Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) travaille à mettre en place un système pour identifier les municipalités à risque face aux changements climatiques. L’organisme veut même organiser des colloques régionaux pour bien mesurer les diverses problématiques partout au pays.C'est ce qu'a révélé Daniel Demers, vice-président et directeur général au Québec du BAC, dans le cadre du Congrès de l'assurance et de l'investissement 2008.

« Nous allons identifier les problèmes des municipalités du Canada en nous basant sur un certain nombre de critères, comme leur population et leur croissance récente. On vérifiera si elles ont un programme d'entretien des égouts, si leur entretien se fait tous les cinq ans et si les réseaux d'égout sont connectés les uns aux autres, ce qui peut provoquer beaucoup de problèmes. On veut mettre en place un système qui informera les municipalités qu'elles sont peut-être à risque. Et là, ça sera aux autorités municipales de prendre action pour corriger la situation », dit-il.

De plus, le BAC propose d'organiser des colloques régionaux d'ici un an ou deux pour identifier les réalités de chaque région. « Les enjeux liés aux changements climatiques ne sont pas les mêmes partout. Au Québec, les lignes d'hydro-électricité ont été touchées par le verglas, mais dans l'Atlantique, c'est l'érosion des berges qui est préoccupante. Dans l'Ouest, le changement climatique veut dire sécheresse », explique-t-il.

Coût des couvertures

Il ajoute que les problèmes que peuvent amener les changements climatiques vont affecter le coût des couvertures d'assurance.

« Plus il y aura de dommages, plus il y aura de hausses. Ce n'est pas la bonne solution de dire "on met tout dans des hausses de tarifs". Il ne faut pas essayer d'éviter le problème. En faisant cela, on créerait un problème plus grave : l'assurance pourrait devenir très difficile à obtenir. Ça se voit aux États-Unis avec les ouragans qui frappent la Floride », dit-il.

Vieilles infrastructures

Les changements climatiques amènent aussi des problèmes au niveau des infrastructures, dit M. Demers. « En plus d'être vieilles, nos infrastructures ne sont plus adaptées aux risques d'aujourd'hui. Elles n'ont pas été construites selon les normes sévères d'aujourd'hui. À titre d'exemple, Hydro-Québec a refait les lignes de transmission à la suite du verglas de 1998. Les modèles antérieurs exigeaient de supporter 20 millimètres. Les nouvelles normes sont de 60 millimètres, mais le verglas de 1998 avait 71 millimètres d'épaisseur. Ça ne marche pas », dit-il.

Simplement tenter de prévoir le pire ne suffit plus, selon M. Demers. Il faut penser aux façons de gérer les lendemains de catastrophes.

« Lors du verglas, personne n'avait pensé qu'il pouvait en tomber autant à la fois et que ça cause autant de dommages, que ce soit aux lignes de haute tension électriques ou pour l'infiltration d'eau. On essayait de prévoir le pire, soit un tremblement de terre. Finalement, on a eu du verglas au Québec, des tempêtes de pluie à Toronto, des inondations au Saguenay et des dégâts d'eau à Peterborough. À Edmonton, ils ont eu des tempêtes de grêle fondante. Ça fait refouler les égouts. Ce sont des choses jamais vues. Il faut les gérer, sinon ça va coûter plus cher à tout le monde », dit-il.

Changer les normes

M. Demers affirme qu'il est temps de changer les normes de construction et de reconstruire différemment. « Nos infrastructures sont vieillissantes. Elles ont une moyenne d'âge de 18 ans, ce qui est 63 % de leur vie utile. » Selon lui, on doit changer de mentalité quant aux égouts : ils doivent être entretenus, pas juste réparés et changés régulièrement, dit-il.

En plus de sensibiliser les divers paliers de gouvernement au problème des changements climatiques, il faut travailler à sensibiliser la population selon M. Demers.

« C'est important que les gens comprennent que les normes de construction et que le Code du bâtiment doivent changer. Il faut qu'ils réfléchissent sur la façon d'aménager leur terrain. On n'a qu'à penser aux maisons avec un dallage. S'il est incliné vers le solage, l'eau tombe du toit et ramène l'eau vers la maison. On peut aussi penser aux garages qui ont des absorbeurs d'eau dans une cour inclinée vers le bas. Lors du verglas, ces cours étaient toutes à moitié inondées », rappelle-t-il.

Le BAC a identifié des moyens que les propriétaires de résidences peuvent appliquer pour contrer certains impacts du changement climatique. On y retrouve, entre autres, l'installation d'un clapet pour empêcher le refoulement d'égout, éviter d'asphalter complètement ou de bétonner sa cour pour permettre à l'eau d'être absorbé par le sol et d'utiliser un baril d'eau pluviale récupérant l'eau de pluie.