Des frais de gestion d’investissement élevés pourraient retarder de quatre ans la date du départ à la retraite dans des conditions confortables, révèlent les résultats du Baromètre du degré de préparation à la retraite publiés par Mercer Canada le 24 en février 2022.
Dans son analyse, Mercer constate qu’une personne qui paie le niveau médian de 1,9 % observé dans les frais du marché individuel sera prête à prendre sa retraite vers l’âge de 70 ans. En comparaison, l’analyse révèle qu’un participant qui paie le niveau médian de frais de 0,6 % observé dans les régimes collectifs sera prêt à prendre sa retraite vers l’âge de 66 ans.
De plus, celui qui paie des frais médians de 1,9 % au moment de prendre sa retraite à 65 ans épuisera son épargne cinq années plus tôt que s’il payait des frais médians de 0,6 %.
Le Baromètre définit le moment de la retraite comme l’âge auquel la personne peut décaisser une somme équivalente à 70 % de son revenu annuel préretraite. Cet âge est fixé en présumant que la personne puisse décaisser l’épargne accumulée jusqu’à son décès, avec une probabilité de 75 % qu’elle n’épuise pas son épargne de son vivant. L’analyse tient compte de l’apport des régimes gouvernementaux au revenu de retraite.
Pouvoir de la mise en commun
Selon Mercer Canada, la différence illustre le pouvoir de la mise en commun dont un régime de retraite collectif permet de profiter. Dans son communiqué, Mercer explique que les régimes collectifs peuvent réaliser des économies d’échelle. Cela réduit les coûts pour les participants et leur permet d’obtenir un rendement net plus élevé au fil du temps, ajoute Mercer.
« Un particulier peut prendre toutes les bonnes décisions de placement, mais un régime collectif procure une économie d’échelle inaccessible aux investisseurs individuels », a déclaré dans le communiqué Jillian Kennedy, membre du partenariat et responsable des régimes à cotisations déterminées et du mieux-être financier chez Mercer Canada.
Dans son analyse, Mercer présume que les individus ont investi dans un portefeuille à date cible de type équilibré. Leur taux de cotisation total est présumé être de 12 %, réparti également entre la part de l’employé et celle de l’employeur. Elle porte également sur différents niveaux de cotisation et d’approches d’investissement.
Rempart contre l’inertie
Dans le communiqué de ses résultats, Mercer fait valoir que les frais ne représentent qu’une des variables de la planification à la retraite. « L’individu qui souhaite prendre sa retraite à l’âge de 65 ans doit adopter une approche holistique quant à la préparation à la retraite. Cela peut se traduire par des niveaux de cotisation plus élevés, une stratégie de placement éclairée, une stratégie globale qui inclut l’épargne personnelle et une gestion judicieuse de son épargne une fois à la retraite », peut-on lire.
Alors qu’un investisseur individuel bénéficie habituellement de conseils pour susciter l’action, le participant de régime livré à lui-même risque-t-il de ne pas agir, et ainsi laisser son épargne dans un fonds par défaut peu performant ? Plus maintenant, selon Jean-Philippe Côté, conseiller avoirs, investissements chez Mercer Canada.
Selon les réponses que M. Côté a fournies par courriel à la demande du Portail de l’assurance, il n’est plus vrai que le fonds par défaut d’un régime à cotisations déterminées, d’un REER collectif ou d’un CELI est un fonds à faible rendement. « Autrefois, le fonds par défaut d’un régime collectif était communément un fonds garanti ou un fonds du marché monétaire, mais en 2022, la grande majorité des régimes choisissent un fonds à date cible comme fonds par défaut, c’est-à-dire des fonds bien diversifiés », explique M. Côté.
« Plus la date cible est éloignée, plus le fonds sera investi en actions pour maximiser le rendement. Plus la date cible se rapproche, plus le fonds sera investi en obligations pour chercher à préserver le capital. Cet exercice se fait automatiquement pour l’épargnant », précise le conseiller en avoirs et investissements.
De plus, l’épargnant investi par défaut dans un fonds à date cible verra l’année cible de son fonds automatiquement établie à 65 ans, soit l’âge normal de la retraite, selon M. Côté. « Dans ce cas, nous présumons que l’épargnant est investi dans un fonds adéquat pour l’épargne-retraite. »
Des écueils
Jean-Philippe Côté a évoqué certaines situations dans lesquelles l’employé risque de perdre l’avantage de la mise en commun. C’est par exemple le cas si l’employé ne cotise pas à son régime collectif de retraite. À cet égard, il dit observer souvent que la participation au régime collectif n’est pas obligatoire pour l’employé, surtout lorsqu’il s’agit d’un REER ou d’un CELI collectif.
Le moment de la retraite pourra aussi être chamboulé si un épargnant ne donne pas de directive de placement et que l’employeur ne choisit pas un fonds par défaut adéquat.
La participation de l’employeur au régime jouera aussi un rôle important selon M. Côté. « De plus, lorsque l’employeur ne cotise pas une contrepartie patronale (ou un “match”), nous observons un faible taux de participation au régime. Nous présumons que l’employé n’y voit pas d’avantages », ajoute-t-il.
Frais toujours moindres dans les régimes collectifs ?
Jean-Philippe Côté rappelle que les promoteurs de régimes de retraite collectifs ont entre autres la responsabilité fiduciaire de s’assurer que les frais de gestion soient compétitifs. « Ils doivent régulièrement comparer leurs frais à ceux du marché », signale-t-il.
L’actif jouera également un rôle dans la compétitivité des frais du régime. « Le promoteur de régime peut encourager les participants à consolider leurs actifs ou verser des cotisations volontaires afin d’accroître les actifs sous gestion du régime. Plus les actifs au sein du régime augmentent, plus le pouvoir de négociation devient intéressant », souligne M. Côté.
L’analyse des frais de gestion des comptes individuels repose sur les données du rapport Morningstar Global Investor Experience Study : Fees and Expenses de septembre 2019. Celle des frais des régimes collectifs s’appuie sur les données canadiennes des frais des régimes à cotisations déterminées de Mercer.