Le marché du cannabis fait de plus en plus partie des préoccupations des compagnies d’assurance canadiennes et américaines. Dans son rapport intitulé Cannabis: New Opportunities for Insurers, But with Burgeoning Risks publié en mars 2019, la société AM Best dresse le portrait de ce secteur en croissance, y compris les risques qui y sont associés.

Le cannabis légal rapporte toujours plus

Peu de compagnies d’assurance offrent une couverture adaptée aux risques engendrés par la légalisation du cannabis. Pourtant, les ventes dans ce secteur continuent de gagner en importance.

Le rapport d’AM Best montre que, aux États-Unis, les ventes de cannabis récréatif et médicinal légal dépassent d’ores et déjà celles d’autres secteurs commerciaux, comme l’industrie du café.

En fait, le revenu annuel de l’industrie américaine du cannabis légal devrait passer de 8,2 à 22,1 milliards de dollars américains entre 2017 et 2022. Quant au revenu annuel du marché illégal, il était estimé à 42 milliards de dollars américains en 2017 et devrait passer sous la barre des 5 millions en 2022.

L’offre des assureurs insuffisante

Les compagnies d’assurance qui décident d’assurer des entreprises du secteur du cannabis proposent, en général, de couvrir la responsabilité civile générale, la responsabilité civile pour dommages matériels et privation de jouissance et la responsabilité civile produits. La plupart offrent un montant de garantie de 1 million de dollars américains par sinistre et un montant global de 2 millions.

Selon AM Best, ces protections peuvent ne pas être suffisantes, car le montant de garantie global ne permet pas de couvrir la totalité des risques. Toutefois, « puisqu’il s’agit d’un marché émergent pour les sociétés d’assurance, les assureurs estiment que leur risque est mieux géré avec leurs limites actuelles », dit le rapport.

Des besoins différents

AM Best dresse la liste des facteurs que les assureurs doivent prendre en compte concernant la légalisation du cannabis, le tout en fonction de quatre types d’assurance :

  1. Habitation : La culture de cannabis à domicile comporte des risques additionnels. En fait, selon la quantité cultivée, il peut être difficile de déterminer si l’habitation est une résidence personnelle ou une propriété à usage commercial. De plus, le système électrique n’est peut-être pas suffisamment puissant pour opérer de manière sécuritaire, augmentant ainsi les risques potentiels.
  2. Biens des entreprises : Les risques sont également importants pour les entreprises et justifient les faibles montants de garantie offerts par les compagnies d’assurance. En fait, le risque d’incendie est plus élevé que pour l’assurance habitation, et les systèmes électriques sont beaucoup plus complexes. Les risques élevés de vol et de vandalisme sont également à prendre en compte.
  3. Automobile : Le nombre de collisions et d’autres accidents de la route augmente lorsque la substance est légalisée dans un État. AM Best rapporte que, depuis 2012, le nombre de demandes de règlement liées aux collisions a augmenté de 12,5 % dans le Colorado, de 9,7 % dans l'État de Washington, et de 0,7 % dans l'Oregon. De plus, les assureurs doivent tenir compte du risque d’exposition au produit lors de son transport.
  4. Accidents du travail : La question du remboursement du cannabis médicinal, lorsqu’il est prescrit par un professionnel de la santé, est évidemment à prendre en compte du côté des assureurs et des entreprises. Le remboursement des médicaments d’ordonnance dérivés du cannabis fait toujours l’objet d’un débat chez les compagnies d’assurance.
Atténuer les risques

D’après la société de recherche, les États ayant légalisé la substance ont pris de nombreuses mesures afin de prévenir les sinistres. En effet, les différentes entreprises du secteur font régulièrement l’objet d’inspections.

Plusieurs mesures, telles que l’installation d’un bouton d’alarme et de caméras de surveillance à l’intérieur et à l’extérieur, permettent de limiter les actes de vol et de vandalisme.

AM Best rapporte que plusieurs assureurs tiennent compte des mesures d’atténuation lors de la souscription.