La Centrale RCCAQ devrait entrer en fonction dès novembre 2007 en assurance aux particuliers. Son premier objectif : permettre au courtage de regagner des parts de marché au dépend des directs. C’est du moins ce que vise le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ).Hubert Brunet, directeur général du RCCAQ, affirme que le projet avance bien, même s’il accuse un peu de retard. « Je suis agréablement surpris de la participation de tous les assureurs. Ils nous allouent des ressources et c’est un dossier prioritaire pour eux. Il n’y a plus personne qui dit qu’il ne veut pas collaborer au projet. Nous avons prouvé que le projet est technologiquement réalisable. Notre défi est de coordonner tout ça dans un court laps de temps », explique-t-il.

M. Brunet affirme que le projet suscite un grand engouement auprès des courtiers rencontrés par le RCCAQ. « Ils adhèrent à cette solution sans l’avoir vue. On sent qu’il n’y aura pas d’intérêts particuliers qui feront déraper le dossier cette fois-ci. Notre seul but est de relier tous les cabinets de courtage du Québec à tous les assureurs. Des courtiers se sont manifestés pour participer aux tests, quitte même à réduire leur profitabilité. C’est donc très encourageant », mentionne-t-il.

Claude Brosseau, président du RCCAQ, ne cache pas qu’il y a encore des personnes qui doutent du projet. « Il y a beaucoup de questionnement quant au fonctionnement de la Centrale. C’est un dossier qui a été mal piloté par le passé, que ce soit pour le portail ou le rôle à jouer des assureurs. Il faut comprendre que nous arriverons avec une solution que les courtiers connaissent plus ou moins. Jusqu’à maintenant, il y a eu cinq ou six différents groupes qui ont dit arriver avec la solution miracle. Les courtiers ne veulent pas se faire embobiner. Nous sommes uniquement traducteur là-dedans. Nous ne sommes pas là pour tout changer le programme. Ce sont les fournisseurs technologiques qui feront le lien avec les assureurs », rappelle M. Brosseau.

Hubert Brunet croit que la Centrale RCCAQ permettra aux courtiers de regagner des parts de marché. Du fait qu’ils ne seront plus branchés à un seul assureur, M. Brunet affirme qu’ils pourront retourner à la base du courtage, soit vendre des polices d’assurance.

« La Centrale RCCAQ permettrait au réseau d’être plus compétitif. Ce serait particulièrement vrai pour les petits cabinets qui concentrent, car ils auraient accès à un nouvel outil qui leur donnerait plus d’assureurs. Ils pourraient donc transiger de manière très active. AXA et ING n’abandonneront pas leurs efforts de concentration, mais la Centrale les aidera eux aussi. Elle leur permettra d’avoir de nouveaux clients. Si les courtiers vont chercher des parts, tout le monde en profite », soutient-il.

M. Brunet insiste pour dire que le but premier de la Centrale RCCAQ est de permettre aux courtiers de vendre. « Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que les courtiers sont en danger. Le problème majeur des courtiers ce ne sont pas les directs, mais bien le fait que les courtiers ne vendent plus. Le problème, c’est l’absence de développement, l’inertie et l’inhabileté à rentrer de nouveaux clients. »

« Les cabinets qui mettent en place des programmes de sollicitation vont gagner, défend M. Brunet. Le courtier qui demeure assis et ne fait rien va perdre. Les courtiers doivent arrêter de transférer du volume et aller chercher des clients. Les assureurs doivent aussi arrêter de se transférer des volumes. »

Or, la Centrale sera un outil pour vente, selon Hubert Brunet, un outil qu’il faudra exploiter à fond.

Échéancier et coût

Si tout va bien, les tests avec les courtiers devraient démarrer à l’été. Du côté des assureurs, AXA Assurances a commencé les tests en mars dernier. (Voir autre texte.)

« À partir de juin 2007, le projet pilote débuterait pour les courtiers, explique Claude Brosseau. Nous souhaitons commencer par l’automobile pour s’assurer que ça fonctionne. Ensuite, on enchaînerait des essais en habitation en septembre. Nous voulons que la Centrale RCCAQ soit fonctionnelle pour notre congrès de novembre au niveau de l’assurance aux particuliers », explique Claude Brosseau.

L’assurance aux entreprises pourrait suivre pour le début de 2008 lorsque la Centrale aura montré qu’elle est fonctionnelle, avance M. Brosseau. « Nous irons tranquillement, mais sûrement. Les assureurs ont également leurs agendas et on veut les aider en ce sens. »

Le RCCAQ a également préparé une structure de coûts de branchement à la Centrale. Celle-ci prévoit que le coût de base sera de 170 $ par mois par cabinet plus 10 $ par mois par utilisateur. « Ce n’est pas cher. Et c’est conforme à notre énoncé de mission : les courtiers ont décidé de se prendre en main, alors on ne peut pas demander à quelqu’un d’autre de payer pour soi. Si les courtiers ne sont pas capables de payer, on n’a rien a faire là. C’est fondamental. Pour les assureurs, ça leur coûte simplement les frais d’harmonisation à la Centrale », révèle M. Brunet.

D’ici peu, le RCCAQ sollicitera ses membres pour avoir leur appui, sous la forme d’une lettre d’intention d’adhésion à la Centrale. Cet engagement comprendrait une période de rodage et d’utilisation sans frais.