de la nouveauté », note M. Loong.

Se distinguer par la commercialisation

« Les concurrents ont des moyens nettement supérieurs, alors il faut se distinguer aussi par la manière de commercialiser la plateforme numérique. En conséquence, la jeune pousse doit chercher des segments mal couverts et des clients mal desservis par les assureurs traditionnels », suggère-t-il.

« Il faut que la différence soit dans notre ADN comme entreprise. Nous pouvons obtenir l’attention d’un client à un cout inférieur à celui d’une banque », poursuit-il.

D’ici cinq ans, Scott Loong estime que tout le réseau de distribution sera largement modifié par l’émergence d’entreprises comme Covera. Il ajoute que le réseau de courtage existera encore, mais les courtiers devront trouver le moyen de numériser leur offre de service s’ils veulent continuer de servir les nouveaux consommateurs.