Un météorologue peut-il songer à faire carrière en assurance ? Oui, car Jonathan Gadoury travaille depuis trois ans à ce titre chez Intact Corporation financière. Le Journal de l’assurance l’a rencontré pour parler de son travail chez un assureur.
En quoi un assureur a-t-il avantage à faire appel aux services d’un météorologue ? « Avec les changements climatiques, on réalise à quel point la nature peut couter cher, bien que le Canada soit moins exposé. Cela dit, le Canada connait aussi son lot de catastrophes, mais moins fortement que d’autres pays. Intact a voulu se donner des munitions face à cela », dit M. Gadoury.
Travail d’analyste
Ainsi, comme météorologue, M. Gadoury peut aider Intact à modéliser des catastrophes. À sa connaissance, il est aussi le seul météorologue à l’emploi d’un assureur au Canada. C’est plus commun aux États-Unis, souligne-t-il.
« Là-bas, plusieurs assureurs ont des spécialistes pour des problématiques précises, comme les tremblements de terre. Je crois toutefois que je ne serai pas le seul pendant encore bien longtemps au Canada », dit-il.
L’avis de M. Gadoury est aussi sollicité dans la conceptualisation des produits. « Nos gestionnaires ont des idées qu’ils croient parfois farfelues. Je les aide à les valider dans le développement de leurs projets. On peut comparer mon rôle à celui d’un analyste. Je travaille aussi de près avec les actuaires au niveau des modèles de tarification dans le but de mitiger les pertes. Je viens mettre de la viande autour de l’os. »
Partenariat avec Ouranos
Il affirme qu’Intact est avant-gardiste en la matière dans son approche, notamment de par son partenariat avec l’organisme de recherche scientifique Ouranos. « On y approfondit nos connaissances. On étudie ce qui se passe avec les changements climatiques, car ceux-ci se passent en ce moment. On ne doit pas attendre que ce soit passé pour aller de l’avant. En tant que météorologue, j’aide Intact à approfondir leurs connaissances en la matière, mais aussi pour aider nos clients à se préparer. C’est l’essence de notre site Web L’Assurance évolue. Je crois qu’on a la bonne approche, car nous sommes proactifs », dit-il.
L’eau : le plus grand danger
Pour le météorologue d’Intact, l’eau représente le plus grand problème qu’amènent les changements climatiques. Une fonte des neiges plus rapide cause ainsi des inondations. Des orages violents causent aussi de courtes crues. Le vent peut aussi causer des dégâts, sans oublier les feux de forêt, dont il juge que le Nord-du-Québec est vulnérable.
« On parle peu de la grêle. On commence à voir des épisodes où des grêlons gros comme des balles de golf tombent. Elle peut rapidement causer des dommages. Les matériaux de construction ne sont pas adaptés à cela. Néanmoins, ce type d’évènements risque de revenir plus souvent », dit M. Gadoury.
Le climat fait en sorte que de nouvelles surprises sont possibles. Des vortex polaires font en sorte que l’Alberta peut maintenant vivre une température de 15 degrés Celsius alors qu’il fait moins 40 degrés Celsius dans le nord du Québec.
Distribution d’énergie
Autre cas : l’augmentation de la température d’un degré Celsius sur la planète créé de l’énergie. Reste à savoir comment celle-ci se redistribue. L’ouragan Ophelia, qui a bifurqué vers les côtes britanniques à l’automne, a laissé M. Gadoury sans voix, d’autant plus qu’il s’agissait d’un ouragan de catégorie 3.
« Il y aura beaucoup de recherches sur ce cas. C’est un nouveau risque pour l’Europe. Les assureurs n’en tenaient pas compte auparavant. »
Autre exemple, alors que les États-Unis réduisaient les restrictions à leur Code du bâtiment cet automne, les Caraïbes ont été ravagées par un important ouragan. « Il ne faut pas baisser sa garde. Les changements climatiques, ça se produit maintenant », dit M. Gadoury.