Le Web est au cœur de plusieurs initiatives récentes d’Intact Corporation financière.
Investir dans un canal de distribution au Brésil en était un, tout comme la décision de fusionner ses images de marque en distribution directe sous celle de sa filiale belairdirect. L’assureur bâtit ainsi son entreprise pour rendre la tâche la plus difficile possible à ses concurrents, tant actuels que futurs, tout en doublant son volume en distribution directe et celui de son réseau Canada BrokerLink.
Louis Gagnon, président, service et distribution, chez Intact, fonction qu’il occupe depuis le 30 décembre, a fait le point sur certaines stratégies d’Intact lors du Sommet des financières de la Banque Nationale, le 24 mars dernier. Dans ces fonctions, M. Gagnon est responsable des stratégies de distribution des filiales d’Intact, de son service des réclamations et de sa croissance internationale.
M. Gagnon sur les raisons qui ont poussé Intact à mettre la main sur Canadien Direct Insurance (CDI) dans l’Ouest canadien. « Nous n’avions jamais fait d’acquisitions du côté de la distribution directe. Nous ne voulons pas changer notre formule en matière de distribution. On voit toutefois un potentiel pour croitre via le Web par le biais de la distribution directe, et ce, d’un océan à l’autre », dit-il.
Rationaliser l’image de marque en distribution directe était un autre geste en ce sens, dit M. Gagnon. L’assureur a éliminé son image de marque Grey Power. Toutes ses activités en distribution directe au Canada se font désormais sous la marque belairdirect.« Le synchronisme pour le faire était bon vu l’acquisition de CDI. On envoie maintenant le message que nous avons deux images de marque forte : Intact Assurance dans le courtage et belairdirect en distribution directe. belairdirect est une marque qui a beaucoup d’attrait pour les 50 ans et plus. Grey Power n’avait plus cet attrait. On donne aussi à cette clientèle un meilleur accès à des outils Web », dit M. Gagnon.
Questionné à savoir s’il voyait des améliorations à apporter au modèle d’Intact, M. Gagnon a souligné que son entreprise devait poursuivre à investir en technologie Web. « Il nous faut améliorer l’expérience du client. D’autres canaux de distribution pourraient s’ouvrir. Il ne faut pas oublier que nous sommes avant tout un manufacturier. Il nous faut amener le plus de gens possible dans le giron d’Intact. Nous devons donc nous affairer à les servir du mieux possible », dit-il.
Des mesures offensives pour contrer la cassure
Les hauts dirigeants d’Intact, dont son chef de la direction Charles Brindamour, parlent depuis plusieurs semaines qu’une cassure est à venir dans la distribution d’assurance de dommages. M. Gagnon précise qu’intégrer les activités de distribution directe sous la marque belairdirect était une mesure offensive pour faire face à cette cassure.
« Nous nous devons d’avoir des images de marque très forte. Elles doivent être bien connues du public », dit-il.
Intact a aussi annoncé le lancement d’Intact Lab, où l’assureur a regroupé tous ses experts en numérique, répartis chez Intact Assurance, belairdirect et Grey Power, sous un même toit, au 2020, Robert-Bourassa, à Montréal. « Ils ont le mandat de s’assurer que nous avons les meilleurs outils entre les mains. C’est pourquoi nous avons complètement revu le site Web et l’expérience client de belairdirect. On ne veut plus se comparer aux autres assureurs. Nos le faisons auprès des plus grands joueurs du Web dans le monde. Le lancement d’Intact Lab était aussi un geste offensif en ce sens », dit-il.
M. Gagnon affirme qu’Intact sera particulièrement difficile à déloger au Canada. « Je ne crois pas qu’il sera possible de dupliquer le modèle que nous avons bâti. Nous avons une plateforme forte. Notre service à la clientèle est imbattable (second to none). Nous avons 3 000 employés prêts à répondre aux appels de réclamation de nos clients. Par ailleurs, notre taille nous donne un pouvoir d’achat qui nous a permis de réaliser de très bons achats », dit-il.
M. Gagnon s’est aussi fait questionner à savoir si Intact avait été tenté d’acheter Noraxis, un réseau de courtage que RSA Canada a finalement vendu à Arthur J. Gallagher. « Nous sommes au courant de pratiquement tout ce qui se passe dans le marché. Noraxis est un réseau qui spécialisait en assurance des grandes entreprises. Ce n’était pas un profil qui nous intéressait. Nous investissons surtout dans des petits cabinets de courtage ou encore de grands groupes de courtage qui concentrent avec nous en assurance des particuliers. Noraxis ne correspondait pas à cela », dit-il.
Ontario auto
Quant au dossier de l’assurance automobile en Ontario, M. Gagnon a révélé qu’aucun assureur n’avait atteint le seuil de réduction de tarification de 15 % que le gouvernement provincial avait demandé. « L’industrie offre en moyenne de rabais de 6 % jusqu’à maintenant. Chez Intact, nous en sommes à 7 %, tout en préservant nos marges bénéficiaires », dit-il.
Il ajoute que les pressions sur les couts ont diminué depuis l’élection ontarienne. « On voit qu’il y a plus de discussions entre l’industrie, le gouvernement et les autres intervenants. D’autres règles devraient ainsi être annoncées pour amener d’autres réductions. Je ne suis pas certain que nous atteindrons la cible des 15 %, mais il y a des améliorations. Le gouvernement ontarien comprend de mieux en mieux la dynamique de l’industrie », dit-il.
Côté fusions et acquisitions, Intact demeure bien sûr intéressé à transiger. « Nous croyons toujours que de 15 % à 20 % du marché changeront de mains d’ici 3 à 5 ans. Nous avons l’intention de doubler le volume de Canada Broker Link, mais aussi de nos affaires en distribution directe », a-t-il conclu.