La vente de Transamerica Vie est vue positivement par les intermédiaires de marché en assurance de personnes et autres fournisseurs de l’industrie, a constaté le Journal de l’assurance. L’assureur hollandais AEGON a vendu la majorité de ses activités canadiennes, dont ses filiales d’assurance Transamerica Vie et Première du Canada, à la mi-octobre. L’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) les a acquises pour une somme 600 millions de dollars (M$) par l’entremise d’une filiale, le réassureur américain Wilton Re.

Les intermédiaires contactés par le Journal de l’assurance se disent heureux de voir un assureur disposer d’un tel soutien, sachant que Transamerica Vie restera un joueur majeur de l’industrie pour les années à venir.

« Ce n’est pas seulement un groupe qui a acheté une compagnie pour la revendre cinq ans plus tard, souligne Terri Botosan (auparavant DiFlorio), présidente de Hub Financial. Ça semble être un investissement à long terme pour Wilton Re. C’est aussi de cette façon que l’OIRPC fonctionne. On s’attend à ce qu’ils investissent davantage dans le marché canadien de l’assurance de personnes plutôt que de bâtir leur stratégie autour d’une sortie payante dans les prochaines années. »

Jim Virtue, PDG de PPI Solutions, croit que cette transaction est une bonne chose pour les employés de Transamerica, les agents généraux, les conseillers financiers et les consommateurs. Cette transaction maintient Transamerica dans le marché intermédiaire (mid-market), ce qu’il dit voir d’un bon œil.

Meilleur pour la concurence

« C’est bien qu’elle n’ait pas été achetée par l’un des trois grands assureurs du pays, qui l’auraient tout simplement engloutie. Ils continueront d’opérer comme une entité séparée. Ce sera meilleur pour la concurrence », ajoute-t-il.

Transamerica Vie restera intacte après son intégration. Il faut toutefois s’attendre à ce que la compagnie change de nom d’ici les six prochains mois, a fait savoir l’assureur.

BlueSun, une compagnie technologique se spécialisant en services financiers, a récemment complété un projet informatique pour Transamerica. Son PDG, Stewart Wigg, affirme que rien n’a changé dans la relation entre les deux entreprises depuis l’annonce de la transaction.

« Nous travaillons depuis près d’une décennie avec Transamerica sur des occasions de ventes et de distribution. La compagnie a des dirigeants ayant une bonne vision, et qui sont toujours à l’affut de nouveaux projets », dit-il.

Douglas Brooks, PDG de Transamerica, confirme d’ailleurs qu’il y a eu peu de changements au sein de sa compagnie depuis l’annonce de la transaction. Un seul dirigeant a changé de poste pour aller travailler aux États-Unis.

Il ajoute qu’avoir une institution comme l’OIRPC derrière Transamerica montre qu’elle aura un actionnaire de contrôle engagé sur le long terme. « C’est très en lien avec la nature de l’assurance de personnes. C’est un fort alignement », dit-il.

Clientèle semblable


Wilton Re et Transamerica partagent d’ailleurs une clientèle semblable, soit le marché intermédiaire, comprenant des familles avec un revenu annuel pouvant atteindre 200 000 $. M. Brooks préfère toutefois définir ce marché en fonction des solutions qui y sont offertes plutôt que du revenu des gens. Il souligne que les clients de ce marché ont eux aussi besoin d’une couverture de base, sans avoir besoin de produits spécialisés et complexes comme dans le marché des clients à haute valeur.

 

À un moment, Transamerica possédait un large bloc de fonds distincts. Il y a quatre ans, des contrats à échéance ont généré des rachats de 1 milliard de dollars (G$) et de 1 G$ de surévaluation. Quand ses fonds sont venus à échéance, Transamerica a vu son volume de fonds distincts fondre du tiers, dit M. Brooks. La compagnie a aussi développé et implanté un programme de couverture pour bien couvrir ses risques dans ce portfolio. La compagnie n’est plus active dans le marché des fonds distincts, bien qu’il y en ait encore un qu’elle continue à offrir.

Concentration en assurance vie


Son noyau se concentre maintenant sur l’assurance vie, incluant deux offres de vie universelle, ainsi que de l’assurance temporaire et de l’assurance maladies graves.

 

Tana Higman, directrice à la firme de notation Fitch Ratings, souligne que Wilton Re travaille présentement à acquérir des produits d’assurance simples. « Ils ont vu une occasion d’entrer dans le marché canadien, d’autant plus que l’OIRPC est très familier avec celui-ci », dit-elle.

Elle ajoute que le marché canadien en est un très stable et très mature. « Il n’y a pas de compétition irrationnelle. Il y a un potentiel pour Wilton Re d’y retirer des bénéfices très stables », dit-elle.

C’est le premier pas de Wilton Re à l’extérieur des États-Unis. Mme Higman croit que le réassureur pourrait trouver quelque peu difficile d’entrer dans un nouveau marché. « Surtout que le marché canadien est dominé par trois grands joueurs, chacun ayant une large part de marché. Il y a aussi beaucoup d’assureurs américains bataillant pour des parts de marché », dit-elle.