Un nouveau rapport de HEC Montréal dresse un portrait des revenus de retraite des 20 dernières années et propose une analyse des perspectives à cet égard dans le cadre du système actuel. Malgré un discours public qui suggère le contraire, l’étude conclut que les aînés canadiens s’en tirent bien et que le régime de revenu de retraite du Canada a atteint ses objectifs, tant en matière de remplacement du revenu que de réduction de la pauvreté.
« Sans minimiser ni ignorer les difficultés vécues par certains, cette conclusion pourra en surprendre plusieurs. Elle contraste certainement avec un certain discours public faisant état de difficultés financières généralisées chez les aînés », écrivent les auteurs. « Comprendre comment de telles perceptions émergent et dans quelle mesure nos outils de mesure du bien-être économique peuvent fausser notre lecture de ces enjeux devrait constituer une priorité de recherche. »
Intitulée Retirement Incomes in Canada: Past, Present and Future, l’étude analyse deux décennies de revenus à la retraite entre 2002 et 2022, tout en explorant les trajectoires probables des revenus de retraite pour les prochaines décennies. Ses auteurs sont David Boisclair, Xavier Dufour-Simard et Pierre-Carl Michaud.
Les chercheurs indiquent cependant que d’ici 10 à 20 ans, certains enjeux et conditions présents aujourd’hui ne feront que s’aggraver, accentuant ainsi une baisse prévue des taux moyens de remplacement du revenu.
Les auteurs constatent que les taux de remplacement sont en moyenne élevés, soit entre 80 % et 90 %, les revenus de retraite ayant augmenté lentement, mais régulièrement sur la période, en dollars constants. Bien que les revenus moyens aient généralement connu une croissance stable à travers les différentes cohortes, leur composition a toutefois évolué au fil des ans.
Hausse des sources personnelles de revenus
« La part du revenu de préretraite remplacée par les régimes publics est en déclin », écrivent les auteurs. « Elle est passée de 31 % du revenu total de préretraite en 2002 à 27 % en 2022. On observe une tendance similaire pour les régimes de retraite privés, de 27 % à 21 %. »
Combinés, les revenus de retraite publics et privés représentaient 58 % du revenu de préretraite en 2002, contre seulement 48 % en 2022. Ce sont désormais les sources personnelles de revenus (emploi, dividendes et épargne enregistrée) qui comblent la différence.
L’étude examine également la lutte contre la pauvreté, le bilan financier des aînés, la structure actuelle du régime de retraite canadien ainsi que les priorités de recherche futures.
À moyen terme, bien que le système continue de produire de bons résultats, les auteurs estiment qu’il commencera à montrer des signes de faiblesse.
« Le Canada a besoin d’un examen global à long terme de son système fragmenté qui — par chance ? — a bien fonctionné au cours des dernières décennies, mais qui semble voué à décevoir une large part de la population d’ici plus de 20 ans », indiquent-ils.