Le nombre de cas de cancers diagnostiqués au Canada est en forte progression depuis dix ans selon des données toutes récentes. En 2012, environ 193 000 personnes au pays avaient reçu cette mauvaise nouvelle. Elles seront 233 900 en 2022, soit près de 41 000 de plus, prévoit la Société canadienne du cancer (SCC). Même si le taux de mortalité a baissé de 37 % chez les hommes et de 22 % chez les femmes entre 1988 et 2021, cette année, pas moins de 85 100 Canadiens devraient en mourir. Au Québec comme dans le reste du Canada, le cancer est à l’origine de près du tiers des décès annuels. 

Dans son plus récent rapport rendu public le 30 novembre, la SCC évalue que le nombre de Canadiens atteints d’un cancer dépasse maintenant 1,5 million de personnes. C’est 500 000 de plus qu’il y a dix ans. Si la survie est en hausse, ce chiffre de 1,5 million de personnes atteintes suscite des préoccupations. 

« Les délais de dépistage, de détection et de diagnostic auront des répercussions sur les Canadiens et les Canadiennes pendant des années; ainsi, le système de santé devra faire face à une augmentation des diagnostics de cancer maintenant que les services de dépistage ont repris, dont un grand nombre pourrait être détecté à un stade avancé. Cette augmentation des cas de cancer à un stade avancé peut avoir des incidences sur la mortalité et la survie », écrit la SCC. 

Pour diverses raisons, mauvaises habitudes de vie, tabac, alimentation, environnement de travail, obésité et surpoids, plus grande longévité, le cancer est une maladie en progression en dépit des progrès de la médecine. Selon la SCC, deux Canadiens sur cinq recevront un diagnostic de cancer durant leur vie. La maladie frappe légèrement plus les hommes, 44 %, que les femmes, 43 %, et ils seront plus nombreux à en mourir : 26 % contre 22 % pour les dames.

Pour aggraver la situation, les médecins s’attendent à ce que de nombreux cas qui n’avaient pas été détectés durant la pandémie en raison de la diminution des examens dans les hôpitaux soient découverts à un stade avancé, donc plus difficiles à traiter. Cela risque d’accroître encore plus la pression sur le système de santé dans le futur et augmenter le taux de mortalité liée à la maladie. On estime qu’entre 2015 et 2030, le nombre de nouveaux cas de cancer augmentera d’environ 40 %. 

Les principaux cancers 

Au Ier janvier 2018, les trois principaux cancers diagnostiqués au pays étaient dans l’ordre : sein (19,4 %) ; prostate (17,8 %) ; colorectal (11,3 %). À trois, ils représentaient 48,5 % de tous les cas. Les autres diagnostics plus fréquents étaient le mélanome de la peau (5,5 %), la thyroïde (5,0 %), la vessie (4,6 %), le lymphome non hodgkinien (4,5 %), l’utérus (4,4 %) et le poumon (4,1 %), l’un des plus mortels avec le cancer du pancréas.

Le Canada fait légèrement mieux que d’autres pays : au Ier janvier 2018, 5 % de la population des États-Unis vivait avec un cancer et l’Australie, 4,9 %. Au Canada, ce chiffre était de 4,2 %. Notons que les cas diagnostiqués au Québec depuis 2011 n’ont pas été soumis au Registre canadien du cancer. Toutefois, les auteurs de l’étude de la SCC ont appliqué des proportions pour le Québec en se fondant sur le reste de la population canadienne. 

Amélioration de l’espérance de vie  

L’espérance de vie des gens atteints de cancer s’est grandement améliorée au fil des décennies. Dans les années 40, elle était d’environ 25 %. Dans les années 90, elle avait grimpé à 55 %. Elle se situe aujourd’hui à 64 %, tous types de cancers combinés. La survie après cinq ans est très élevée pour la prostate (91 %) et le sein (89 %), mais demeure très faible pour le poumon (22 %).

Beaucoup de gens qui ont développé un cancer y survivent jusqu’à 25 ans après le diagnostic. Vaincre un cancer ne veut toutefois pas dire retrouver la pleine santé. Beaucoup de patients en conserveront des séquelles, notamment des douleurs chroniques et des incapacités. Le cancer, soulignent les auteurs du Rapport, nécessite parfois un traitement de longue durée, voire à vie. 

Des statistiques éloquentes pour 2022 

La SCC prévoit que pour l’année 2022 seulement : 

  • Chaque jour en moyenne, 641 Canadiens auront appris qu’ils étaient atteints d’un cancer
  • En moyenne, 233 personnes au pays en mourront chaque jour 
  • 112 800 femmes recevront un diagnostic de cancer et 40 000 vont en mourir 
  • 121 100 hommes vont apprendre qu’ils sont atteints d’un cancer et 45 100 en décéderont 
Cancers de nature professionnelle 

Une étude financée par la SCC a été menée sur les cancers d’origine professionnelle. L’exposition à des substances au travail serait à l’origine d’environ 10 000 cas à travers le Canada. Les substances principales sont :

  • Le rayonnement solaire (4 600 cas de cancer de la peau) 
  • L’amiante : elle provoquerait 1 900 cas de cancer du poumon, 430 cas de mésothéliome, 45 cas de cancer du larynx et 15 cas de cancer de l’ovaire ; 
  • Le gaz d’échappement des moteurs diesels : ces gaz entraîneraient chaque année 560 cas de cancers du poumon et 200 cas de cancer de la vessie ;
  • La silice cristalline : 570 travailleurs en contact avec ce minerai développeraient un cancer du poumon ; 
Disparités provinciales 

Dans un son rapport publié un peu plus tôt en 2022, le Conference Board du Canada s’est surtout intéressé aux disparités interprovinciales. Les taux de mortalité par cancer, y indique-t-il, sont plus faibles dans l’Ouest et en Ontario et plus élevés au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Toutefois, les ratios mortalité/incidence (RMI) sont plus faibles au Québec, en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique qu’en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan, ce qui indique de meilleurs résultats en matière de mortalité.

L’Ontario affiche le RMI provincial le plus bas, soit 0,32. Pour chaque groupe de 100 personnes qui reçoivent un diagnostic de cancer en Ontario, 32 en mourront. Le RMI national se situe à 0,36. Un tableau qui figure dans ce rapport montre que le taux de mortalité selon l’âge par type de tumeur s’élève à 61,4 % pour le cancer du poumon au Québec ; c’est le taux le plus élevé au pays, loin devant l’Ontario (43,2 %). Mais dans l’ensemble, le Québec et les provinces de l’Atlantique, qui présentent les taux de mortalité par cancer les plus élevés, affichent la meilleure performance lorsqu’ils sont évalués à l’aide des RMI, ce qui signifie une meilleure survie par rapport aux autres provinces.

La plupart des provinces, dit encore le rapport du Conference Board, couvrent entre 85 % et 92 % des médicaments contre le cancer inscrits sur leur régime.