L’accompagnement par des experts, tels que des ergothérapeutes et des ergonomes, favoriserait la santé et la réadaptation durable du travailleur lorsqu’il retrouve son poste à la suite d’une période d’invalidité prolongée.
C’est l’un des constats auquel sont arrivés des chercheurs de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), qui publient le rapport Retour et maintien durable au travail en contexte de petites et moyennes entreprises.
Peu d’études ont documenté le retour et maintien durable au travail (RMDT) dans les PME qui comptent 499 employés et moins. Pourtant, celles-ci représentent 99,7 % des entreprises au Canada.
Or, indiquent les auteurs du rapport, plusieurs études ont démontré que les personnes travaillant dans les petites ou moyennes entreprises (PME) subissent davantage d’accidents et maladies liées au travail, dont les troubles musculosquelettiques (TMS), que ceux qui travaillent dans les grandes entreprises et le Québec n’y échappe pas.
Lors de cette recherche, ils ont interrogé des employeurs, de professionnels en réadaptation, des représentants de mutuelles de prévention et d’assureurs pour mieux comprendre les besoins, les contraintes ainsi que les leviers potentiels à une meilleure application des principes de RMDT dans les PME.
Les parties ont rapporté des différences dans le processus de RMDT en fonction de la nature (physique, mentale, maladie), de l’origine de la lésion (au travail ou hors travail) et de l’agent qui l’indemnise : Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ou assureur privé.
Assignation temporaire ou retour progressif ?
Parmi les éléments qui pourraient affecter la motivation du travailleur à reprendre son poste, les gestionnaires ont mentionné l’importance qu’il bénéficie d’une prise en charge médicale rapide et le traitement de son dossier d’indemnisation.
Certains ont aussi indiqué que lorsque le travailleur est motivé à retrouver ses tâches et à participer à son processus de RMDT, le contact avec lui est facilité et il aura davantage tendance à respecter ses suivis médicaux
La plupart des gestionnaires interrogés ont souligné l’apport de la mutuelle de prévention comme un levier pour la gestion des dossiers d’invalidité au travail.
Deux modalités spécifiques pour faciliter le processus de retour au travail après une période d’invalidité ont été rapportées durant les discussions :
1) L’assignation temporaire, qui consiste à faire revenir le travailleur sur un autre poste, avec des fonctions respectant ses capacités. Cette pratique est perçue efficace tant du point de vue économique que thérapeutique.
2) Le retour progressif où le travailleur reprend son poste pré lésionnel avec certains accommodements, tels un horaire de travail allégé ou des tâches aménagées. La pénurie de main-d’œuvre semble influencer le recours aux retours progressifs. Un travailleur à son poste avec un très petit nombre d’heures est préférable à une absence complète ou à la perte d’un employé.
L’implication d’un spécialiste en réadaptation
Presque aucun gestionnaire interrogé n’a mentionné le recours à des intervenants externes spécialistes du retour au travail en cas d’assignation temporaire.
Or, disent les auteurs, l’absence de tels spécialistes pourrait mettre le travailleur à risque d’une aggravation de la lésion si les tâches demandées dépassent ses capacités. La présence d’un ergothérapeute permet de s’assurer que le travailleur et son supérieur immédiat comprennent bien les limitations fonctionnelles indiquées par le médecin et leurs conséquences pour l’employé.
Plusieurs intervenants externes ont indiqué qu’idéalement, ce professionnel devrait être impliqué tout au long du processus afin d’adapter les tâches assignées au travailleur avec l’évolution de ses capacités. En étant impliqué en amont, il peut proposer des postes d’assignation temporaire ou des modifications de tâches au médecin qui auraient plus de chance d’être acceptées.
Toutefois, l’apport des professionnels de la réadaptation dans les PME est considéré plus contraignant, surtout sur le plan financier.
« En promouvant un retour au travail plus flexible et soutenu dans les PME, disent les auteurs de l’étude, des pratiques optimisées pourraient améliorer la durabilité du retour au travail pour les employés, réduisant la précarité et les coûts sociaux souvent associés aux absences prolongées. »