Avec le déploiement de la marque Desjardins Insurance qui remplacera celle de State Farm à l’extérieur du Québec, Guy Cormier a de grandes ambitions en assurance de dommages pour le Mouvement Desjardins.

Le Journal de l’assurance s’est entretenu avec le chef de la direction du Mouvement Desjardins au lendemain de l’annonce, faite le 21 novembre, en compagnie de Denis Dubois, président de Desjardins Groupe d’assurances générales (DGAG).

Ce geste ouvrira la porte pour offrir une multitude de produits via ce que M. Cormier considère être un nouveau réseau de distribution pour Desjardins. Il ajoute que les agents en faisant partie sont prêts et demandent à offrir autre chose que de l’assurance de dommages à leurs clients. Dans le futur, il compte ainsi sur ce réseau pour faire la promotion des produits bancaires de Desjardins, mais aussi ceux de gestion de patrimoine, entre autres. « On veut amener nos spécialités à l’extérieur du Québec. Nous pourrons y avoir une approche multiproduits, de conseil, mais aussi de présence dans la communauté. »

M. Cormier cible trois grands axes de croissance pour le développement du Mouvement Desjardins hors Québec. En premier lieu vient l’assurance de dommages. Suivent ensuite la gestion de patrimoine, puis tout ce qui touche au paiement.

« Moment historique »

Dans un avis envoyé aux médias, M. Cormier a qualifié de « moment historique » le passage du nom de State Farm à Desjardins Insurance. « Au Québec, au fil de ses 117 ans d’histoire, le Mouvement Desjardins s’est doté d’un réseau de plus de 1 000 points de vente, de 300 caisses populaires et d’un actif de plus de 276 milliards de dollars (G$). On y ajoute environ 500 points de vente à l’extérieur du Québec, qui afficheront tous sur leur devanture le nom d’Alphonse Desjardins, du Nouveau-Brunswick à l’Alberta, en passant par l’Ontario. On peut être fier de voir une entreprise québécoise le faire. Je suis convaincu qu’Alphonse Desjardins serait fier de voir sa marque s’étendre à travers le pays. »

Transition humaine

MM. Cormier et Dubois disent avoir eu un bon accueil des agents de State Farm. Ils les ont rencontré en personne pour leur annoncer la transition. Elle s’amorcera officiellement le 1er mai 2018 et sera terminée à la fin de 2019, au terme des cinq ans que le Mouvement Desjardins avait pour utiliser le nom de State Farm au Canada.

« La marque State Farm était très importante pour ces agents. D’autre part, nous avons constaté que le client achetait aussi la relation qu’il développe avec l’agent State Farm, tout comme son implication dans la communauté », dit M. Cormier.

Denis Dubois ajoute que son organisation a transformé ce risque d’intégration en opportunité. « Nous avons misé sur notre capacité de faire cohabiter les deux marques. C’est pour cela que cette transition se fait sur un horizon de 12 à 18 mois. »

Pour M. Cormier, cette intégration plus lente, mais aussi plus humaine, a été la bonne approche. Il souligne qu’entre 90 % et 95 % des agents State Farm sont demeurés avec Desjardins. « Ils ont pu voir la force de nos valeurs. On s’est donné le temps de faire les choses. Les agents l’ont d’ailleurs reconnu. »

Malgré tous les efforts liés à l’intégration, ce réseau affiche une croissance en 2017. Son volume est de 1,7 G$, ce qui est une amélioration par rapport à 2016, mettant ainsi fin à des années de décroissance. En 2011, le volume du réseau de State Farm était de 2,2 G$.

Visées en entreprises

Le Mouvement Desjardins promet aussi une tarification concurrentielle aux agents exclusifs. M. Dubois fait toutefois remarquer que celle-ci reflète les couts de chaque réseau. La concurrence est ainsi plus vive du côté de l’assurance groupe, suivie de la distribution directe, puis du réseau d’agents exclusifs. Il note toutefois que les taux tendent à aller vers une conceptualisation globale.

M. Cormier compte aussi sur son réseau hors Québec pour faire croitre ses affaires en assurance des entreprises. « C’est un élément stratégique de notre développement canadien. Notre leadeurship se fait sentir en assurance automobile et en assurance habitation. Il est toutefois clair que nous avons un intérêt d’introduire des produits en assurance des entreprises. Les agents le veulent. Ils nous ont clairement fait part de leur intérêt à servir plus de besoins. »

Le chef de la direction du mouvement coopératif ajoute que les agents hors Québec amènent un million de clients à Desjardins. « Ces gens ont des besoins au-delà de l’assurance de dommages. C’est une voie d’expansion pour l’ensemble des produits que l’on manufacture. »

M. Cormier a d’ailleurs souligné sa fierté du déploiement de ses activités en assurance de dommages. « C’est l’une de nos filiales qui produit beaucoup d’innovation, tant dans son industrie qu’au sein du Mouvement. On n’a qu’à prendre les services Alerte et Ajusto en exemple. C’est quelque chose qui me rend fier, car tous nos membres en bénéficient. »