Pour Yves Gagnon, chef de l’exploitation de L’Unique assurances générales, la fusion entre La Capitale, qui possède la compagnie qu’il dirige, et SSQ est une bonne nouvelle pour les courtiers en assurance de dommages.
Ceux-ci ont un adversaire de moins face à eux, a-t-il fait remarquer lors du panel des dirigeants du congrès du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ), tenu en mode virtuel étant donné la pandémie de COVID-19.
« Si on est pertinent pour le courtier, ça aidera notre croissance, a souligné M. Gagnon. Il n’y a pas de raison de changer notre philosophie. La seule chose qui change, c’est que nous sommes la filiale à courtage de la plus grande mutuelle au Canada », a-t-il mentionné, en rappelant que le volume de L’Unique est passé de 60 millions de dollars (M$) à 420 M$ en 15 ans.
Appelé à commenter une autre transaction, soit celle faisant passer RSA dans le giron d’Intact Corporation financière, M. Gagnon a convenu que la situation pouvait inquiéter les courtiers, qui perdent un marché. Il dit y voir une occasion, car si le courtier est satisfait de ce que L’Unique lui offre, il enverra du volume à l’assureur. Il a d’ailleurs révélé signer des ententes de distribution avec 20 à 25 courtiers par année en moyenne.
L’Unique a d’ailleurs analysé le marché québécois du courtage pour évaluer sa portée auprès des courtiers. Sur les 843 cabinets inscrits auprès de l’Autorité des marchés financiers, l’assureur estime que 40 % d’entre eux ne peuvent être partenaires de l’assurance, soit parce que ce sont des coquilles vides ou encore parce que leurs liens d’affaires avec d’autres assureurs ne leur permettent pas.
M. Gagnon estime ainsi à environ 550 le nombre de cabinets avec qui L’Unique peut traiter au Québec. Sur ce nombre, déjà 80 % d’entre eux, soit à peu près 400 cabinets, traitent avec L’Unique. Il a aussi révélé que sa compagnie a rompu les liens avec 3 % d’entre eux, faute de rentabilité.
Il conseille d’ailleurs aux courtiers ayant des résultats de sinistralité difficiles auprès d’un assureur de travailler en amont avec cet assureur pour éviter de perdre leur entente de distribution.
Une solution au marché dur
Côté souscription, il juge problématique que des assureurs se retirent de catégories de risques en assurance des entreprises ou encore qu’ils en réduisent leur niveau de participation. Les autres assureurs qui y demeurent doivent alors relever les leurs.
Il suggère ainsi à ses collègues assureurs de travailler sur les conditions de la police plutôt que de réduire ou de se retirer. Il vaut mieux selon lui privilégier une revalorisation des conditions, même si ça passe par une hausse des primes, affirme M. Gagnon.
Le chef de l’exploitation de L’Unique a aussi révélé affiché une croissance de 20 % de ses unités de polices. En termes de volume, cette proportion est encore plus élevée, dit-il.
« On tente d’élargir notre appétit. On ne veut toutefois pas jouer au yo-yo en entrant dans un marché pour en sortir peu après », a-t-il prévenu les courtiers.
M. Gagnon a par ailleurs admis que L’Unique n’arrive pas à répondre à la demande de soumissions des courtiers à l’heure actuelle. « On veut y répondre plus rapidement et on veut en traiter plus, au fur et à mesure que nous avons les expertises pour le faire », dit-il.
Le chef de l’exploitation de L’Unique a toutefois mentionné que l’analytique avancée permet à l’assureur de faire un meilleur tri des soumissions en assurance des entreprises.
Vu la pandémie de la COVID-19, il croit que des mesures d’atténuation supplémentaires peuvent être offertes aux entreprises de segment en grande difficulté, comme la restauration ou l’hébergement, entre autres, comme le Bureau d’assurance du Canada l’a fait en Ontario.
M. Gagnon a d’ailleurs révélé que L’Unique retournera des ristournes de 20 % aux entreprises de secteurs en difficulté. Le trop-perçu de primes le justifie, a-t-il expliqué. La commission des courtiers ne s’en trouvera pas touchée, a-t-il aussi affirmé.
Comment rendre le courtier plus performant
Pour M. Gagnon, une façon de rendre le courtier plus performant est de le rendre plus autonome. Il souligne que 83 % des nouvelles affaires de l’assureur en assurance automobile s’émettent en souscription automatique.
« On veut que les courtiers puissent faire de même en assurance habitation. On a un projet pour cela. Aussi, à partir de TarifExpert, le courtier pourra compléter l’information du client automatiquement dans nos systèmes. Ça nous a été proposé par OVC Assurance et on travaille avec eux pour cela », a révélé M. Gagnon.
Le chef de l’exploitation de L’Unique dit aussi croire que les courtiers ont un rôle à jouer dans leur développement numérique. Il souligne que des cabinets de courtage qui ont développé des espaces clients qui n’ont rien à envier à ceux des assureurs.
« Ça se fait, ça prend des sous et du jus de bras, mais ça se fait, dit-il. On souhaiterait toutefois qu’il y en ait plus pour servir le consommateur de 2020 comme il le souhaite. »
M. Gagnon dit ainsi ne pas s’attendre à ce que L’Unique développe un espace client. Pourquoi ? Pour protéger le principe que le courtier est au centre de la relation entre le client et l’assureur. Procéder autrement se ferait au détriment de ce principe, dit-il. « Toute l’information doit être centralisée chez le courtier »,a ajouté le chef de l’exploitation de L’Unique.
Il admet néanmoins que si des courtiers continuent de lui demander de développer un espace client, il devra sérieusement y songer. Tâche qui ne sera pas trop complexe à réaliser, dit-il, du fait qu’il n’aurait qu’à prendre celui que La Capitale a développé.
L’assureur a d’ailleurs pour projet en 2021 de permettre aux courtiers de choisir les documents qu’ils veulent déposer dans l’espace client de leur client, a-t-il révélé.